Vandal – la critique du film

Chérif traverse une période difficile, la transition entre enfance et âge adulte. Le jeune homme va alors découvrir un univers poétique, lyrique : celui du graffiti.

L’argument : Chérif, 15 ans, est un adolescent rebelle et solitaire. Dépassée, sa mère décide de le placer chez son oncle et sa tante à Strasbourg, où il doit reprendre son CAP maçonnerie. C’est sa dernière chance. Très vite, dans cette nouvelle vie, Chérif étouffe. Mais toutes les nuits, des graffeurs œuvrent sur les murs de la ville. Un nouveau monde s’offre à lui ...

Notre avis : Vandal nous plonge dans l’univers d’un adolescent perturbé qui peine à devenir un homme. Un film émouvant, poétique qui mêle les dérives de l’adolescence et la beauté de l’art de rue. Hélier Cisterne délivre un univers doux, aérien où il magnifie le graffiti et lui revêt presque un caractère sacré. Chérif est perdu, la période de transition entre l’enfance et l’âge adulte est difficile. Le jeune homme se retrouve dans un univers familial particulier et s’égare entre ses choix d’orientation professionnelle et la naissance de nouveaux sentiments amoureux. Zinedine Benchenine dans la peau de Chérif, semble porter en lui une certaine violence, adouci par un caractère doux et un jeu sincère. Devant cette profonde justesse, le spectateur est immédiatement en empathie avec le jeune homme. Nous sommes loin du cliché de l’adolescent de banlieue, Chérif est un garçon comme tous les autres.

Pour encadrer le jeune homme, Helier Cisterne a fait le choix de faire appel à des acteurs très connus. Leurs apparitions demeurent plutôt brèves mais sont pour la plupart marquantes. On pense notamment à Ramzy Bedia dans la figure du père touchant, émouvant et maladroit, désemparé par le mal être de son fils.

Afin d’échapper à son quotidien, Chérif découvre l’art de rue. S’en suit une scène éclatante aux accents lyriques, poétiques. Lorsque le jeune homme découvre le graff, chaque geste devient somptueux, la peinture s’inscrit délicatement sur les murs et peu à peu le graffiti prend forme. Le réalisateur nous plonge alors dans un univers à la fois doux et dangereux. Le graff déploie toute son ampleur dans la vie du jeune homme. L’art de rue devient une échappatoire face aux difficultés de vie de l’adolescent. Le graffiti peut alors prendre la forme d’une pulsion, c’est une manière pour Chérif de s’affirmer, de trouver sa voie, grandir et devenir un homme. Le film permet aussi d’apporter un nouveau regard sur le street art et particulièrement la technique du graffiti. Dans Vandal les graffs ne sont pas perçus comme des actes dégradants mais réellement comme des œuvres d’art. Il demeure néanmoins dommage que le film ne dure qu’une 1h24. Quand l’histoire se termine, on demeure sur notre faim. Il aurait été intéressant d’en connaître un peu plus sur l’avenir de ces adolescents. On peut aussi imaginer que l’effet était désiré par le réalisateur afin de laisser à chaque spectateur le soin d’imaginer la suite.