Je vous salue Marie pleine de grâce
Le 31 juillet 2012
Malgré une tendance à la contemplation, ce récit d’apprentissage parvient à toucher grâce à une belle sensualité.
- Réalisateur : Pippo Mezzapesa
- Acteurs : Aylin Prandi, Nicolas Orzella, Luca Schipani
- Genre : Drame
- Nationalité : Italien
- Durée : 1h22mn
- Titre original : Il paese delle spose infelici
- Date de sortie : 1er août 2012
- Plus d'informations : http://www.bellissima-films.com/
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Malgré une tendance à la contemplation, ce récit d’apprentissage parvient à toucher grâce à une belle sensualité.
L’argument : : Veleno « Poison » et Zazà, deux adolescents de 15 ans deviennent amis alors que tout les oppose. Veleno est fils de notable, Zazà est une petite frappe des quartiers populaires. Tandis que l’un veut s’affranchir de son milieu favorisé, l’autre rêve d’être repéré par les sélectionneurs de la Juventus. Un jour, la belle Annalisa, jeune fille mystérieuse et sensuelle, apparait dans leurs vies. Elle devient alors une légende énigmatique pour les jeunes du village et une source de troubles passionnels pour les deux garçons.
Notre avis : Adptation du roman de Mario Desiati titré ’’Il paese delle spose infelici’’, Annalisa dessine avec violence et emportement le portrait d’une jeunesse sud-italienne. Sublimé par une photographie chaude et lumineuse, le premier long-métrage de Mezzapesa est une ode à la sensualité. Preuve que la beauté pousse dans les coins les plus désolés. Et dans l’immensité de ces plans séquences tournés en champs désséchés et en zones industrialisés, apparaît la grâce : Annalisa. Pour Veleno et Zaza, deux jeunes adolescents désoeuvrés, cette figure d’un charme mystique et d’une majesté christique est forcément l’incarnation de la Madone. Sa photo collée dans les vestiaires du club de foot, ils saluent chaque jour d’un geste pieux, l’icône de cette Marie moderne. Une mère de chair et de sang auprès de laquelle on peut se réfugier quand la vie nous fait douter. Et surtout que l’on peut contempler, admirer, et tenter d’apprivoiser. Avec douceur et patience. Annalisa c’est la vierge sauvage du village, devenue folle à la mort de son fiancé, murée dans sa peine et ses souvenirs, toujours sur le fil, douloureusement libre de mourir. Pour elle l’avenir s’est brisé avant même de commencer. N’attendant plus rien de la vie, elle ne craint pas la mort. Perchée en haut d’une église, adossée sur un pont, assise à l’arrière d’un scooter, Annalisa, les bras en l’air, reproduit inlassablement la même image : celle d’un corps crucifié dans la fleur de l’âge.
Amoureuse d’un autre âge, la mélancolique Annalisa a trouvé dans l’expérience de la perte, désespoir et délivrance. Insensible au regard de la société qui l’entoure, ses tentatives de suicide ont des allures d’espoir plus que de renoncement. Le sourire aux lèvres, Annalisa se jette, corps et âme, à la recherche d’une sensation, celle qui viendra réveiller son coeur endormi. Dans cette errance solitaire, elle tombe sur Veleno et Zaza, bouleversés et subjugués par un tel abandon. Peu à peu, elle prend sous son aile les deux jeunes hommes, eux aussi et à leur manière, blessés par la vie. Zaza c’est le fils du peuple, celui qu’on abandonne à un frère camé et qui rêve d’ancrer ses crampons de foot dans un avenir radieux à la Juve de Turin, loin de ce sud mourant. Veleno c’est le fils à papa, surprotégé et constamment mis à l’écart, qui rêve de ’’se salir, de se blesser, de croquer la vie’’. De ces deux opposés naît une amitié sincère, conflictuelle parfois, résistante souvent. Une complémentarité à la vie à la mort que seule l’adolescence connait. Jumelle maudite de la Lucy de Bertolucci (Beauté volée), Annalisa emblématise désir et féminité. Moteur du livre, elle s’efface finalement dans le film au profit de Veleno et Zaza, perdant force et relief pour ne devenir finalement qu’une jolie figure, celle de l’actrice franco-italienne Aylin Prandi. Un parti pris contestable, qui immole la consistance de l’héroïne sur l’autel du roman d’apprentissage. Reste un beau sujet, interrogeant le doute, la foi et le bien fondé de la très chrétienne société sud-italienne, une tendance annoncée par le film d’Alice Rohrwacher (Corpo Celeste). L’ensemble du récit manque un peu de rythme, conséquence malheureuse d’une esthétique excessivement contemplative, qui ravira néanmoins les adeptes d’un cinéma épuré. Au final, l’enchantement opère, l’intensité de certaines scènes tel cette danse circulaire d’Annalisa au coeur d’une attraction lancée à plus de deux cent kilomètres heure, étant littéralement à couper le souffle. Un film à méditer.
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