Prisoners for eight years
Le 7 janvier 2015
Hué par certains, applaudi par d’autres, le film d’Atom Egoyan, présenté à Cannes, a divisé les critiques. Notre avis.
- Réalisateur : Atom Egoyan
- Acteurs : Ryan Reynolds, Rosario Dawson, Scott Speedman, Bruce Greenwood, Kevin Durand, Mireille Enos, Alexia Fast
- Genre : Thriller
- Nationalité : Canadien
- Distributeur : ARP Sélection
- Durée : 1h53mn
- Date télé : 24 novembre 2024 20:55
- Chaîne : RTL9
- Date de sortie : 7 janvier 2015
- Festival : Festival de Cannes 2014
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Résumé : Huit ans après la disparition de Cassandra, quelques indices troublants semblent indiquer qu’elle est toujours vivante. La police, ses parents et Cassandra elle-même, vont essayer d’élucider le mystère de sa disparition.
Critique : Après s’être égaré dans un cinéma fade (Chloé), Atom Egoyan n’avait pas marqué les esprits depuis le solide Adoration, qui lui avait valu le Prix œcuménique à Cannes. Le cinéaste canadien n’a toutefois pas retrouvé l’écho auprès du public qu’il a pu avoir dans les années 90, à la grande époque d’Exotica (94) et De beaux lendemains (97), tous deux repartis avec le Prix Fipresci et même un Grand Prix pour ce dernier. Son nouveau film, Captives, présenté en compétition, était donc l’occasion pour le réalisateur de redorer son blason, regagner la confiance de la presse, et par extension, des spectateurs.
Mission accomplie ? Le moins que l’on puisse dire, c’est que Captives surprend. Avec un côté brut, déconcertant parfois dans sa structure qui refuse la linéarité, le film semble vouloir jouer avec les nerfs des spectateurs. Suspense implacable, il crispe et glace les sangs dans un cadre réfrigérant, autour d’un thème (la disparition d’un enfant et la découverte d’éléments qui laissent supposer que la jeune fille est toujours vivante huit ans après), qui évoque irrémédiablement l’épatant, mais sinistre Prisoners.
À l’instar du film de Denis Villeneuve, ce drame de l’enfant disparu et de l’angoisse quant à l’ignorance sur ce qui s’est passé mène à des réflexions existentielles qui torturent les personnages plongés dans un désespoir réel. Egoyan sculpte avec minutie chaque personnage dont il fouille la psychologie tel un fin limier. Évitant les lacs du manichéisme et autres clichés inhérents aux mauvais thrillers, il multiplie les points de vue : flics, voyous et victimes. Une construction qui rend le film particulièrement pertinent et contribue à créer, étoffer et rendre haletant le suspense, rend encore la comparaison avec Prisoners inévitable.
En dehors d’une réflexion sur l’usage et les dérives des nouvelles technologies, et la fragilité et la force des liens familiaux, qui donnent une certaine substance au métrage, Egoyan n’oublie pas le divertissement, avec une tension réelle et un sens du rythme qui correspond aux canons attendus par un plus large public. La volonté de toucher ce dernier est patente avec la présence de Ryan Reynolds en tête d’affiche. Probablement pas de prix d’interprétation mérité pour le rôle de ce père tourmenté par la disparition de sa fille, mais une prestation régulière et efficace, qui n’ôte rien à l’œuvre, et n’en diminue pas sa force. En revanche, c’est le travail de métamorphose de l’acteur Kevin Durand qui est notable et surprenant, dans la peau d’un kidnappeur maladif et vicelard. On remarque davantage son jeu que celui d’un Reynolds pris à contre-emploi.
Œuvre forte, poignante d’émotions, le troublant Captives a divisé Cannes, mais devrait séduire un panel de spectateurs plus large que les derniers opus de son auteur. L’heure de la réconciliation a-t-elle sonné ?
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