Pietà
Le 11 octobre 2011
Le premier film, sous nette influence pasolinienne, de Jean-Jacques Jauffret place la barre très haut mais s’enferme dans un système esthétique clos que parvient cependant à briser la grâce de Sylvie Lachat.
- Réalisateurs : Jean-Jacques Jauffret - Sylvie Lachat
- Acteurs : Adèle Haenel, Yves Ruellan, Ulysse Grosjean, Sylvie Lachat
- Genre : Drame
- Nationalité : Français
- Date de sortie : 12 octobre 2011
- Plus d'informations : http://www.jour2fete.com/
- Festival : Festival de Cannes 2011
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– Durée : 1h32mn
Le premier film, sous nette influence pasolinienne, de Jean-Jacques Jauffret place la barre très haut mais s’enferme dans un système esthétique clos que parvient cependant à briser la grâce de Sylvie Lachat.
L’argument : Dans un après-midi caniculaire du sud de la France, quatre parcours se croisent : ceux de Stéphane et Luigi, deux cousins à peine sortis de l’adolescence, de Georges, ancien ouvrier à la retraite, d’Amélie, la petite amie de Luigi, et d’Anne, la mère d’Amélie. Quatre vies quotidiennes semées de blessures, d’humiliations, de peurs et de fatigue, qui convergent vers une tragédie.
Notre avis : Jean-Jacque Jauffret a dédié son premier long-métrage à Cyril Collard, dont il fut l’assistant, mais c’est surtout son admiration pour Pasolini qui imprime sa marque à Après le sud. Le choix d’Ulisse Grosjean pour interpréter le rôle de la victime sacrificielle, le jeune Luigi (dont la mère habite à Casarsa, ville de natale de PPP*), ou la Piétà finale qui renvoie à celle de Mamma Roma font inévitablement penser à l’auteur d’ Accatone.
Mais si la manière de filmer les corps en faisant apparaître leur grâce singulière, le recours à une musique trop grande qui déborde l’image et la profonde compassion qui imprègne le film sont assez pasoliniennes, on est loin cependant du geste poétique qui rend si bouleversants les films du cinéaste italien, modèles revendiqués mais quelque peu écrasants.
Car Après le sud est alourdi par une laborieuse narration en spirale et peine à se dégager d’un naturalisme qui, s’il impressionne lors des premières séquences (le nettoyage du fusil), donne assez vite une sensation de piétinement, de système esthétique clos.
On ne peut qu’être secoué par quelques scènes d’une violence d’autant plus insoutenable qu’elle reste contenue (l’humiliation du retraité fouillé par les vigiles dans le supermarché), admirer la beauté de décors étonnants (le rouge martien du quai minéralier) filmés en plans larges, être ébloui par la lumière blanche qui mange les corps (Jauffret dixit) et subjugué par la présence intense de comédiens exceptionnels : Adèle Haenel, Amélie à l’air délicieusement buté, Yves Ruellan, Georges tendu jusqu’à la rupture inévitable, et surtout la magnifique Sylvie Lachat dans le rôle d’Anne.
Incroyablement gracieuse et presque fragile en dépit de sa corpulence elle parvient à faire respirer par moments un film ambitieux et souvent admirable mais qu’une envahissante volonté de contrôle empêche de tenir toutes ses promesses.
* Comme on me l’a fait justement remarquer, Casarsa n’est pas la ville natale de Pasolini. Sa mère y est née et c’est là que ses parents se sont mariés en 1921. Lui-même y a passé l’année 1928 et s’y est installé en 1943 pour y rester jusqu’à départ à Rome en 1950.
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3 octobre 2011
Après le Sud - La critique
Pier Paolo Pasolini n’est pas né à Casarsa comme il est dit dans l’article. il est né le 5 mars 1922 à Bologne.
C’est un film incroyable et on aimerait bien que la barre soit placée aussi haut ds le cinema français, à ne pas manqué. Les acteurs sont incroyable surtout Adèle Heanel et Sylvie Lachat. Et je ne parle pas des décor et de la lumière.