La Môme orpheline

Marion Cotillard par-ci, Marion Cotillard par-là... Et le film La môme dans tout cela ? Où est-il ? Ne méritait-il pas davantage d’égards de la part de nos professionnels qui lui ont tout juste offert des prix techniques. La jalousie des uns mène à l’injustice pour les autres. Petit coup de gueule...

Les Césars et les Oscars, ouf, c’est fini ! Vu la qualité de la cérémonie des Césars - j’use ici d’ironie -, on se demande encore comment il est possible qu’un tel événement puisse glaner quelques téléspectateurs. Sûrement des égarés du petit écran qui auraient mieux fait de se contenter de lire les résultats sur le net. L’âge de l’assemblée, momifiée, en dit long sur l’état du cinéma français, qui pour le coup n’avait pas grand-chose à récompenser (les 11 nominations d’Un secret étaient révélatrices). Aussi dans un tel contexte, le succès de La graine et le mulet, un bon film, il est vrai, promu œuvre française de l’année, cela fait un peu sourire, surtout que le cinéaste avait déjà connu un excès de louanges avec L’esquive, auréolé du même César, pour un rendu cinématographique pourtant très limité. C’est cela l’exception française.
Par ailleurs le succès de Marion Cotillard aux Oscars, amplement mérité vu le caractère exceptionnel de sa prestation, ne doit pas nous faire oublier l’échec de la commission chargée de proposer un titre pour représenter nos couleurs à Hollywood. En refusant à Dahan, le mal-aimé, qui venait de connaître un succès considérable aux States de nous représenter, en lui préférant Persépolis qui à l’époque n’était même pas sorti aux USA et qui pouvait parfaitement concourir dans la catégorie du meilleur film d’animation, on amenuisait nos chances de victoire. Le résultat fut donc sans appel. La France fut nominée à l’Oscar du meilleur court métrage, à l’Oscar du meilleur film d’animation, mais pas à celui du meilleur film étranger. Notre décision inepte d’avoir favorisé le cinéma d’art et d’essai de haut-standing plutôt que le cinéma populaire de qualité vu et approuvé par tous vient ternir un beau palmarès marqué à tout jamais par le sourire radieux de Marion Cotillard. Une belle consolation qui ne doit pas nous faire oublier que, pour le coup, Dahan a été victime de la jalousie des uns et des préjugés des autres, les professionnels français, à commencer par les critiques, n’ayant jamais été tendres avec cette personnalité peu consensuelle.