La vie en bleu

L’Oscar du meilleur espoir numérique est attribué à Sony pour son Blu-ray...
Alors maintenant qu’on y voit enfin plus clair dans cette guerre aux formats êtes-vous vraiment prêts à vous lancer dans la haute définition ? aVoir-aLire, oui...

Après trois années de lutte acharnée pour conquérir le marché de la haute définition, voilà que le 19 février Toshiba annonçait contrit qu’il retirait son prestigieux format, le HD DVD, du marché faute d’avoir conquis les professionnels et le public. L’annonce était attendue depuis un certain temps après le retrait du soutien de Warner et de la chaîne de supermarché américaine Wal-Mart qui ont préféré suivre le concurrent direct de Toshiba, Sony et son fameux Blu-ray. De plus, avec la baisse sur plusieurs années consécutives des ventes de DVD en Europe et maintenant pour la première fois aux USA, le secteur devait réagir et faire cesser cette lutte fratricide qui coûtait de l’argent à tout le monde. Grâce à une communication exemplaire et au succès sur la durée de sa Playstation 3 équipée du fameux lecteur, Sony a eu le dernier mot et tient là une belle revanche. En effet, si une nouvelle ère commence dans le domaine de la vidéo, elle n’est pas sans rappeler la victoire historique de la VHS de JVC sur la bétamax de ... Sony trente ans auparavant !
Maintenant que les combats ont cessé, les éditeurs vont pouvoir vraiment réagir et se mettre au travail. Aussitôt l’annonce de Toshiba faite, Universal a rétorqué en se ralliant au fameux « rayon bleu » et le site de ventes en ligne Amazon.com a fait savoir immédiatement qu’il allait accroître substantiellement la promotion du support. C’est donc le moment rêvé pour relancer les ventes des vidéos dans un secteur déprimé par le piratage et les nouvelles habitudes des jeunes consommateurs. Mais pour arriver à des résultats conséquents, les éditeurs devront baisser le prix des disques qui est exorbitant pour son époque (30 euros la nouveauté, c’est un peu élevé) et le catalogue devra s’étoffer au plus vite. En France, on annonce à peine une dizaine de nouveautés par mois pour le prochain trimestre, dont l’essentiel est constitué de titres de fond de catalogue pas toujours au point techniquement. Il n’y a qu’à voir les récentes sorties de la Fox pour se rendre compte de la médiocrité de certains produits loin de respecter le soucis de qualité des clients de la première heure. De même les prochains titres devront se démarquer au niveau des bonus des DVD standards en étoffant leurs suppléments. Le Blu-ray devra offrir non seulement une image et un son plus purs mais également des compléments plus denses.
A l’heure où l’on nous annonce déjà la perspective d’une super définition, la victoire définitive du Blu-ray n’en demeure pas moins hypothétique. Prendra-t-il vraiment son envol alors qu’il s’adresse en priorité à des dvdéphiles férus de hautes technologies, forcément assez jeunes et aisés dans le meilleur des cas (ou endettés dans les autres). En effet, le lecteur se doit d’être complété par un écran si possible Full HD et d’un système Home cinéma performant pour pouvoir pleinement jouir de ses possibilités. Ces nouveaux appareils ne sont pas des plus faciles d’utilisation et risquent de décourager plus d’un acheteur, surtout lorsque l’on sait qu’un simple lecteur blu-ray aujourd’hui acheté dans le commerce nécessite parfois des réactualisations avec des programmes téléchargés sur internet !
Enfin, les éditeurs doivent se demander si le consommateur moyen est vraiment si attaché à la perfection visuelle et sonore alors qu’il télécharge, souvent dans des copies médiocres, des fichiers vidéo et MP3 qui le satisfont pleinement ? Si la haute définition échoue, la VOD deviendra alors la nouvelle norme d’un marché tiraillé par ses propres contradictions.
En tout cas, à aVoir-aLire, nous avons nous aussi décidé de défendre la haute définition et le Blu-ray, avec dès la semaine prochaine des critiques de galettes bleues. Une bonne raison de nous redonner rendez-vous dans 8 jours...