War on Everyone - la critique du film (Deauville 2016 - Beaune 2017)

Notre avis : Avec une carrière qui méritait jusque là la considération (L’Irlandais et Calvary avaient séduits par leur ton), Michael McDonagh quitte l’Irlande pour déployer son talent iconoclaste dans un buddy-cop-movie sur le sol US. Un territoire propice à sortir les gros flingues dès que l’occasion se présente mais surtout à balancer des répliques frondeuses dans la veine de l’Arme fatale, fleuron du genre.
La comédie ne se distingue pas a priori par ses deux personnages que bien des choses opposent et qui se voient malgré tout contraints de collaborer ensemble. Ici, il n’y en a pas un pour rattraper l’autre dans ce duo d’hurluberlus ripoux à plaques, formé par Michael Peña et Alexander Skarsgård. Ces deux-là ne respectent rien, déverses des répliques outrancières par paquet de douze, aussi vite qu’ils vident leurs barillets. Malheureusement, voilà, l’intrigue aussi confuse que désordonnée n’est que prétexte à un gros cirque ambulant, indigne de l’auteur qu’a pu être McDonagh auparavant.

Car McDonagh, encore une fois scénariste et réalisateur, a beau avoir pensé son film comme un western qui serait une sorte de French Connection piloté par les Marx Brothers (de son propre aveu, recueilli en conférence de presse), le résultat se montre poussif et on a bien du mal à adhérer à sa formule hybride. Si l’osmose entre Peña et Skarsgård fonctionne dans le registre du comique de situation, il n’en va pas forcement de même au niveau de leurs répliques qui fusent (sensées tuer, elles tombent le plus souvent à plat...). Ces hyperactifs de la blague politiquement incorrecte auront vite fait de nous désespérer une fois le premier quart d’heure passé. L’humour s’effrite, le film avec, impossible alors de faire machine arrière. Cette fois c’est raté pour McDonagh et autant dire qu’on préférera revoir Very Bad Cops et The Nice Guys, tous deux bien plus drôles, agréables et caustiques dans ce genre de registre.