Les noces silencieuses
Le 18 février 2009
Ce refus de se cantonner à un seul registre, une seule sonorité, une seule couleur, a pour résultat de décupler les émotions, rendant plus poignante encore la résistance des villageois.
- Réalisateur : Horatiu Malaele
- Acteurs : Alexandru Potocean, Meda Andrea Victor
- Genre : Drame
- Nationalité : Roumain
- Date de sortie : 18 février 2009
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– Durée : 1h27mn
Ce refus de se cantonner à un seul registre, une seule sonorité, une seule couleur, a pour résultat de décupler les émotions, rendant plus poignante encore la résistance des villageois.
L’argument : Roumanie, de nos jours. Une équipe de tournage arrive dans un village isolé pour un reportage sur des phénomènes paranormaux. A la surprise de tous, seules de vieilles femmes en deuil habitent ce village. Quelle est donc leur histoire ?
Roumanie, 1953. Ana et Iancu sont sur le point de se marier. Tout le village s’attelle aux préparatifs de la noce. Alors que la fête bat son plein, le maire du village et le commandant du régiment font irruption pour annoncer la mort de Staline ainsi qu’une semaine de deuil national prenant effet sur le champ. Toutes les festivités sont interdites.
Malgré l’interdiction, les mariés et leurs invités feront preuve d’ingéniosité pour poursuivre la fête...
Notre avis : Difficile de ranger ce film dans l’une ou l’autre catégorie, tant le mélange des genres est poussé à son paroxysme.
Horatiu Malaele, artiste roumain aux multiples casquettes (acteur, metteur en scène, scénariste, caricaturiste et désormais réalisateur), nous transporte en un clin d’oeil de l’allégresse la plus pure à la tragédie la plus sombre, explorant jusqu’aux voies du burlesque, du mime et de la poésie, le tout mâtiné de fantastique. Cette règle, qui n’en est pas une, s’applique également à la musique et à la photographie : des sonorités gueulardes, paillardes et exaltées à la Kusturica, en un mot de l’outrance, au silence et au recueillement ; de l’arc-en-ciel des couleurs au noir corbeau du deuil. La parenthèse que forme l’arrivée d’un cirque dans le village en pleine séance d’éducation des masses et surtout le repas de noces qui a lieu finalement dans la plus grande clandestinité, marquent à ces égards des summums du film (le sourd qui manque d’alerter les Russes en jouant avec sa cuillère pendant le repas alors que le silence absolu est pour une fois la règle et d’autres perles de trouvailles...).
- © Bac Films
Au-delà du mariage de Iancu et Ana, l’enjeu de la rébellion est également double : d’une part toute pragmatique, contre les Russes qui, au nom du culte de Staline, voudraient laisser gâcher une montagne de victuailles et d’autre part, symbole de la résistance d’un petit village d’irréductibles contre l’envahisseur, à l’exception du maire qui, plus par bêtise que par méchanceté, a adhéré seul à la Cause. Même en racontant un pan de l’histoire de son pays, Malaele joue avec les codes, donnant à une situation classique et réelle d’occupation, un air de fantastique. Jamais on ne voit les environs du village dans lesquels, on le devine, le régiment a ses quartiers. La colline qui délimite le village tient de ce fait lieu de porte de passage par laquelle l’ennemi surgit et disparaît mystérieusement. Ce dernier, soustrait à nos yeux jusqu’au dernier moment, donne ainsi l’impression d’une force maléfique tapie dans les bois.
- © Bac Films
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