Le 13 octobre 2009
Jugnot joue à l’efféminé dans Rose & noir, sa dernière réalisation. Une audace anachronique à resituer pourtant dans son époque.
Jugnot joue à l’efféminé dans Rose & noir, sa dernière réalisation. Une audace anachronique à resituer pourtant dans son époque.
En incarnant « la grosse fraise » de Rose & noir, un couturier exubérant d’affèterie, complètement efféminé, à l’époque des mignons et des Lumières, Gérard Jugnot ose jouer avec les clichés qui font mal, dans la grande tradition de la comédie rose française. Alors que l’insupportable Poltergay en 2006 et la suite pathétique de Pédale douce, Pédale dure en 2004, avaient consterné les Français, bien au-delà de la simple communauté gay, en réduisant l’homo à une figure ringarde et pathétique indigne des pires comédies homophobes des seventies, voilà le père Jugnot, la super star des chaumières, chantre des bons sentiments des campagnes, qui joue en 2009 avec l’ancienne perversion la plus décriée de l’humanité, la sodomie avec grand risque d’amalgame pédophile, puisque dans son road-movie qui parcourt les chemins lumineux d’Espagne, il est accompagné par un ado coquet ! L’ancien bronzé, devenu soudainement un en... (censuré) ose encore en 2009 jouer du stéréotype maniéré. Mais avec toute sa célébrité un poil méritée, il s’érige comme l’éternel défenseur des communautés. A l’époque des remous haineux contre les minorités, où une certaine France se remet à agiter le pavillon des détestations homophobes (la pathétique affaire Frédéric Mitterrand, jugé sur un bûcher littéraire où la justice ne l’aurait même pas condamné), et bien, félicitons-le de cette audace quasi anachronique, certes, pas toujours subtile, mais au moins sincère de la caméra. Il pouvait trouver un filon plus commercial ! Son pari osé de déconcerter la ménagère de moins de 50 ans qui de toute façon ne pouvait plus continuer à le prendre pour le gendre idéal (il a passé l’âge Gégé) est aussi frais que bien pensé, n’en déplaise à mes confrères qui lui tombent dessus comme des acharnés. Avec moins de verve et d’esprit qu’un OSS 117, il parvient tout de même à se jouer de tous les racismes et bêtises religieuses dont notre ère de misère aime à nous repaître. Son Rose & noir est chaleureux, bien réalisé et malgré quelques débordements dignes d’une édition franco-française de La tolérance pour les Nuls remet pas mal de conneries à leur place.
Devenu une figure gay-friendly, Jugnot ne doit pas cacher la riche actualité gay du moment, Tu n’aimeras point, film israélien sur l’amour interdit en milieu ultra-orthodoxe, et toujours à l’affiche, la réflexion fantaisiste sur la famille dans le bien nommé Les joies de la famille, qui pour le coup s’érige comme une comédie sociale qui dépasse largement les seules intérêts de la communauté gay parisienne. Et pour ceux qui veulent plus d’amours interdits, on notera également les délires homoérotiques de Fassbinder dans l’onirique Querelle, une reprise exclusive avec le regretté Brad Davis (Midnight Express), mort du sida en 1991, ainsi que le très sensible Mademoiselle Chambon, qui relate l’amour non consumé entre un maçon marié et une institutrice solitaire. Vincent Lindon et Sandrine Kiberlain, ancien couple à la ville, redeviennent amoureux à l’écran, attisant l’émotion la plus noble chez le spectateur, par l’emphase de la retenue.
Enfin les amateurs de films bears avec de gros ours poilus seront ravis de découvrir les penchants de Miyazaki pour les pandas dans Panda, petit panda. Cette curiosité date du début des années 70, l’époque où le cinéaste alors scénariste cachait des inclinations zoophiles pas très catholiques. Normal, grand dieu, il était déjà asiatique !
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