Réalités jazz
Le 3 septembre 2014
Entre documentaire et fiction, Shirley Clarke nous propose un voyage au cœur du New York de la Beat Generation, au rythme du jazz.
- Réalisateur : Shirley Clarke
- Genre : Documentaire
- Nationalité : Américain
- Editeur vidéo : Potemkine
- Durée : 3h28mn
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Sortie en France de The Connection : 11 décembre 1996
Sortie en France de Portrait of Jason : 19 mars 2014
Sortie DVD : le 2 septembre 2014
Entre documentaire et fiction, Shirley Clarke nous propose un voyage au cœur du New York de la Beat Generation, au rythme du jazz.
L’argument : The Connection - Huit copains jouent du jazz et racontent des anecdotes en attendant leur dealer dans un loft de Greenwich Village. Pour se faire un peu d’argent, ils ont acceptés d’être filmés par le vrai faux documentariste Jim Dunn… A travers cette fiction tournée comme un documentaire, Shirley Clarke joue sur notre perception du réel et dresse le portrait des marges de la société américaine.
Portrait of Jason - Nous sommes en décembre 1966, dans la chambre qu’occupe alors Shirley Clarke au mythique Chelsea Hôtel à New York. Seul face à la caméra, Jason Holliday, un prostitué noir et gay, s’engage dans un long monologue autobiographique. A la fois metteur en scène et interprète de sa propre histoire, il raconte, une bouteille de scotch et une cigarette à la main, la vie qu’il s’est partiellement inventé depuis son enfance.
Notre avis : The Connection
Portrait of Jason
C’est un véritable questionnement sur le film documentaire que la réalisatrice Shirley Clarke nous présente dans The Connection et Portrait of Jason. Dans des espaces restreints, des personnalités émergent, déambulent devant la caméra, marquant la pellicule de leur présence singulière et du rythme de leurs pas. L’aspect documentaire apparaît dans les deux films comme la volonté de saisir ces personnages, fictifs ou réels, d’entrer dans leur monde pour faire leur connaissance. La volonté du documentariste d’aller toujours plus loin, au plus profond de son sujet, est bien présente et figurée dans The Connection par le personnage de Jim Dunn, réalisateur fictif d’un documentaire sur un groupe de musiciens jazz. Dunn connait peu le jazz, la drogue, et le milieu qu’il désire filmer. Ses attentes de documentariste sont déjouées par les personnages filmés, qui s’adressent directement à la caméra et se succèdent dans l’espace clos de l’appartement, livrant peu à peu des bouts d’eux-mêmes à travers leurs digressions.
Tout au long des deux films est soulevée la question du lien qui se crée entre le réalisateur de documentaire et ceux qu’il filme. La fiction - documentaire fictif dans The Connection et invention de soi dans l’entretien de Portrait of Jason - devient alors un moyen pour Shirley Clarke d’explorer une réalité documentaire, celle d’être présent à ce que l’on filme, de créer un lien avec son sujet. Occuper l’espace, cet espace réduit qui réunit le documentariste et son sujet, devient un enjeu pour les personnages : c’est bien Dunn qui est qualifié de "Brother Sun" par le dealer de The Connection, il est celui avec la caméra surmontée d’une lampe, celui autour duquel gravitent les personnages, celui qui les met en lumière. De même dans Portrait of Jason, Shirley Clarke pose le regard documentaire comme un regard révélateur sous lequel Jason Holliday se met à nu pour mieux se revêtir et se réinventer.
Ces deux films de Shilrey Clarke permettent de découvrir une certaine population marginale dans le New York des années 1960, mais invitent surtout le spectateur à entrevoir les liens indissociables entre fiction et réalité au cinéma. Soulignons enfin l’importance et la vitalité de la bande-son, en particulier dans The Connection, où les allées et venues des personnages cessent de temps à autres pour se retrouver dans un autre rythme, celui de la frénésie du jazz joué par les protagonistes, expression sublimée de leur bouillonnement intérieur.
Bande-annonce de The Connection en VO :
Bande-annonce de Portrait of Jason en VO :
LE TEST DVD
Une édition DVD très honorable aux suppléments satisfaisants.
Les suppléments :
Le DVD de The Connection contient un diaporama photo du tournage du film d’une durée de 6 minutes ainsi qu’une courte interview de la réalisatrice, de 3 minutes et sans sous-titres. Si ces suppléments peuvent paraître plutôt maigres, les bonus du DVD de Portrait of Jason sont bien plus satisfaisants puisqu’il s’agit de trois court-métrages de réalisatrice, Bullfight (1959, 9 minutes), Butterfly (1967, 3 minutes) et Trans (1978, 7 minutes) qui permettent d’avoir un plus ample aperçu de son œuvre expérimentale en couleur, mêlant danse et effets sonores pour créer une musique visuelle bien à elle.
L’image :
Une très bonne restitution, aux contrastes contrôlés, qui rend bien le grain de la pellicule et conserve toute la texture de l’image.
Le son :
Un son clair rendu par la compression Dolby Digital 2.0, qui met autant en valeur les paroles des personnages - en version originale sous-titrée - que la musique jazz.
Galerie Photos
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