La force de Coriolis
Le 29 septembre 2014
A la lumière de chairs ruisselantes, là où les corps convulsent au rythme de l’effort, Roschdy Zem filme les ahans d’hommes luttant contre leur propre déliquescence.


- Réalisateur : Roschdy Zem
- Acteurs : Marina Foïs, Vincent Rottiers
- Genre : Comédie dramatique
- Nationalité : Français
- Titre original : 1h44mn
- Date de sortie : 1er octobre 2014

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A la lumière de chairs ruisselantes, là où les corps convulsent au rythme de l’effort, Roschdy Zem filme les ahans d’hommes luttant contre leur propre déliquescence.
L’argument : À Lyon, Antoine, vingt ans, s’est mis à dos une bande de petites frappes à qui il doit de l’argent. Fatigués de ses trafics en tous genres, sa mère et son grand frère décident de l’envoyer à Saint-Etienne chez son père, Vincent, qu’il n’a pas revu depuis plusieurs années. À son arrivée, Antoine découvre que Vincent tient une salle de musculation, qu’il s’est mis au culturisme et qu’il se prépare intensivement pour un concours de bodybuilding. Les retrouvailles entre le père et le fils, que tout oppose, sont difficiles et tendues. Vincent va tout de même accepter qu’Antoine travaille pour lui afin de l’aider à se sortir du pétrin dans lequel il s’est mis. De son côté, Antoine va progressivement apprendre à découvrir et respecter la vie que son père a choisie.
Notre avis : Fervent défenseur de minorités opprimées, le cinéaste Roschdy Zem assouvit ses envies de liberté caméra au poing. Après la chronique d’un couple victime de l’intolérance (Mauvaise foi) et le thriller sur l’affaire Omar Raddad (Omar m’a tuer), il met en scène les singularités propres au monde du bodybuilding.
© Julian Torres / Mars Distribution
Avec Bodybuilder, le réalisateur s’aventure dans l’univers méconnu du culturisme. A travers la narration de filiations brisées, il explore amoureusement les sinuations sanguines et les ruissellements sudatoires de ces nouveaux hercules. Si les retrouvailles entre un père et son fils ne servent que de prétexte à l’exposition de muscles bandés et yeux révulsés, le long-métrage s’abîme avec complaisance dans la vase de clichés à la française.
© Julian Torres / Mars Distribution
De la beauté de ces organismes écorchés à l’extrême, le long-métrage n’effleure pourtant que la surface. Au lieu de s’abandonner à l’attrait sordide de la souffrance sado-masochiste, Bodybuilder fait mine de s’intéresser dans le même temps à d’autres sujets bien plus conventionnels. Rompu à l’exercice dramatique, Roschdy Zem s’oublie trop facilement dans les travers caractéristiques des films de cet acabit. Ainsi, si l’épure des cadrages et la puissance des interprètes font la qualité de la mise en scène, la faiblesse de l’écriture en diminue considérablement l’impact.
On ne demande pas mieux que de se lancer à corps perdu dans les circuits labyrinthiques du culturisme... Encore faudrait-il que le fil d’Ariane que l’on nous abandonne ne nous force pas à revenir sur nos pas.