Polar à froid
Le 18 janvier 2009
Humour, effroi et mafieux : un cocktail estival pour un néo film noir revigorant


- Réalisateur : John Dahl
- Acteurs : Ben Kingsley, Téa Leoni, Luke Wilson
- Genre : Comédie, Policier / Polar / Film noir / Thriller / Film de gangsters
- Nationalité : Américain
- Date de sortie : 25 juillet 2007

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– Durée : 1h30mn
Humour, effroi et mafieux : un cocktail estival pour un néo film noir revigorant
L’argument : Ce qu’il y a de bien à Buffalo quand on est alcoolique, c’est que le temps est tellement pourri que l’on peut compter sur les intempéries pour garder sa vodka au froid. C’est dans cet univers de minibar que Frank (Ben Kingsley) perd pied. Tueur à gage à la solde de sa famille américano-polonaise, il n’est plus que l’ombre de lui-même. Direction donc San Francisco et les Alcooliques Anonymes pour se refaire une santé.
Notre avis : Sous un éclairage polaire, John Dahl dégèle à nouveau le genre ultracodé du film noir. Après en avoir ravivé les couleurs dans une esthétique clippesque et survolté (Kill me again, Red Rock West), le réalisateur s’est éloigné des fronts narratifs urbains des classiques des années 40 et 50 pour mettre ses personnages au vert. Des femmes fatales lâchées chez les bouseux (Last seduction), des serials killers en rase campagne, et maintenant un tueur à gage (Frank joué par un Ben Kingsley hiératique) mis en disponibilité pour se désintoxiquer aux Alcooliques Anonymes à San Francisco : Dahl hybride le genre, fait se caramboler le réalisme et le film policier dans une ville pépère.
C’est tout le plaisir de You kill me qui fait du porte-à-faux un ressort humoristique. Tandis que la gang de Pollacks auquel il appartient se fait trucider à Buffalo, Frank batifole à San Francisco. L’as de la gâchette avait perdu la main en forçant sur la bibine, et voilà maintenant l’alcoolo de service qui boit de l’eau, s’interroge sur ses procédés de mise à mort et s’amourache de Laurel (Tea Leoni). La recette fonctionne à merveille, même si John Dahl nous ressert la mécanique scénaristique qu’il exploite depuis ses débuts.
A force de retourner le film noir comme un gant, Dahl s’est pris à son propre jeu de relecture d’un genre classique. Plus Ivan Reitman que Joel Coen, le cinéaste déploie son intelligence dans une matière commerciale qu’il distanciait auparavant avec humour. Voilà un comble pour une comédie.