À la Santé !
Le 12 octobre 2024
Chabrol tire sur tout ce qui bouge et s’amuse beaucoup. Le spectateur un peu moins.
- Réalisateur : Claude Chabrol
- Acteurs : Isabelle Huppert, François Berléand, Robin Renucci, Patrick Bruel, Pierre Vernier, Roger Dumas, Jean-François Balmer, Marilyne Canto, Jean-Christophe Bouvet, Thomas Chabrol, Jacques Boudet, Philippe Duclos, Hubert Saint-Macary
- Genre : Drame
- Nationalité : Français
- Distributeur : Wild Bunch Distribution, Pan-Européenne
- Durée : 1h50mn
- Date télé : 3 juin 2022 21:05
- Chaîne : Chérie 25
- Date de sortie : 22 février 2006
Résumé : Jeanne Charmant Killman, juge d’instruction, est chargée de démêler une complexe affaire de concussion et de détournements de fonds mettant en cause le président d’un important groupe industriel. Elle s’aperçoit que plus elle avance dans ses investigations, plus son pouvoir s’acccroît. Mais au même moment, et pour les mêmes raisons, sa vie privée se fragilise. Deux questions essentielles vont bientôt se poser à elle : jusqu’où peut-elle augmenter ce pouvoir sans se heurter à un pouvoir plus grand encore ? Et jusqu’où la nature humaine peut-elle résister à l’ivresse du pouvoir ?
Critique : On se rappelle les années Giscard, leurs DS noires, leurs costumes étriqués, leurs magouilles politiciennes épinglées par un cinéma qui se voulait engagé, ce qui le dispensait par essence de toute forme d’humour ou de dérision. Chabrol, lui, ne tombe pas dans le didactique laborieux, même s’il annonce tout de suite la couleur avec un "toutes ressemblances et caetera..." qui sonne très fort comme un air de pipeau.
- © Pan Européenne Edition
Plus question ici de bourgeoisie de province, même si la lutte des classes version Chabrol est toujours palpable. Il y a ceux qui sont nés avec un billet d’entrée pour l’ENA, et ceux qui n’ont eu que des bonnes fées de seconde classe. Jeanne Charmant Killman (Chabrol a aussi, de toute évidence, beaucoup ri avec les noms de ses personnages !) est de ceux-là, tout comme Michel Humeau, celui qu’elle veut faire tomber, qui, lui, revendique son passé, dans un milieu ou "on avait le sens du travail". A partir de là, Chabrol va coller à l’enquête, suivre les pas de Jeanne dans son obstination à faire tomber un pouvoir politico-financier en même temps qu’enfle de façon inexorable son propre pouvoir, lui faisant perdre de vue la réalité de sa vie.
On s’attache vite au personnage de Jeanne, pris au piège d’un Chabrol qui affirme ne pas savoir comment faire un film sans Isabelle Huppert. Et d’ailleurs, le film tout entier repose sur ses frêles épaules car il faut bien dire que le scandale financier dont il est question ne parvient pas tout à fait à nous captiver. On a droit à quelques bons mots, comme ces "associations caritatives, ou auto-caritatives" auxquelles l’argent détourné est reversé, on n’échappe pas non plus aux poncifs : les gardes du corps, la voiture sabotée, les parkings souterrains (Boisset aussi aimait beaucoup les parkings souterrains), les politiciens à tronches de caricatures (quoique là...).
Au final, il reste une histoire pas totalement ennuyeuse, servie par une interprétation irréprochable, mais rien de vraiment rock’n’roll. On a l’impression, à la fin, de sortir d’un dîner chez les Dumoux. On mange bien mais toujours la même chose, on s’ennuie un peu mais on les connaît depuis tellement longtemps qu’on leur pardonne tout.
Galerie photos
Votre avis
Pour participer à ce forum, vous devez vous enregistrer au préalable. Merci d’indiquer ci-dessous l’identifiant personnel qui vous a été fourni. Si vous n’êtes pas enregistré, vous devez vous inscrire.
aVoir-aLire.com, dont le contenu est produit bénévolement par une association culturelle à but non lucratif, respecte les droits d’auteur et s’est toujours engagé à être rigoureux sur ce point, dans le respect du travail des artistes que nous cherchons à valoriser. Les photos sont utilisées à des fins illustratives et non dans un but d’exploitation commerciale. Après plusieurs décennies d’existence, des dizaines de milliers d’articles, et une évolution de notre équipe de rédacteurs, mais aussi des droits sur certains clichés repris sur notre plateforme, nous comptons sur la bienveillance et vigilance de chaque lecteur - anonyme, distributeur, attaché de presse, artiste, photographe. Ayez la gentillesse de contacter Frédéric Michel, rédacteur en chef, si certaines photographies ne sont pas ou ne sont plus utilisables, si les crédits doivent être modifiés ou ajoutés. Nous nous engageons à retirer toutes photos litigieuses. Merci pour votre compréhension.
esdez 26 février 2006
L’ivresse du pouvoir - Claude Chabrol - critique
Monsieur Claude Chabrol est un cinéaste qui n’hésite pas à chatouiller la classe à laquelle il appartient voir même à la gratouiller assez sévèrement avec une délectation certaine.Pour ce film ou la classe visée est toute autre,la verve habituelle s’est un peu cognée aux portes de son sujet. Il en ressort un film agréable mais qui est en fait vide car trop proche de l’affaire que tout le monde connait. Sans en démonter les mécanismes et donc sans vraiment aborder le sujet et l’on se dit que nos cinéastes ont un problème avec les films " politiques" au contraire de certains indépendants américains qui, lorsqu’ils chargent la barque , ils l’a chargent vraiment.
Pour Huppert, Berléand et Chabrol, à voir. Seul bémol, Bruel qui est en dehors du coup et qui devrait s’abstenir de jouer pour Chabrol, sa direction d’acteur ne lui convenant absolument pas.
cgaillardot 28 février 2006
L’ivresse du pouvoir - Claude Chabrol - critique
Ce film est fort bien interprété par Isabelle Huppert. Si l’histoire est connue et courue d’avance, ce film à le mérite de ne pas être mièvre mais bel et bien engagé sans être sans pitié à l’égard du juge. Un film grinçant qui permet de se rendre compte que le monde politique et judiciaire est sans pitié...!!! L’acidité de Chabrol est très fine : dans le nom de la société FMG (pour Elf), le nom du juge (Charmant pour Joly) sans parler de la troublante ressemblance physique de nombreux personnages. Un film à voir.
lasset 9 mars 2006
L’ivresse du pouvoir - Claude Chabrol - critique
Si vous espérez le dénouement de l’intrigue vous serez déçus car ça n’avance pas, ça frole même les longueurs. Par contre, les acteurs sont globalement très bons et attachants, le monde des affaires et la politique est largement égratigné. Tout cela est un peu trop classique mais c’est un film à voir avant tout pour la qualité des acteurs.
gitrsanzy 13 mars 2006
L’ivresse du pouvoir - Claude Chabrol - critique
J’attendais beaucoup de ce film mais je suis ressorti un peu déçu.
L’intrigue se déroule d’une manière monotone et nous laisse toujours en attente de rebondissements.
Les acteurs étaient très inégaux.
François Berléand tire très bien son épingle du jeu.
J’ai eu du mal par contre à vraiment accrocher aux personnages de Isabelle HUPPERT ou Patrick BRUEL.
J’ai touvé que la musique était particulièrement énervante et ne soutenait pas les différentes scènes.
J’ai eu l’impression de voir un ancien Chabrol.
Gil 14 mars 2006
L’ivresse du pouvoir - Claude Chabrol - critique
Chabrol n’est donc plus tout à fait chabrol... mais encore un petit peu !
bcp d’inégalités ds ce film avec des choses ratées kom la musique ou les scènes d’action (pardon, LA scène !) mais surtout l’impression qu’il y a un petit manque d’ambition et de maîtrise sur le sujet même (n’est pas Costa Gavras qui veut !)
Pourtant, on se prend à suivre agréablement ce film, surtout les délicieux affrontements Huppert avec ses inculpés, Berléand en tête ; car effectivement les acteurs sont assez bons pr faire oublier les lacunes du film. il faut aussi signaler la perf de Renucci qui a le rôle le plus mal écrit du scénario et qui parvient presque à le faire oublier !
Bref, pas l’un des meilleurs chabrol mais pas mauvais non plus...
Norman06 22 avril 2009
L’ivresse du pouvoir - Claude Chabrol - critique
Un bon Chabrol, envoûtant du générique de début au final. L’affaire Elf Aquitaine n’est qu’un prétexte à une savoureuse peinture de mœurs comme seul le maître sait les concocter. Cette satire au vitriol des magouilles politico-financières bénéficie d’une interprétation de qualité : autour d’Isabelle Huppert, passée du statut d’accusée (Violette Nozière, 1978 ; Une affaire de femmes, 1988) à celui de juge, une flopée de seconds rôles nous éblouit.