Un étouffe-chrétien optique !
Le 25 janvier 2012
L’équivalent d’un roman de gare cinématographique. Une bagatelle doucereuse dont on sort l’estomac retourné.
- Réalisateur : Jean-Marc Vallée
- Acteurs : Vanessa Paradis, Kevin Parent, Hélène Florent
- Genre : Drame
- Nationalité : Français, Canadien
- Durée : 2h00mn
- Titre original : Café de Flore
- Date de sortie : 25 janvier 2012
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L’équivalent d’un roman de gare cinématographique. Une bagatelle doucereuse dont on sort l’estomac retourné.
L’argument : Il n’est pas facile de dire adieu à ceux qu’on aime ; pour y parvenir, il faut parfois toute une vie - ou deux. Entre le Paris des années 1960 et le Montréal d’aujourd’hui se déploie une vaste histoire d’amour à la fois sombre et lumineuse, troublante et malgré tout pleine d’espoir. Café de Flore raconte les destins croisés de Jacqueline une jeune parisienne mère d’un enfant unique, d’Antoine un DJ montréalais ainsi que des femmes qui l’entourent. Ce qui les relie : l’amour, troublant, maladroit, imparfait et inachevé… humain.
Notre avis : Café de Flore ; titre pompeux s’il en est ! Arborant tel un coquet étendard le nom du célèbre café germanopratin où se réunissaient écrivains et intellectuels des années 30, le long-métrage s’est de plus arrogé Vanessa Paradis (Atomik Circus, L’arnacœur) en guise d’actrice principale. De ce simple constat, la nature de l’oeuvre cinématographique commence subrepticement à poindre. Si Café de Flore se révèle moins prétentieux que Le fabuleux destin d’Amélie Poulain, il n’en est pas moins tout aussi niais.
Le réalisateur du remarqué C.R.A.Z.Y, Jean-Marc Vallée, s’engage avec son dernier long-métrage sur la pente glissante du mauvais goût. Café de Flore est moins une réalisation stylisée qu’une accumulation d’effets visuels au maniérisme publicitaire. Accentuée par un montage bouillonnant, la recherche désespérée de l’esthétisme du cinéaste québécois devient rapidement grotesque. A l’instar de Mr. Nobody, le film se veut long clip musical aux prétentions artistiques. L’exercice de style échoue sans aucun doute à cet égard. La surenchère de séquences ralenties, de flous grossiers ou encore de longueurs conceptuelles a vite fait de transformer ce qui aurait pu être la sublimation de quotidiens en une pâtisserie visuelle indigeste. Toute la partie située dans les années soixante est un exemple criant de ce plantage optique. L’image bien trop saturée, le grain abusivement graphique, l’atténuation excessive des couleurs font de ces séquences un produit racoleur et commercial.
Si l’unique faiblesse du long-métrage résidait dans le sur-esthétisme de sa réalisation, Café de Flore aurait pu mériter l’indulgence d’un oeil averti. Mais la double intrigue du scénario impliquant deux histoires analogues à quarante ans d’intervalle est tellement vaine qu’elle en devient risible. Le réseau absurde de supposés liens censé justifier le spiritualisme latent de l’oeuvre ne parvient à rien de moins qu’à discréditer le sens même de son propos.
Semblable à Au-delà de par son mysticisme, Café de Flore balaie tout résidu de subtilité de ce nébuleux sujet pour finalement se perdre dans les méandres de la contemplation. La vision véhiculée par le film des trisomiques est d’une vulgarité sans normes, et la relation trouble de la mère avec son enfant apparaît presque dérangeante. Tout le récit ne semble par ailleurs avoir pour unique but que d’expliquer l’échec d’une liaison sentimentale faussement révélatrice.
Outre son analyse fruste portant sur la longévité de l’amour, Jean-Marc Vallée réussit néanmoins à dépeindre les relations humaines avec une inclinaison presque tendre, et en cela Café de Flore se trouve un point commun avec C.R.A.Z.Y. La partie québécoise du film apporte consistance et rythme à l’histoire, et emporte finalement l’intérêt du spectateur.
L’ indéniable atout de Café de Flore est toutefois sa bande son. Si la surcharge d’effets sonores est égale à celle subie visuellement, le choix irréprochable de chaque piste fait tout le charme du long-métrage. Entre Pink Floyd, Sigur Rós et Nine Inch Nails, la puissance de la musique et l’impact de son sens est éloquente. Le spectateur sort finalement de la projection du film dégouté de toute saveur sirupeuse, avec vaguement dans l’idée de ressortir les vinyles de classiques indémodables. Une réalisation bien trop ambitieuse pour un résultat surfait.
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