Le 9 février 2020
- Acteur : Dyanne Thorne
- Voir le dossier : Nécrologie
Son nom est associé à Ilsa, personnage de films des années 70 d’une forte tonalité nanardesque.
News : Dyanne Thorne eut son heure de gloire en étant la tête d’affiche de productions du cinéma bis, séries B ou Z, dont la médiocrité voire la nullité font paradoxalement et rétrospectivement le charme. Si elle devint actrice à la fin des années 50, elle fut longtemps cantonnée aux petits rôles, musicienne dans Une certaine rencontre (1963) de Robert Mulligan, ou serveuse de cocktail dans La Folle mission (1967) de Theodore J. Flicker. Le succès de Ilsa la Louve des SS (1975), de l’obscur Don Edmonds, changea la donne. Elle y dévoilait un mélange de sensualité et d’autorité, dans ce qui devait être le film étalon de ce qu’il est convenu de nommer la nazisploitation. Ilsa la Louve a ainsi voulu montrer la perversion du nazisme, à travers la vie sexuelle et le dévoiement de l’intimité et a donné une fausse image du régime, tout en flattant les bas instincts du spectateur. La nazisploitation est donc indiscutablement putassière, qu’on la prenne au premier ou au second degré, et Ilsa la Louve fait partie des œuvres nanardesques qu’elle commit, plus proche du cauchemar de cinéphile que de l’ambiguïté subtile de Portier de nuit (1974) de Liliana Cavani. Pour autant, au-delà des considérations morales et esthétiques, et pour peu de que l’on prenne du recul, l’outrance et le kitsch du film (et de la nazisploitation en général) peuvent aussi s’avérer délicieusement subversifs. Toujours est-il que le jeu de Dyanne Thorne ne fut pas en cause, et l’actrice attira à nouveau l’attention des cinéphages bisseux dans lsa, gardienne du harem (1976), réalisé par le même tâcheron, le sadisme du personnage étant transposé du camp de concentration à un univers oriental. Jamais deux sans trois : Dyanne Thorne reprit du service dans Ilsa, la tigresse du goulag (1977) de l’oubliable Jean LaFleur, dans un contexte de guerre froide qui sentait le réchauffé. La même année, Jesús Franco la dirigea dans le redoutable Greta, la tortionnaire de Wrede, également connu sous les titres de Ilsa, ultimes perversions et Le Pénitencier des femmes perverses : tout un programme pour un récit qui avait pour décor une institution carcérale, dans une république fasciste d’Amérique centrale… La suite de sa carrière fut un déclin inexorable, et Dyanne Thorne disparut progressivement des écrans, se recyclant dans le théâtre et l’ésotérisme. L’icône d’un certain cinéma d’exploitation est morte le 28 janvier à Las Vegas, âgée de 83 ans.
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