Le 28 novembre 2007
Chute des températures et profusion d’ornements dorés et lumineux dans les rues. Pas de doute, Noël, la commerciale est déjà là. Les salles obscures ne sont pas en reste. L’ultime chance pour elle de sauver l’exploitation de la miséricorde ou de dompter des spectateurs de plus en plus malveillants ?
Chute des températures et profusion d’ornements dorés et lumineux dans les rues. Pas de doute, Noël, la commerciale est déjà là. Les salles obscures ne sont pas en reste. L’ultime chance pour elle de sauver l’exploitation de la miséricorde ou de dompter des spectateurs de plus en plus malveillants ?
Après des mois de turbulences et de bides en série, l’exploitation, un peu rétive, s’efforce de croire encore aux jours de fêtes. Les distributeurs abattent leurs dernières cartes, les plus joyeuses, avec une exubérance feinte qui peine à dissimuler les doutes de fin d’année. Déboule ainsi sur nos écrans après la raclée de Beowulf (Warner, qui n’en revient toujours pas) le Disney de fin d’année, Il était une fois - un mélange gentillet d’animation et d’images live, actuellement en tête du box office américain. Plus tard, l’on nous proposera en vrac A la croisée des mondes : la boussole d’or, premier volet assez classique d’une nouvelle trilogie produite par New Line en quête désespérée d’un nouveau Seigneur des anneaux pour redorer son image ; un nouveau Lucky Luke cent pour cent animé et donc sans Eric et Ramzy. De l’animation, de la vraie. Pas forcément très convaincante par ailleurs. Du côté de la 3D humoristique, Dreamworks proposera son hit Bee movie, drôle d’abeille et la Fox comptera emporter le pactole avec les écureuils d’Alvin et les Chipmunks. Pour les parents plus exigeants, amateurs d’art et essai, le vent réfrigérant de fin d’année les conduira sur les sentiers des Aventures du Prince Ahmed ou de l’anthologie de courts Petit à petit.
Bref, une avalanche de sorties pour gaver les juniors comme des dindes, à l’image de l’offre croissante de chaînes de télé, de magazines, d’émissions de radio et autres jeux vidéo qui leurs sont destinés. Il est décidément bien loin le temps où Disney sortait pour les enfants affamés un nouveau long d’animation chaque année sans craindre la concurrence. On imagine bien aujourd’hui La petite sirène boire la tasse tandis que son pote Aladdin se prendrait les pieds dans le tapis face à des gamins indifférents qui riraient, hilares, des malheurs de ces brillants classiques.
Si l’on abreuve nos mômes de nouveautés à la pelle, l’on ne peut que vilipender le manque d’originalité dont font preuve les studios. Il était une fois, c’est un peu Les visiteurs version animée, Lucky Luke, c’est de l’exploitation de franchise facile, Bee movie, c’est carrément Fourmiz ou Lucas, fourmi malgré lui revisited, quant à A la croisée des mondes, malgré ses airs d’adaptation de Jules Verne, l’analogie avec Narnia et Harry Potter n’est que trop évidente. Dans tous les cas, le formatage bien commercial, n’est ni désagréable, ni même abêtissant, mais quelque peu frustrant pour les accompagnateurs qui souhaiteraient parfois se mettre sous la dent des plats un peu plus consistants (de la Ratatouille peut-être ?). A ceux-là, on peut alors leur conseiller l’étonnant Renard et l’enfant. Délice champêtre audacieux dans son pari d’offrir à la jeunesse un spectacle ludique à base de produits naturels à haute teneur sensorielle, sans vrais dialogues, mais toujours avec un vrai sens du spectacle. Une alternative au diktat urbain d’une société de surconsommation qui en oublie de nous faire contempler le monde. Actuellement au Grand Rex avant un élargissement de son exposition à compter du 12 décembre.
Enfin, si cette arrivée massive de productions enfantines devrait rassurer tous les exploitants quant à leurs rentrées d’argent, elle devrait surtout apaiser les craintes de quelques circuits qui auraient tout récemment - officieusement - décidé de ne plus diffuser (ou presque) de films trop violents dans leurs multiplexes. Soi-disant que cela attirerait les fauteurs de troubles. Un acte de censure inacceptable qui a mené au boycott de films de genre comme Halloween ou encore Saw 4, presque invisibles sur la capitale. Des décisions symptomatiques d’une société malade où la bienséance et le décorum seraient imposés par des programmateurs démago un peu coincés. Et puis quoi encore !
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