Don’t ask, don’t tell
Le 22 décembre 2012
Dix ans après Yossi et Jagger, Eytan Fox reprend son personnage pour nous décrire les affres de la misère sexuelle chez un trentenaire gay de Tel-Aviv. Des questionnements intéressants, mais qui ne sont malheureusement pas poussés jusqu’au bout.
- Réalisateur : Eytan Fox
- Acteurs : Ohad Knoller, Lior Ashkenazi
- Genre : Drame, Romance, LGBTQIA+
- Nationalité : Israélien
- Durée : 1h23mn
- Titre original : {Ha-Sippur Shel Yossi}
- Date de sortie : 2 janvier 2013
- Plus d'informations : Le site du distributeur
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Dix ans après Yossi et Jagger, Eytan Fox reprend son personnage pour nous décrire les affres de la misère sexuelle chez un trentenaire gay de Tel-Aviv. Des questionnements intéressants, mais qui ne sont malheureusement pas poussés jusqu’au bout.
L’argument : Yossi vit seul sa trentaine à Tel Aviv, assumant mal sa sexualité, trouvant dans son métier de cardiologue une échappatoire à ses déboires amoureux. Lors d’un voyage dans le sud du pays, il rencontre un groupe de jeunes militaires et, parmi eux, un jeune homme qui lui fait retrouver le goût de vivre.
Notre avis : C’est une suite sans en être une. Avant Yossi, il y a en effet eu Yossi et Jagger, une histoire d’amour belle et dramatique entre deux officiers dans l’armée israélienne. Yossi reprend le premier personnage, près de dix ans après cette histoire, meurtri par les échecs sentimentaux et une crise de la trentaine qui s’installe sous forme de dépression. Le film décrit avec acuité – et parfois une cruauté certaine – la misère sexuelle et affective de cet homme entouré de modèles physiques qu’il ne peut atteindre, et partagé entre le faible espoir de pouvoir retrouver un bonheur passé et la résignation qui le pousse à se renfoncer dans ses retranchements, dès qu’une main lui est tendue. Au sein d’une société qui loue la culture physique et la performance (résumées d’un trait dans l’excellente scène où Yossi a pour rencard une sorte de mannequin bodybuildé rencontré sur Internet), Yossi est un vilain petit canard dont l’homosexualité n’est vécue que comme un fardeau supplémentaire, à mille lieues de l’image de la flamboyante scène LGBT de Tel-Aviv. Ohad Knoller et son expression de chien (a)battu poussent jusqu’au bout la logique d’un personnage qui, s’il n’est jamais véritablement attachant, tient dans le film la place d’une sorte de mystère et de force de contradiction permanents. Cependant, tout se passe comme si le film avait peur de la dureté qu’il installait, et se laissait aller à un rythme et un questionnement un peu mous qui s’efforcent en vain de reproduire la tension et la vie qui animaient Yossi et Jagger.
Suivant sa ligne scénaristique sans accroc ni éclat, Yossi peine en effet à varier les tons, le registre général se résumant à une tonalité pathétique plutôt gentille qui nous fait partager les hésitations et les contradictions de Yossi, mais sans les pousser à leur point culminant. La deuxième partie du film, où l’espoir d’une rencontre et d’une nouvelle histoire d’amour se fait enfin jour pour le protagoniste, installe une situation et des questions intéressantes (notamment l’attirance d’un homme pour un autre homme plus jeune, l’évolution des tabous et des interdits dans la société israélienne, et même le fantasme de l’uniforme !), mais qui sont traitées de loin, et sur un mode assez monolithique, qui se résout de manière étrangement précipitée dans les dix dernières minutes du film. Dès lors, le récit enchaîne davantage les passages obligés, sur un ton d’ « histoire gay politiquement correcte » que les moments de grâce qui pourraient pourtant poindres par moments. Fait plus étonnant, les fans de Keren Ann pourront voir le film pour la longue performance « live » de la chanteuse au milieu du récit, et les nombreuses chansons qui ponctuent le film… mais on aurait souhaité qu’Eytan Fox joue, sur son propre instrument, une musique un peu plus variée.
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