Le 13 février 2008
La critique crache sur le cinéma populaire français taxé de franchouille. Est-ce par snobisme ou est-ce dû à une conception du septième art et de ses valeurs qui seraient différentes ? La question est posée alors que sort cette semaine le joliment romanesque La jeune fille et les loups, qui mérite dans son genre tout notre respect malgré ses atours bien franchouillards.
La critique crache sur le cinéma populaire français taxé de franchouille. Est-ce par snobisme ou est-ce dû à une conception du septième art et de ses valeurs qui seraient différentes ? La question est posée alors que sort cette semaine le joliment romanesque La jeune fille et les loups, qui mérite dans son genre tout notre respect malgré ses atours bien franchouillards.
Il y a un public de cinéma en province et un autre à Paris. Ce dernier, jouissant de la plus belle vitrine du monde, une densité d’écrans et une diversité de cinématographies uniques sur la planète, a quand même tendance à tirer la couverture à lui. Pas étonnant dès lors que pendant de nombreuses années on se contentait de publier dans différents magazines les seuls chiffres du box office de la capitale, méprisant ainsi le reste de l’Hexagone.
Il est vrai que le public parisien (et à un moindre niveau celui des villes étudiantes) est unique en son genre. Il snobe les courants populaires, préférant la version originale ; se rendant dans les salles en masse dès la séance de 9 heures (à l’UGC Ciné cité les Halles, au passage le premier cinéma d’Europe en terme d’affluence !) ; jouissant d’avant-premières prestigieuses en présence de comédiens souvent parmi les plus célèbres ; favorisant souvent l’art et essai et des œuvres délicates. Le cas Woody Allen en est le plus symptomatique. Son succès n’est-il pas parisien avant d’être français ?
Le coefficient Paris périphérie / province est révélateur des différences affirmées entre les deux France.
Généralement, plus il est bas (moins de 3) et plus les œuvres sont exigeantes ou difficiles d’accès. Parmi les 50 premiers films de l’année 2007, La vie des autres ou Persépolis, sans dépareiller en province, ont ainsi été avant tout d’immenses succès parisiens. En revanche, les coefficients les plus élevés (au dessus de 7) sont principalement destinés à des films français populaires, que l’on savoure en particulier dans les villes de taille moyenne aux publics parfois plus âgés que dans la capitale (La môme, Danse avec lui, Jacquou le Croquant en sont trois exemples.). Ce cinéma des campagnes, très souvent taxé de franchouillard a donné quelques très gros succès ces dernières années comme Les choristes, Malabar princess, Monsieur Batignole ou encore Les enfants du marais... Un cinéma à formule, qui sent bon le terroir et qui bénéficie par ailleurs que très rarement du soutien des critiques.
Et oui. La critique est urbaine. Cynique et progressiste. Souvent hautaine. Elle ne rie pas forcément de ce qui amuse le peuple (vous savez, « l’autre France » !). Elle n’est pas émue par ce qui l’émeut. Ne parle qu’une seule langue, celle de l’étranger. Bref, elle se regarde le nombril. Même nous. Allez, avouons-le ! La rédaction d’aVoir-aLire a souvent taxé certaines œuvres de « franchouillardes », comme si le critère était forcément négatif. Un peu peut-être quelque part à nos yeux. Comme si le cinéma français ne devait pas ressasser de vieilles valeurs conservatrices, forcément obsolètes et un brin patriotes. Pourtant, certains de ces films aux formules bien de chez nous méritent quand même nos égards.
Après Le renard et l’enfant, La jeune fille et les loups fait partie de ces jolies réussites qui magnifient tout un pan du patrimoine de nos campagnes. Des loups, une belle Marianne (Laetitia Casta, enfin actrice !), de bons sentiments écolos sur fond de paysages régionaux sublimes... De quoi être fiers d’être français ? Mouais. Plutôt de quoi être fier de la formidable diversité de notre cinéma qui continue d’aligner de vrais beaux sujets populaires en alternant avec un cinéma d’auteur plus pointu. Celui-ci n’est ni mieux ni moins bon, juste différent. Et cette différence, n’est-ce pas là ce qui constitue notre fameuse exception française ?
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