Le 21 mai 2008
- Festival : Festival de Cannes 2008
Coup d’œil sur une Croisette pluvieuse qui baigne dans le social.
Coup d’œil sur une Croisette pluvieuse qui baigne dans le social.
Cannes est une terre d’accueil. Celle des beaux et des puissants. Celles des délicieuses starlettes, dévêtues, nuit et jour, pour le plaisir des grands producteurs, qui savent, on l’imagine, mêler le travail au plaisir, avant de crier au scandale quand la chaleur monte en projection (le décrié Serbis et sa scène de fellation non-simulée). Devant l’étalage de vedettes et de méga stars (les citer inciterait à l’hystérie), l’humeur capricieuse du soleil tend à faire sourire ou à déprimer, tout dépend du côté de l’écran où l’on se situe, d’autant que les Américains, victimes déjà d’un dollar faible, viendraient moins, las des risques de pluie incessante sur la grande Mecque du cinéma de mai. Les étoiles d’Hollywood et d’ailleurs, venues resplendir devant les projecteurs, doivent se contenter de briller dans le gris. Mais finalement, cette couleur sied parfaitement au contexte social et politique du monde tel qu’il est présenté crument dans la sélection. Sean Penn, plus une figure d’autorité contestataire et militante dans l’industrie du cinéma qu’un cinéaste au firmament, promu Président du Jury, a d’emblée marqué le ton, celui de la gravité alors que la Chine se secouait et perdait quelques 70 000 victimes. Avec une sélection fine, marquée par un regard encore innovant (Valse avec Bashir, le documentaire animé israélien, nouveau Persépolis du festival) et varié sur notre monde (la misère au Brésil dans Linha de passe de Walter Salles, la Camorra dans le très acclamé Gomorrah, l’évolution sociale de la Chine dans 24 city...), nous imaginons que le Jury trouvera matière à satisfaire son inclinaison politique, qui lui vaut tout notre respect. Dans ce contexte, le classicisme de Clint Eastwood, en lisse pour la récompense ultime, paraît un choix, malgré tout, défendable, pour sa critique de la corruption des institutions. Presque octogénaire, le cinéaste n’en finit plus d’émouvoir et de rassembler avec L’échange, bien accueilli mardi soir sur la Croisette. Un cinéma a priori policé mais tout à fait politique, glamour comme il faut pour un festival de stars qui se doit de soigner son image à grand renfort de paillettes (Angelina Jolie), réalisé dans le système hollywoodien, au potentiel commercial conséquent (Million dollar baby avait rapporté 100 millions de dollars aux USA). Bref, serait-ce là l’oeuvre du consensus qui consacrera le talent, la carrière, l’âge et les idées d’un cinéaste, qui, de surcroît, a toujours entretenu des liens étroits avec Cannes ?
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