Bande à part
Le 22 février 2019
Hommage à la Nouvelle Vague et plaidoyer pour la jeunesse, Vivre ! est un film libre et spontané. Rafraîchissant.


- Réalisateur : Yvon Marciano
- Acteurs : Aymeric Cormerais, Jean-Jacques Levessier, Gaël Tanniou, Lydie Waï
- Genre : Comédie dramatique
- Nationalité : Français
- Date de sortie : 7 octobre 2009
- Plus d'informations : Le site officiel du film

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– Durée : 1h43mn
L’argument : A l’enterrement de leur meilleur ami Mathieu (40 ans), quatre garçons et trois filles se rencontrent pour la première fois : ils ont entre 22 et 26 ans, connaissaient tous Mathieu séparément, et chacun d’eux croyait être son seul ami. Cette rencontre imprévue est pour eux le point de départ de nouvelles amitiés, et d’un nouvel élan. Et surtout, elle leur donne envie, après la mort de Mathieu, chacun à sa manière, de célébrer la vie.
Notre avis : Cette année, James Cameron revient au cinéma après onze ans d’absence. Qui dit mieux ? Yvon Marciano et les treize années qui séparent Vivre ! de son premier long-métrage, Le cri de la soie. Le parallèle est amusant : l’un a passé des années sur un projet pharaonique, l’autre a simplement eu une impulsion, une envie de cinéma satisfaite en deux ou trois mois. Ce désir spontané a été réalisé avec les moyens du bord mais ne se dépare jamais d’une sincérité extrêmement touchante jusque dans la maladresse.
Car tout de même, on pouvait craindre le pire : un titre exclamatif un peu niais, un film écrit en quelques jours, tourné dans la foulée en trois semaines et en caméra DV, joué par des acteurs débutants, avec une équipe technique novice elle aussi. Les premières minutes confirment notre appréhension. Le jeu est hésitant, approximatif, l’image DV, même HD, est laide, et l’histoire de ce quadra mourant nous laisse de marbre. Puis, miracle, lorsque tous les protagonistes se retrouvent, orphelins du défunt écrivain, et apprennent à se connaître, quelque chose se passe, la magie opère sans que l’on sache vraiment comment (le principe même de la magie). Ce petit monde qui se découvre, s’entraide et « s’entraime », nous paraît bien familier même s’il ne s’ancre pas dans une réalité contemporaine. Clairement, et fort heureusement, Marciano ne prétend pas prendre le pouls d’une génération. Ses personnages sont à l’image de Paris au mois d’août, intemporels et parfois irréels. Pourquoi se sent-on si proches d’eux alors ? Parce qu’ils sont justement des personnages de cinéma et, plus précisément, de la Nouvelle Vague.
- © Colifilms Diffusion
Ainsi Marciano rend un hommage appuyé, un peu trop parfois, à ses maîtres, Godard en tête, et son film est truffaut...pardon...truffé de références à la french touch des années 50/60. La philosophie de la Nouvelle Vague est appliquée à la lettre : prendre une caméra, fuir les studios et filmer l’extérieur, avec peu de temps et peu de moyens, mais filmer coûte que coûte des personnages qui glosent sur l’amour, la musique, le cinéma, la littérature, bref tout ce qu’il y a de plus important. Et surtout, libérer les langues et les corps.
Mais si l’hommage est pertinent et fonctionne aussi bien, c’est avant tout grâce à la foi remarquable que porte le cinéaste à la jeunesse. Faire confiance à 95% de débutants et réaliser un film aussi réussi, cela met en lumière le potentiel présent dans nos écoles de cinéma. Beau geste.
- © Colifilms Diffusion