Le 1er juin 2006
- Acteur : Marilyn Monroe
Supposons qu’elle ait voulu vivre envers et contre tout. Marylin aurait quatre-vingts ans aujourd’hui, 1er juin 2006.
Marilyn, torrent sexy plus impétueux que les chutes du Niagara. L’affiche de l’époque - on imagine la séance photo : remonte un peu plus le bras, chérie (sous-entendu tes lolos se font la malle) - dit tout sur le malentendu qui régnait entre la star et ses producteurs. Laissez-moi être moi-même. Fais le boulot pour lequel on te paie (et qui remplit nos tiroirs-caisses). Norma Jean, la petite rouquine aux joues rebondies, avait rêvé de gloire, comme toutes les teenagers, mais sans imaginer le cortège de désillusions qui l’accompagne.
De quel matériau faut-il être fait pour supporter une telle mainmise sur sa personnalité ? De marbre, d’acier, d’airain ? Mais Marilyn était de chair ronde et douce, il n’y a qu’à voir les photos que la presse nous donne sans compter depuis sa mort, et les textes qui magnifient, qui superlativent, qui piédestalisent l’éternelle reine de beauté. Qu’est-ce qu’elle avait de plus que les autres, cette fille-là, cette petite (fausse) blonde, boulotte et myope ? Tout. Et ça ferait presque rire, si ce n’était si tragique, de voir les mêmes magazines intercaler leur hommage entre des photos de mannequins maigrichonnes à la poitrine intériorisée et les derniers conseils pour perdre enfin ces kilos de trop mesdames encore un petit effort il y a du laisser-aller. Même pas foutus de dire qu’avec leurs canons à la con, Norma Jean ne serait jamais devenue Marilyn.
Ce chef-d’œuvre qui jouait de son regard égaré, un jour sous les chutes du Niagara, l’autre sur son sofa, en vieux pull rouge, pas maquillée, ou en peignoir blanc au bord d’une piscine. Et on ne peut s’empêcher de se demander comment elle le porterait aujourd’hui, ce peignoir, si... On ne saura jamais. Elle a préféré rester "casque d’or" éternellement, comme l’a compris Miller, "irrémédiablement vouée à la solitude".
Mais ce n’est pas l’écrivain qui pleurait le plus à son enterrement. C’est le sportif, Joe di Maggio, son second mari, son soutien le plus fidèle, une star lui aussi, un garçon tout simple, parti de rien comme elle. Un frère. Celui qui pouvait tout comprendre : la jupe qui s’envole, le happy birthday susurré à l’oreille d’un président - mythe au service d’un autre mythe - et, sous les sequins, les strass et les projecteurs, masquée par des poupou-pi-dou aguicheurs, l’effrayante sincérité de cet I want to be loved by you, j’aimerais que vous m’aimiez, chanté par la petite fille qui aurait tellement voulu ne pas grandir dans cette Amérique qui met en scène ses idoles pour mieux les tuer.
Morte un jour d’août de l’année 62. Mais vivante à jamais, accompagnant d’un balancement de hanches son ukulélé. So long, Sugar Kane de nos cœurs...
Retrouvez Marylin dans cinq de ses films :
– Débutante mais déjà diablement bonne comédienne dans Le démon s’éveille la nuit de Fritz Lang (1952)
– D’un glamour à faire rougir le technicolor dans Les hommes préfèrent les blondes de Howard Hawks (1954)
– Drôle à se rouler par terre dans Sept ans de réflexion de Billy Wilder (1955)
– Fraîche, naïve et craquante dans Certains l’aiment chaud de Billy Wider (1959)
– Fée blonde solitaire et désespérée dans Les misfits de John Huston, 1961
En illustration : "Marylin Monroe", sérigraphie d’Andy Warhol (1962)
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