Le 7 février 2016
« Côte Ouest, la vie passe pleine de songes et d’illusions. Côte Ouest, tes palaces n’abritent que mensonges et passions. »
- Réalisateur : Woody Allen
- Acteurs : Cate Blanchett, Alec Baldwin, Peter Sarsgaard, Sally Hawkins, Michael Stuhlbarg, Bobby Cannavale, Louis C.K., Andrew Dice Clay, Tammy Blanchard
- Genre : Comédie dramatique
- Nationalité : Américain
- Distributeur : Mars Distribution
- Durée : 1h38mn
- Titre original : Blue Jasmine
- Date de sortie : 25 septembre 2013
Résumé : Alors qu’elle voit sa vie voler en éclat et son mariage avec Hal, un homme d’affaires fortuné, battre sérieusement de l’aile, Jasmine quitte son New York raffiné et mondain pour San Francisco et s’installe dans le modeste appartement de sa sœur Ginger afin de remettre de l’ordre dans sa vie.
Critique : Après avoir passablement maltraité sa réputation en Europe (si l’on excepte un duo de fulgurances anglo-catalanes), le très vénérable Woody Allen pose donc ses valises sur le flanc pacifique de sa terre natale – qu’il a longtemps et publiquement détesté – sans pour autant y reprendre contact avec le monde. Globalement vaine, approximative et caricaturale, sa comédie de mœurs porte en elle tous les stigmates d’une fin de carrière dont les idées peinent à suivre un rythme inchangé. Oui Woody, nous te savons prolixe, mais te voilà arrivé à l’âge des best of, et certainement pas des singles à la chaîne.
Blue Jasmine, donc, porté par ses acteurs (mention spéciale à la très mal servie Sally Hawkins, dont le brio en sourdine éclipse le surjeu chronique de Blanchett), fait entendre dès ses premières séquences un moteur névrotique dont la douce musique aurait certainement pu nous bercer jusqu’au générique de fin, s’il n’avait pas été le seul et unique recours d’Allen pour donner un peu de chair à l’objet. Autruche alcoolique longtemps entretenue –jusque dans ses illusions– par un brillant escroc (Alec Baldwin, qui jouait aussi dans Côte Ouest), Jasmine sème, entre deux soliloques, trois crises de larmes et quarante gros plans, les graines affectées d’un beau personnage de cinéma, véritable plante grimpante soudainement privée de tuteur, mais persuadée d’appartenir de droit divin aux plus hautes sphères de son écosystème. On se dit alors qu’Allen – obsédé par sa protagoniste comme un entomologiste par ses blattes – a eu la chic idée de filmer les autres victimes de la crise, et se trouve à quelques plans d’un conte bouillant sur la tectonique des classes. « Côte Ouest, entre le calme et l’orage les drames sont des volcans. »
Seulement voilà, si le génie du Bronx prend un (très) malin plaisir à détailler progressivement le passé de Jasmine, dévoiler les raisons de sa chute et questionner sa part de responsabilité avec une lucidité polaire qui nous rappelle ses heures de gloire, l’ex-Mister Manhattan réduit ses personnages secondaires à l’état de monolithes à peine fonctionnels, maintenus en vie par leurs sous-intrigues annexes, et passant de la bêtise sereine ou de la compassion imbécile à l’étonnante clairvoyance en fonction des besoins d’un scénario hagard et mal tenu. Au mieux mesquin, au pire sévèrement gâté, l’humour du film ne sauve rien, mais branle dangereusement sur son axe central (le contraste entre la grande bourgeoise et les prolos bas du front), et se vautre ça et là dans un comique de boulevard qui poussera les fanatiques d’Allen à baisser le regard, comme on détourne les yeux d’un accident. Mais tout est une question de point de vue ; si le film méprise sciemment sa toile de fond pour mieux souligner l’aveuglement volontaire et la claustration mentale de son personnage, alors Blue Jasmine évolue quelques coudées au-dessus de la concurrence. Si ce n’est pas le cas, il s’agit tout simplement d’un film raté. Et vous savez ce qu’on en pense.
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Fravee-Peebi 25 septembre 2013
Blue Jasmine - la critique du film
Derrière ce concert de louanges que nous donne à jouer l’ensemble de la presse, je tenais à vous dire que je suis entièrement d’accord avec votre critique malgré un style qui ne me sied guère. Allen, auteur, acteur et cinéaste d’une grande intelligence, choisit ici la facilité et la caricature. Quel dommage.
Merci également d’évoquer Sally Hawkins, actrice divine.
shamantao 1er octobre 2013
Blue Jasmine - la critique du film
Assez d’accord avec vous dans l’ensemble. Je me suis ennuyé ferme au bout de 10 minutes de film.
Aucune originalité, ni dans une histoire à laquelle on ne s’intéresse pas, ni dans ce personnage auquel on ne s’identifie à aucun moment. Franchement rien ne ressort ni compassion, ni morale, même pas un rictus.
Aucun autre personnage secondaire pour rattraper cette gène qui s’installe peu à peu lors des 8 heures de sommeil de ce long long métrage.
Dommage parce que les acteurs sont tous excellents.
Laurence Seguy 19 juin 2019
Blue Jasmine - la critique du film
Un woody Allen en petite forme... Le film est, disons tout net "chiant". Les clichés s’enchainent. On ne retrouve pas la patte mordante de Woody Allen et pourtant le sujet s’y prêtait largement.
Bref, oublions ce petit écart filmographique ;)