Le meilleur de l’animation japonaise
Le 29 octobre 2010
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– Année de production : 2007
– Sortie DVD : 7 mars 2012
Résumé : Trois courts métrages ayant pour personnages principaux deux jeunes écoliers, Tohno Takaki et Akari Shinohara. La vie les séparant, l’amour les fera se retrouver une dernière fois dans la première histoire. La deuxième histoire permet de retrouver le héros Takaki dont la camarade de classe, Kanae Sumita, va essayer de se déclarer à lui. Dans le dernier court métrage, les personnages du premier segment sont de nouveau réunis. Cependant, le temps les a définitivement séparés et seul un souvenir commun les relie.
Critique : Cinq centimètres par seconde, c’est la vitesse à laquelle tombent les pétales de fleur de cerisier : c’est ce qu’apprend Akari à Takaki, deux adolescents amoureux et éloignés l’un de l’autre par les aléas de la vie. Deux ans après La tour au-delà des nuages, dont il quitte l’univers science-fictionnel, Makoto Shinkai revient, avec 5 cm par seconde, aux thématiques qui lui sont chères. On pourrait même parler d’obsession tant son dernier film (d’ailleurs constitué de trois courts-métrages réalisés dans l’optique d’un long cohérent) concentre en son sein toutes les figures narratives ayant nourri ses précédents travaux. Ainsi se passionne-t-il encore à suivre le destin d’une jeunesse en proie à la séparation (et par extension, à la solitude) aux non-dits et aux contradictions de ses sentiments. Quitte à paraphraser ses premiers essais, le cinéaste délivre là un second long-métrage faisant office d’accomplissement.
Plus intimiste que sa première merveille, 5 cm par seconde marque un véritable retour aux sources pour son auteur, puisqu’il prend place dans le Japon contemporain. À la manière d’Elle et son chat, son premier court-métrage, le réalisateur dépeint le quotidien de ses personnages de la façon la plus concrète possible, via une narration parcourue de nombreux plans fixes s’attardant sur leur environnement. Le style Shinkai dans toute sa splendeur, reconnaissable entre mille, et que plusieurs voix off, omniprésentes, contribuent à magnifier. Des plages contemplatives servant à renforcer visuellement le malaise vécu par des êtres seuls avec eux-mêmes, par conséquent plus rares à l’écran.
Dans l’œuvre de Makoto Shinkai, le temps est une fatalité que se doivent d’affronter ceux qu’il observe. Sans jamais y parvenir par ailleurs, chose magnifiquement traduite par une mise en scène distante, qui réserve l’intimisme à ses uniques personnages tout en interpellant le spectateur sur la richesse d’un tel instant. Dans cette cohérence thématique, c’est logiquement qu’ils seront montrés de dos ou dans des plans décadrés lorsque tristesse ou désespoir les envahiront.
Mais en dépit des symboles inhérents à l’univers de Makoto Shinkai (le train, la fusée, l’horizon coupé en deux...) et de la sincérité prégnante des émotions suscitées par le récit, qui tour à tour passionnent et bouleversent l’auditoire acquis à sa cause, 5 cm par seconde épouse un paradoxe pour le moins atypique. On se surprendra ainsi parfois à écouter une phrase sur deux (surtout lors d’une seconde vision), tant cette trop courte heure regorge d’images littéralement envoûtantes. C’est bien simple : avec son souci du détail qui fait prendre vie au moindre élément d’un environnement hallucinant de réalisme (des enseignes de la ville au plus petit reflet d’une flaque d’eau), l’œuvre se révèle ni plus ni moins comme l’un des plus beaux films d’animation jamais réalisés. Les premiers plans du second segment, Cosmonaute, sont explicites à ce niveau-là, le cinéaste usant de multiples contre-plongées laissant le cadre être envahi par un ciel aux infinies subtilités chromatiques. Et par-dessus tout, offrant à 5 cm par seconde une portée métaphysique en parfait accord avec ses approches thématiques.
À une redondance près (le final étant strictement le même que celui de son court-métrage Voices of A Distant Star), nous sommes là en présence de l’un des tout nouveaux maîtres de la japanimation. Peut-être plus encore que le Summer Wars de Mamoru Hosoda, 5 cm par seconde est la confirmation de la personnalité artistique hors du commun d’un Makoto Shinkai dont on attend désormais monts et merveilles. En espérant qu’un jour, l’une de ses œuvres bénéficie enfin d’une sortie salles dans nos contrées.
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