Envole-moi
Le 3 juillet 2023
Scorsese oublie son imagerie récurrente et livre une œuvre virtuose. Le DVD est au diapason.
- Réalisateur : Martin Scorsese
- Acteurs : Cate Blanchett, Leonardo DiCaprio, Jude Law, Alec Baldwin, Danny Huston, Ian Holm , John C. Reilly, Kate Beckinsale, Alan Alda, Adam Scott, Edward Herrmann
- Genre : Drame, Biopic, Historique
- Nationalité : Américain
- Distributeur : TFM Distribution
- Editeur vidéo : TF1 Vidéo
- Durée : 2h45mn
- Date télé : 24 septembre 2024 21:44
- Chaîne : Ciné+ Premier
- Box-office : 1 783 958 entrées France / 456 264 entrées Paris Périphérie / 102.610.330 $ (recettes USA)
- Titre original : The Aviator
- Date de sortie : 26 janvier 2005
Résumé : Près de vingt ans de la vie tumultueuse de Howard Hughes, industriel, milliardaire, casse-cou, pionnier de l’aviation civile, inventeur, producteur, réalisateur, directeur de studio et séducteur insatiable. Cet excentrique et flamboyant aventurier devint un leader de l’industrie aéronautique en même temps qu’une figure mythique, auréolée de glamour et de mystère.
Critique : Pour la seconde fois de sa carrière, Martin Scorsese, l’un des plus grands cinéastes actuels - si ce n’est le plus grand -, nous fait du Spielberg. Aviator, son nouveau film, est à inscrire dans la catégorie de ses œuvres les plus singulières, là où l’espace d’un instant le réalisateur oublie son imagerie récurrente (bas-fonds new-yorkais, violence, mafia) et ses personnages torturés (Travis Bickle, Jake La Motta, Franck Pierce et autres Sam Rothstein) pour se tourner vers un genre plus accessible (ici, la biographie). Dans sa carrière, on a connu ce même cas de figure avec New York, New York et Kundun mais le cinéaste s’intéresse plus précisément sur cet Aviator aux effets spéciaux.
- © 2004 Miramax Tous droits réservés.
En premier plan, le producteur Howard Hughes (Leonardo DiCaprio, impeccable), un milliardaire polyvalent et complexe qui a marqué tous les genres qu’il a côtoyés. En se focalisant dans un premier temps sur le milieu du cinéma et dans un second sur celui de l’aviation (quand les deux ne se croisent pas sur le tournage de Seuls les anges ont des ailes / Hell’s Angels de Howard Hawks), Scorsese édifie un film imparfait par essence parce que binaire. Le maître tente de concilier ces deux blocs bien distincts (trop pour un même film) en agrémentant son intrigue d’une plongée dans les meurtrissures de Hughes, homme traumatisé par d’étranges démons intérieurs, des réminiscences louches et des troubles obsessionnels compulsifs qui se manifestent par la maniaquerie, la paranoïa, l’obsession pour la propreté ou la répétition de phrases.
Scorsese excelle dans la peinture de l’âge d’or hollywoodien (la première rencontre entre Hughes et Mayer, les tournages de films...) et sur celle des relations de Hughes avec notamment Katharine Hepburn (hilarante scène de déjeuner familiale avec, dans le rôle de la mère, Frances Conroy, découverte dans l’excellente série Six feet under). Sa virtuosité formelle n’est plus à démontrer et s’exprime ici à des degrés divers et impressionnants (un crash aérien incroyablement réaliste ou un tournage dans les airs où Hughes filme parmi les hydravions).
- © 2004 Miramax Tous droits réservés.
Seulement voilà, si l’ensemble (qui ne rechigne pas à faire dans le spectaculaire) atteint des sommets pendant les deux délicieuses premières heures - si on les prend à part, le film frôle la perfection -, la suite s’enlise dans une volonté d’exhaustivité qui provoque l’inverse de l’effet recherché. Ces légères failles sont accentuées par une interprétation assez inégale (Kate Beckinsale, désincarnée et mauvaise qui ne fait pas le poids face à Cate Blanchett, simplement magnifique) et surtout une longue scène de procès finale, convenue et pénible. Ces débordements regrettables ne gâchent pas l’excellente tenue de ce film dont l’unique gros défaut serait finalement de ne pas porter la marque de son auteur.
- © 2004 Miramax Tous droits réservés.
Le(s) supplément(s) à ne pas rater :
A l’instar de Gangs of New York, le dernier film de Martin Scorsese est disponible en trois versions : la simple (la nôtre), la double collector (pleins de bonus sur Howard Hugues, les TOC, les coulisses du tournage, etc.) et une édition limitée (packaging de luxe) pour les fans irrécupérables.
La nôtre donc, outre le film, propose seulement en guise de bonus le commentaire audio du réalisateur, enregistré en compagnie entre autres de Michael Mann (Collateral, Heat), ici producteur à la discrète participation.
Les étudiants en cinéma peuvent sortir leur cahier et leur crayon car la leçon du maître s’avère passionnante. Pendant l’intégralité du commentaire, Martin Scorsese, avec cette verve qui le caractérise tant, analyse, argumente, explique, raconte, se penche sur ses choix artistiques, des anecdotes historiques, sa volonté de cinéaste. Jamais rébarbatif, cet exercice de style nous apprend des tonnes d’informations et nous communique la passion de Scorsese. En aucun cas, la durée excessive (2h45 tout de même) ne se rappelle à notre bon souvenir ; on en redemanderait presque.
Image & son :
Une image belle à couper le souffle grâce à un sens du détail exceptionnel. L’élégance due à la dominante des couleurs bleutées parfaitement retranscrite est identique à l’impression laissée en salle : l’image est léchée à souhait, d’une séduction irrésistible à l’image du personnage principal.
Comment transformer son salon en aérodrome ? Insérer tout simplement la galette d’Aviator... Les scènes de vol vous laisseront collés sur le plancher des vaches tant les effets sonores profitent de tous les canaux du 5.1.
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alinea 2 mars 2007
Aviator - Martin Scorsese - critique
Scorcese est un génie, ok, mais malgré les grands renforts d’effets spéciaux (le crash de l’avion est criant de vérité !) j’ai trouvé que le film voulait trop en dire. C’est long et je ne suis pas arrivée à m’attacher au personnage pourtant complexe dans ses névroses. Cette "biographie" est too much et on s’y perd facilement...
Mykelti BuBba 2 août 2009
Aviator - Martin Scorsese - critique
"The aviator" repose essentiellement sur les épaules de Leonardo DiCaprio. L’acteur états-unien interprète ici un homme richissime, mégalomane, séducteur, atteint de troubles mentaux. C’était un pari difficile à tenir mais il s’en sort très bien. Aussi, la pléiade d’acteurs à ses côtés est plutôt convaincante. La bande-originale, de Howard Shore, et la mise en scène - l’utilisation du Cinemascope par exemple - cherchent à rendre ce film biographique spectaculaire. Même si le tout semble un brin artificiel, "The aviator" fait tout de même forte impression.