Le 2 janvier 2008
L’internet et le cinéma. Une relation de haine et d’amour en perpétuelle évolution. A l’heure des bilans moroses et alors qu’une crise du cinéma s’amorce, un petit coup d’œil s’impose.
L’internet et le cinéma. Une relation de haine et d’amour en perpétuelle évolution. A l’heure des bilans moroses et alors qu’une crise du cinéma s’amorce, un petit coup d’œil s’impose.
L’année se clôt sur l’alarmante baisse des entrées en salle (-5% pour 2007) et le recul toujours plus prononcé des ventes de DVD. La nervosité se ressent à tous les niveaux de l’industrie du cinéma. Les investissements en multiplexes paraissent toujours plus improbables ; le passage au numérique - coûteux et dangereux pour les petits indépendants - est inévitable mais laisse beaucoup d’exploitants dubitatifs ; au niveau des entrées, les budgets élevés et les stars ne sont plus un gage de succès (et Astérix aux jeux Olympiques devra fin janvier jouer d’autres atouts que son casting pour déplacer les foules) ; le marketing bien peu écolo n’assure plus l’exaltation (cf. le semi-échec du Renard et l’enfant) alors qu’il est devenu plus essentiel que jamais... Dans ce pessimisme ambiant, alors que la téléphonie mobile et les jeux vidéo réussissent brillamment leur expansion, le monde du cinéma regarde parfois d’un mauvais œil internet, cet outil de promotion sauvage et indomptable, source de piratage et grand défouloir de la nouvelle critique cinéma, et pourtant indispensable pour pouvoir atteindre un jeune public plus enclin à passer des heures devant son ordinateur que dans une salle de cinéma et même devant un téléviseur. Informations, désinformations, immédiateté des répercussions... L’araignée, de sa toile, met à mal la presse écrite, faisant chuter les tirages, déjà peu écologiques, des mensuels de cinéma, qui ont beau se ravaler la façade pour plaire à la jeunesse, rien n’y fait. Les rumeurs y circulent et les réputations s’y forgent, des mois avant même la sortie des métrages.
Aussi la pression reste grande sur les sites cinéma, tolérés parfois en projection par certains attachés de presse ou bien acceptés comme faisant part intégrante de l’évolution du système par de nombreux autres, plus ouverts au changement. Chaque distributeur ou attaché de presse y va de sa politique. Certains traitent la presse écrite et les webzines à égalité ; d’autres refusent d’envoyer systématiquement leurs cartons à des médias qu’ils jugent inférieurs ; il y en a qui mentent au téléphone par peur que leur bébé hideux soit trop vite dévoilé sur la place publique ("Des projos pour ce film ? Non, non, désolé, il n’y en a pas !") ; on en voit qui utilisent le Web pour se payer de bonnes critiques grâce à des partenariats fantasques ; enfin certains imposent des délais de publication. La pression est là et, indirectement, la liberté d’expression, dans sa spontanéité, est systématiquement attaquée, non pas au nom des artistes, qui ne décident plus de grand-chose, mais d’un système économique complexe, qui se recherche dans la douleur.
Avec sa vocation non commerciale, notre site, aVoir-aLire, a connu bien des tempêtes, quelques accrochages, mais fonctionne toujours avec sa bande de passionnés (qui ne demande qu’à s’agrandir, avis aux lecteurs !) dans le seul but d’éclairer de sa subjectivité l’actualité cinématographique. Nous n’y gagnons aucun argent, mais nous y consacrons une énergie énorme au nom d’un septième art qui nous inspire toujours autant. Nous ne sommes ni des vendus, ni des achetés. Certains nous trouvent "méchants", si, si ! On nous taxe de gratuité. Et pourtant, à notre tout petit niveau, nous nous efforçons chaque semaine de célébrer tous les cinémas, des plus inaccessibles et marginaux aux plus commerciaux, au grand refus des étiquettes, avec une légitimité aux yeux des professionnels qui fait tout de même plaisir. Comme quoi, même sans pub (ou très peu), il est toujours possible d’exister. Alors, aVoir-aLire, un site intello ? Bobo ? Décalé ? Ou un énième site de critiques sur une Toile, qui ne prodigue plus que cela, puisque désormais tout le monde y va de son avis, du plus chevronné au plus inculte ? A vous de voir. Et de nous lire.
En tout cas, après ce petit bilan 2007, l’heure est venue de passer aux sempiternels vœux de bonne année. Et nous n’y manquerons pas. L’obscurantisme gagne du terrain un peu partout dans le monde. Le climat se dérègle toujours plus vite que prévu. La récession guette. La rigueur aussi. Pis, les hommes politiques trahissent le bon sens commun et jouent aux people devant une population choquée par toutes ces frasques déplacées et cet argent exhibé alors qu’elle se serre la ceinture. L’année 2008 s’annonce donc risquée pour beaucoup. Pas seulement pour l’industrie du cinéma. Mais celle-ci a beaucoup à nous apporter pour pimenter nos vies. Du rêve pour pallier la morosité de l’actualité. De la réflexion et du recul pour pouvoir vaincre la bataille contre toutes les ignorances. Gageons que le septième art ne sera pas en reste pour nous surprendre car c’est justement de l’inattendu dont nous avons aujourd’hui besoin. Aussi, une bonne année 2008 à tous nos lecteurs qui nous ont suivi dans notre petite aventure. Et, comme nous ne sommes vraiment pas méchants, à tous les autres aussi.
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