L’épopée urbaine de la jeunesse new-yorkaise
Le 7 janvier 2013
C’est avec un regard drôle mais réaliste qu’Adam Leon signe le portrait d’une ville en ébullition permanente. On adore.
- Réalisateur : Adam Leon
- Acteurs : Tashiana Washington, Ty Hickson
- Genre : Drame
- Nationalité : Américain
- Durée : 1h21mn
- Titre original : Gimme the Loot
- Date de sortie : 2 janvier 2013
- Festival : Festival de Cannes 2012
L'a vu
Veut le voir
C’est avec un regard drôle mais réaliste qu’Adam Leon signe le portrait d’une ville en ébullition permanente. On adore.
L’argument : Malcom et Sofia sont de jeunes graffeurs qui arpentent les rues de New York pour couvrir de leurs noms les murs de la ville. Lorsque l’un de leurs tags disparaît sous un autre graffiti, les deux adolescents se lancent le défi de leur vie : tagguer la pomme géante du Shea Stadium. Pour cela, une seule contrainte et pas des moindres : trouver les 500 dollars nécessaires pour que le gardien de nuit les fasse entrer incognito… Entre rivalités de gangs et petites combines, parviendront-ils à prendre leur revanche ?
Notre avis : Contrairement aux apparences, Gimme the loot n’est pas un film sur le graffiti : celui-ci n’est qu’une excuse, un accessoire de scénario permettant à Adam Leon, qui signe son premier long-métrage, de faire exister ses personnages dans l’agitation permanente que constitue New-York. Agité, le film l’est dès ses premiers instants, où l’on aperçoit Malcom et Sofia, deux jeunes graffeurs du Bronx, teeshirt extra-large, se baladant dans le rayon d’un magasin de bricolage. Très vite, leurs poches se remplissent de sprays, ces bombes de peinture qui leur permettent de colorer les murs de la ville. A la sortie du magasin, leurs pas accélérés font agiter les billes des aérosols, vulgairement camouflés. La sécurité est alertée. Trop tard : les jeunes sont déjà loin, prêts à repeindre les toits de la ville quand celle-ci se sera endormie. Mais les toits et les murs ne suffisent plus : Malcom veut aller plus loin. Son prochain coup ? Graffer la pomme du Shea Stadium, restée depuis toujours vierge de toute inscription.
A travers la quête des deux partenaires, partis à la recherche des 500 dollars que réclame le gardien du stade en échange de l’accès à la pomme, Adam Leon fait voyager son spectateur dans les entrailles d’une ville coupée en deux. D’un côté, le Bronx, le Queens, ces quartiers qui vivent au rythme des beats, des parties de basket et de la débrouille – voler pour revendre, source principale de revenus de nombreux habitants. De l’autre, Manhattan, ses buildings, ses hipsters de vingt ans fumant, entre deux coupes de champagne, l’herbe volée et vendue par Malcom. Dans les ghettos, on parle de sexe, de drogues, de mother-fucker-bitch à tabasser – les graffitis de Malcom et Sofia se sont fait recouvrir par des toys – tandis que Ginnie, la petite bourge comme l’appelle Malcom, parle avec fierté de ses nombreux voyages qu’elle a effectués avec ses parents. L’opposition est donc totale, même si la connexion entre ces deux mondes que tout sépare reste possible. Car c’est avec clairvoyance et ironie qu’Adam Leon choisit de filmer cette épopée, véritablement moderne et ordinaire, qui enchaine les situations inattendues et ne cesse de rebondir de porte en porte, de rue en rue. Dans un esprit évident de dédiabolisation, jamais le vol ni la délinquance ne seront décriés tandis que les nombreuses situations de violence - verbale et physique - n’auront de réelle conséquence. Adam Leon l’affirme d’ailleurs sans détour : « je voulais éviter tout misérabilisme facile ».
Gimme the loot est jeune, nerveux et ne manque jamais d’être drôle - Malcom passera la moitié du film à déambuler dans la ville en chaussettes. Les paroles fusent, les personnages ne s’épuisent jamais, ne perdant pas une occasion de s’insulter avec une joie non dissimulée. Dans ce flux sonore et visuel, Malcom, Sofia et Ginnie apparaissent alors comme les héritiers fortunés d’un brassage culturel souvent désigné avec défaitisme, comme s’il relevait d’un échec inéluctable – celui des inégalités. Mais là où nombre de films auraient accouché d’une morale superficielle, Gimme the loot garde une certaine pudeur dans sa manière de filmer les sentiments, cachés et utopiques, qui régissent les relations de ces jeunes personnes qui utilisent la parole comme un outil d’attaque et de défense.
Galerie Photos
Votre avis
Pour participer à ce forum, vous devez vous enregistrer au préalable. Merci d’indiquer ci-dessous l’identifiant personnel qui vous a été fourni. Si vous n’êtes pas enregistré, vous devez vous inscrire.
aVoir-aLire.com, dont le contenu est produit bénévolement par une association culturelle à but non lucratif, respecte les droits d’auteur et s’est toujours engagé à être rigoureux sur ce point, dans le respect du travail des artistes que nous cherchons à valoriser. Les photos sont utilisées à des fins illustratives et non dans un but d’exploitation commerciale. Après plusieurs décennies d’existence, des dizaines de milliers d’articles, et une évolution de notre équipe de rédacteurs, mais aussi des droits sur certains clichés repris sur notre plateforme, nous comptons sur la bienveillance et vigilance de chaque lecteur - anonyme, distributeur, attaché de presse, artiste, photographe. Ayez la gentillesse de contacter Frédéric Michel, rédacteur en chef, si certaines photographies ne sont pas ou ne sont plus utilisables, si les crédits doivent être modifiés ou ajoutés. Nous nous engageons à retirer toutes photos litigieuses. Merci pour votre compréhension.