Le 11 juin 2014
Comme ces actrices en fin de route qui se lézardent sous le botox, le road-movie de Seth Gordon planque ses vieilles formules sous un nouveau prétexte. Et comme les premières, il ne fait illusion qu’à 150 mètres. Chronique d’un rejet de greffe.
- Réalisateur : Seth Gordon
- Acteurs : Amanda Peet, Jason Bateman , Jon Favreau, Melissa McCarthy, Eric Stonestreet
- Genre : Comédie
- Nationalité : Américain
- Durée : 1h52min
- Date télé : 2 février 2017 20:55
- Chaîne : HD1
- Titre original : Identity Thief
- Date de sortie : 12 juin 2013
Comme ces actrices en fin de route qui se lézardent sous le botox, le road-movie de Seth Gordon planque ses vieilles formules sous un nouveau prétexte. Et comme les premières, il ne fait illusion qu’à 150 mètres. Chronique d’un rejet de greffe.
L’argument : Diana mène grand train dans la banlieue de Miami, et s’offre tout ce dont elle a envie. Il n’y a qu’un souci : l’identité qu’elle utilise pour financer ses folies n’est autre que celle d’un chargé de comptes "Sandy Patterson Bigelow" qui vit à l’autre bout des États-Unis. N’ayant qu’une semaine pour traquer la fraudeuse avant que sa vie s’écroule, le véritable Sandy Bigelow Patterson prend la route vers le sud pour affronter la femme qui use d’un pouvoir total sur sa vie. Tandis qu’il essaye tour à tour de la séduire, de la soudoyer et de l’engueuler tout au long des 2500 kilomètres qui les conduisent à Denver, il comprendra vite à quel point il est difficile de récupérer son identité.
Notre avis : Ecrit par Craig Mazin, grand souilleur de franchises spécialiste des impostures numérotées (Scary Movie 3/4, Very Bad Trip 2/3), et réalisé par un prestataire au cv bouillant jamais à la hauteur de ses références (The Office, Parks and Recreation, Community), Arnaque à la carte est l’équivalent comique d’une berline familiale, qui mise à la fois sur son binôme prestige et son alibi anorexique pour faire oublier aux foules hilares son calibrage industriel. Mais si Bateman et McCarthy font tranquillement tourner la boutique d’un film installé sur les rails mille fois parcourus du road-movie humaniste qui sépare socialement ses protagonistes pour mieux les rapprocher, et surfe même ici sur la confusion identitaire pour provoquer d’invariables remises en question réchauffe-cœurs, les deux clowns de wagon peinent à nous cacher que l’ensemble ne va nulle part –si ce n’est vers une gare ultra-fréquentée – et qui plus est en train-couchette.
Avec toute l’audace d’un randonneur sous tranxène, et un amour immodéré pour les sentiers battus, cette Arnaque programmatique impose à l’ensemble de ses contributeurs la loi du rendement minimal. Merveilleux de banalité heurtée et de droiture contrariée, Jason Bateman fait de son personnage de comptable une déclinaison middle-class du célèbre Michael Bluth (Arrested Development), et récite ses gammes sans forcer un talent que l’on aimerait voir s’ébattre ailleurs que dans le petit bain des comédies US (oui Steve Carell, on parle aussi de toi). De son côté, Melissa McCarthy - harpie sphérique jaillie du stand-up et poussée hors de l’anonymat filmographique sous le divin parrainage des Apatow Productions - repousse les limites du slapstick en surpoids, poursuit sa réinvention permanente des crasses sémantiques et sacrifie ses rondeurs assassines sur l’autel du rire brutal, avant d’être malheureusement bouclée dans les limbes lacrymo-rassurantes de l’angélisme hollywoodien.
Aussi, avant de descendre à l’inévitable terminus d’une ode à l’Amérique WASP droite dans ses bottes et ses comptes en banque, mais capable de pardonner à ses brebis galeuses en jetant sur elles un regard lourd de paternalisme bienveillant (à condition que les rangs s’écartent pour les accueillir), nous retiendrons de la chose quelques séquences/bouées (Un threesome douteux avec un cow-boy lubrique et sentimental, quelques directs à la carotide lancés par Sugar Ray McCarthy, et une poignée de mensonges jouissifs sur l’hypothétique vacance génitale de Bateman) et nous oublierons tranquillement les scènes de poursuites absurdes, de complicité naissante ou de confessions traumatiques imaginées par un générateur de scénarios passé à côté de toutes les mises à jour post-1995, ainsi que la grande majorité des sous-péripéties en roue libre d’un film qui aurait du, comme la plupart des choses qui s’y passent, rester sur la route.
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Frédéric Mignard 17 août 2013
Arnaque à la carte - la critique
Un road movie mou du genou qui pourrait se résumer à sa seule bande-annonce, bien plus drôle.
Il vaut mieux revoir Les Flingueuses, l’autre comédie calorique avec Melissa McCarthy qui, elle, est hilarante !