Le 19 septembre 2007
Critiques positives, public enthousiaste. Ils ont tout pour eux sauf le succès populaire. Le cinéma français tournerait-il en rond en cette rentrée trop chargée en productions nationales visant exactement le même public ?
Critiques positives, public enthousiaste. Ils ont tout pour eux sauf le succès populaire. Le cinéma français tournerait-il en rond en cette rentrée trop chargée en productions nationales visant exactement le même public ?
La vie d’artiste, La vérité ou presque et Ceux qui restent avaient tout pour connaître le succès. La presse leur a été plutôt favorable et le taux de satisfaction du public à leur sortie était globalement positif. Pourtant, les chiffres sont décevants et c’est tout un genre cinématographique français qui se remet en question : le cinéma bobo ou/et bourgeois à tendance chorale qui a tant enchanté la France dite cultivée ces dernières années. Les regroupements de stars lassent (Le héros de la famille ; Ma place au soleil). Surtout quand le cinéma national s’entête à ne sortir que cela. C’est du moins l’agaçante impression qu’il donne en cette rentrée après une pénurie de productions made in France pendant les deux mois d’été, comme si les distributeurs effrayés par la chaleur estivale (qui a réussi à Persépolis, au Chabrol et au Fils de l’épicier préférait la congestion à l’équilibre qu’aurait apporté une contre programmation.
Trop urbaine. Trop parisienne. Trop élitiste. Trop artificielle. Trop écrite. Cette cinématographie branchée est devenue pure exploitation dans sa manipulation de formules rodées (l’émotion cathartique, le franc-parler incisif d’un ou deux personnages rebelles...) jusque dans les bandes annonces qui souvent se résument à un extrait évocateur autour d’une situation forte et faussement provocatrice. Kiberlain (La vie d’artiste) ou Emmanuelle Devos (Ceux qui restent), actrices décalées qui ont souvent provoqué le succès, illustrent parfaitement cette tendance. Le bobo des villes ne se retrouverait-il donc plus dans la gouaille impertinente de la première ou dans les aventures de cul intello de la seconde ? A-t-il trouvé mieux à voir dans la production internationale (Caramel, La vie des autres) ou réagit-il tout simplement par le mépris quand on l’accable de films photocopies : un film choral ça va, mais 3 films « choraux », l’envie tombe à l’eau.
Pour conjurer le mauvais sort qui s’acharne sur notre production en cette rentrée décevante, on nous propose deux grosses sorties. Un drame intimiste et bavard de Bernard Campan (La face cachée) qui débouche sur un étonnant secret. Son succès paraît bien incertain, car il pourrait être assimilé au lot des bides sortis précédemment. Et puis il y a l’alternative humoristique d’envergure avec L’invité, un gros budget qui refoule le nanar à plein nez si bien que son distributeur n’a pas osé le montrer à la presse ; pis il le cache depuis près d’un an au fond d’un tiroir ignorant quoi en faire. Ce nouveau Dîner de cons regroupant trois piliers du box-office repose pourtant sur un concept à la Veber fédérateur et possède tous les éléments pour drainer les foules : stars, budget, adaptation d’une pièce célèbre récente, distributeur efficace qui sait imposer ses pions (EuropaCorp). On imagine donc la frustration de son équipe comédie devant un tel ratage (on le présume fortement, notamment après la vision de l’effrayante bande annonce). Au lieu de faire la une comme prévu, chacun doit se contenter d’une sortie dans la honte avec une promo minimaliste pour limiter la casse. Aussi, lui consacrer ces quelques lignes, c’est presque rendre hommage à ce blockbuster qui n’en est plus vraiment un, puisque personne n’en parle et tout le monde s’en contrefiche. Bref, un hôte bien embarrassant pour cette rentrée qui aura du mal à changer la tendance.
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