Le 4 mai 2016
Une réflexion intéressante sur la place de la famille et plus particulièrement sur la transmission filiale dans un monde où le pouvoir et l’argent prennent bien souvent le pas sur les valeurs humaines.
- Réalisateur : Sylvain Descloux
- Acteurs : Pio Marmaï, Clémentine Poidatz, Sara Giraudeau
- Genre : Drame
- Nationalité : Français
- Durée : 1h29mn
- Date télé : 4 avril 2017 21:00
- Chaîne : Canal +
- Date de sortie : 4 mai 2016
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Empruntant des chemins inattendus, Sylvain Descloux nous offre, dans son premier long-métrage, une réflexion intéressante sur la place de la famille et plus particulièrement sur la transmission filiale dans un monde où le pouvoir et l’argent prennent bien souvent le pas sur les valeurs humaines. Habile et bien vu ! On se laisse volontiers emporter par cette histoire originale.
L’argument :Serge est l’un des meilleurs vendeurs de France. Depuis 30 ans, il écume les zones commerciales et les grands magasins, garantissant à ses employeurs un retour sur investissement immédiat et spectaculaire. Il a tout sacrifié à sa carrière : ses amis, sa femme et son fils qu’il ne voit presque jamais. Et sa santé. Quand Gérald, son fils, vient lui demander un travail pour financer les travaux de son futur restaurant, Serge hésite puis accepte finalement de le faire embaucher comme vendeur. Contre toute attente, Gérald se découvre un don.
(C) Bac Films
Notre avis : Un groupe d’hommes à l’allure virile et déterminée est rassemblé dans une salle aux murs dépouillés. Ensemble, ils jurent foi et soumission à celui qui semble être leur supérieur hiérarchique. Mais qui sont-ils ? Des militaires que l’on prépare à une guerre ? Non ou tout au moins pas tout à fait....car c’est bien à une guerre commerciale que vont être soumis ces hommes et plus particulièrement l’un d’entre eux, Serge, la « Rolls » des vendeurs.
Avec réalisme, le réalisateur nous décrit le cynisme des méthodes utilisées , tant celles des managers vis à vis des employés que celles des vendeurs auprès des clients dans le seul but de réaliser la vente et de jouir de la fierté carnassière qui en découle. Les scènes de vente, accompagnées d’une musique à la batterie dominante qui en accentue encore le rythme et servies par un Gilbert Melki à l’animalité convaincante, représentent à elles seules la raison d’être de ce film. Pour faire face à cette soif insatiable de pouvoir et de réussite, Serge écume les salons et les routes au volant de sa BMW, symbole de sa réussite sociale. Sa vie de nomade le prive ainsi de toutes relations authentiques avec les autres. Pour oublier le naufrage affectif de sa vie, il dépense à tort et à travers cet argent, apparemment si facilement gagné. Pour tenir le coup, il n’hésite pas à avoir recours à quelque produit illicite et quand il a besoin d’un peu de chaleur humaine, il se tourne vers l’amour tarifé. C’est d’ailleurs grâce à sa rencontre avec une prostituée qu’il prouvera que derrière cet homme égoïste et fanfaron se cache un personnage fragile et humain. Pour une fois, il n’est pas loin de s’attacher à cette jeune femme intelligente et lucide que Sara Giraudeau, au regard enfantin et à la silhouette d’adolescente, interprète remarquablement. « Un vendeur et une pute, c’est à peu près la même chose » suggère-t-elle lors de l’une de leurs conversations, sous-entendant que leurs deux professions procèdent des mêmes artifices. Sans doute détient-elle là l’une des clés du film : démontrer que tous les faux semblants ne mènent nulle part et sont voués à être balayés aussi rapidement qu’ils sont nés.
(C) Bac Films
Car bien sûr si Sylvain Desclous a choisi la description du métier de vendeur comme toile de fond pour son film, l’étude d’une relation humaine, ici celle d’un père et de son fils est le cœur sensible du sujet. Si le film vaut assurément par la prestation magistrale de Gilbert Melki, il n’aurait pas eu la même intensité sans la présence à la fois magnétique et mystérieuse de Pïo Marmaï (découvert en 2008 dans Le premier jour du reste de ta vie) qui confirme son ascension vers les plus hauts sommets du cinéma français. C’est avec fascination que l’on regarde ce garçon au départ timide et pétri de bons principes se transformer en requin, signifiant à son père à la fois la fin de sa vie de débauche et le début de ses responsabilités de père. Petit à petit, le rideau de misanthropie derrière lequel se cachait le beau Serge, sûr de lui, se déchire, laissant place à un homme aux fêlures multiples, capable d’émotion et de sentiments à l’égard de ce fils qu’il a pourtant longtemps considéré comme un étranger. Pudique et efficace, servi par un duo (et même un trio car l’intervention de Sara Giraudeau, si courte soit-elle, est à ne pas négliger) d’acteurs talentueux et un scénario ambitieux, cette première œuvre prouve que le cinéma français n’a pas fini de nous surprendre et de nous séduire.
(C) Bac Films
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