Du crépuscule à l’aube, on s’assoupit...
Le 23 mars 2015
Cette adaptation télévisée nonchalante du film culte de 1996, pourtant toujours chapeauté par Robert Rodriguez himself, est loin de déchâiner les passions...
- Réalisateur : Divers
- Acteurs : Jesse Garcia, Robert Patrick, D.J. Cotrona, Zane Holtz, Eiza Gonzalez
- Genre : Fantastique, Action, Épouvante-horreur, Série télé, Film de vampire
- Nationalité : Américain
- : Wild Side Video
L'a vu
Veut la voir
– Date de sortie en DVD/Blu-ray : 25 mars 2015
Cette adaptation télévisée nonchalante du film culte de 1996, pourtant toujours chapeauté par Robert Rodriguez himself, est loin de déchaîner les passions...
L’argument : Seth et Richie Gecko sont recherchés par le FBI et les Texas Rangers, suite à un hold-up qui a mal tourné. En route pour le Mexique, les deux frères prennent la famille d’un pasteur en otage pour traverser la frontière. La situation dégénère lorsque le petit groupe fait une halte dans un club de strip-tease fréquenté par des vampires.
© El Rey
Notre avis : En 1996, l’association entre les desperados de la pellicule Quentin Tarantino (scénario/interprétation) et Robert Rodriguez (réalisation) nous lançait sur les traces des patibulaires frères Gecko (Clooney et Tarantino). Cette cavale infernale en deux actes aux abords de la frontière mexicaine avait su exhiber des attributs aussi sanglants qu’imprévisibles, ponctués par toute une pléiade de répliques assassines. L’arrivée au Titty Twister, un club de striptease pour motards des plus torrides, faisait alors chavirer le road-movie dans un délire vampirico-gore instantanément culte. Alors que le film honore bientôt sa deuxième décennie d’existence, Robert Rodriguez nous réinvite à prendre place au comptoir, paré à s’abreuver d’une nouvelle et copieuse lampée de tequila frappée servie par les suceurs de sang les plus maléfiques du Mexique. L’homme au chapeau, créateur du show, a lancé cette adaptation sous forme de série télévisée en exclusivité sur sa propre chaîne El Rey Network. On le retrouvera même en poste derrière la caméra sur le pilote et trois autres épisodes de cette première saison.
© El Rey
Ne passons pas par quatre chemins, l’entrée en matière s’avère poussive, le pilote se contentant de recycler et d’étirer paresseusement les dix premières minutes de son modèle. On y constate pourtant une envie d’explorer en détail tout cet univers en tablant sur une psychologie plus complexe des personnages. Il y a d’abord le choix d’avoir orienté les troubles mentaux de Richie Gecko (Zane Holtz, pas très convaincant...) sur des versants surnaturels, en laissant quasiment la folie pure au placard. Était-il vraiment nécessaire de justifier à ce point l’instabilité mentale de Richie ? À vrai dire pas forcément. Dans l’original, même tenues en bonne partie à l’écart de ses pensées névrotiques, ses réactions soudaines avaient alors le mérite de toujours déclencher une forme de stupeur.
En ce qui concerne son frère Seth, plus rationnel, joué par le ténébreux D.J. Cotrona, difficile de faire oublier la performance si charismatique de George Clooney (rappelons qu’il s’agissait pourtant là de son tout premier grand rôle au cinéma). Avec plus de tchatche mais la touche de magnétisme en moins, Cotrona demeure néanmoins l’une des pièces maîtresses du show. En nous invitant à prendre part à la scène du braquage mis sur pied avec l’aide de son frère ou en pénétrant les souvenirs les plus troubles de son passé (l’incendie qui causa la mort du paternel), on tente de mieux nous faire cerner son personnage, et ce même si ces éléments nouveaux ne se montrent pas d’une brûlante importance.
© El Rey
Pour pimenter l’ensemble et se démarquer de l’histoire d’origine, Freddie Gonzalez (Jesse Garcia), un Ranger du Texas latino qui réclame vengeance est lancé aux trousses des Gecko. Il souhaite punir les assassins de son ancien coéquipier, le Sheriff Earl McGraw (joué par le toujours sympathique Don Johnson). Un rôle trop transparent, croqué grossièrement (père de famille du bon côté de la loi, loyal et obstiné, mais encore ?) et qui ne génère malheureusement pas beaucoup d’empathie. Quant à la famille pieuse des Fuller, on ne retiendra pas grand chose d’eux, mis à part peut être la performance de Robert Patrick qui reprend la place de pasteur laissée vacante par Harvey Keitel avec un minimum d’application. Du côté des draineurs de jugulaire ce n’est guère mieux, Wilmer Valderrama incarne un meneur très insipide et Eiza Gonzalez ne possède tout simplement pas les attributs à même de remplacer l’iconique Salma Hayek dans les cœurs.
Il est intéressant de constater que la noirceur de ton de l’entreprise demeure beaucoup plus marquée que par le passé. Une fois à l’intérieur du Titty Twister, l’esprit barré qui faisait le charme du film, s’il n’a peut être pas complètement disparu, c’est néanmoins nettement affadi (le traitement réservé aux marquants Sex Machine et Frost, interprétés à l’époque par Tom Savini et Fred Williamson est ici tout bonnement déplorable...). Et bien que les effusions de sang et la petite touche de gore soient encore bien présentes, elles se manifesteront beaucoup plus sagement (il doit bien manquer plusieurs dizaines d’hectolitres au mètre cube pour tenter de rivaliser avec le modèle).
© El Rey
Il faut dire qu’on attendait aussi beaucoup de l’idée d’approfondir toute la mythologie autour des fameuses créatures de la nuit (à présent bien plus proche du serpent que de la chauve-souris sur pattes). Le temple aztèque divulgué sur le dernier plan du film de 96 avait forcément mis notre imagination en ébullition. Le traitement s’avère là encore décevant malgré la promesse tenue d’une descente jusqu’au fin fond des entrailles inexplorées du Titty Twister. Le season final terminant peu ou prou de la même manière que le long métrage, il faudra donc s’attendre à suivre un récit totalement inédit dans la seconde saison (à voir ce qu’elle pourra donner, mais au vu de ces dix premiers épisodes, les espoirs s’évaporent presque aussi vite qu’une goutte d’eau en plein cagnard).
L’objectif premier de cette série qui était d’élargir l’univers si mémorable d’Une nuit en enfer afin de combler les fans et pourquoi pas attirer une nouvelle audience n’est jamais atteint. Le show nous fait même rouspéter à force d’aligner des scènes nonchalantes passant constamment à côté d’éventuelles idées prometteuses. Parmi ceux pour qui la péloche frapadingue culte du duo Rodriguez/Tarantino est encore bien ancrée dans le disque dur, peu de chance donc qu’ils se voient transportés plus que ça...
LE TEST DVD :
Nous voici en présence d’une édition proposant une somme de suppléments plutôt agréables.
Les suppléments :
Ils sont assez nombreux et plutôt agréables à visionner. On retiendra en particulier le making-of de 22 minutes incisif et bien charpenté. Les amateurs de commentaires audio pourront eux aussi se laisser tenter puisque y sont réunis acteurs, scénaristes, réalisateurs et producteurs.
– Commentaires audio de l’équipe du film sur 5 épisodes
– Bande-annonce
– Des morts mémorables ! (1min)
– Le premier jour du tournage (2min)
– Le making-of (22min)
– Les personnages (5min)
– Spot publicitaire "Big Kahuna" (30sec)
– Qu’est ce qu’il y a dans cette malette (20sec)
– Spot TV (1min)
– Bonus spécifique à l’édition FNAC : Rencontre avec Robert Rodriguez et les acteurs (34min)
© El Rey
L’image :
L’image pâtit à la base d’une photographie peu commode, parfois saturée par l’utilisation abusive de filtres (le jaune pétant reste celui qui agresse le plus les pupilles...). On peut regretter un certain bruit sur les scènes en basse luminosité. Le reste affiche par ailleurs une résolution fréquentable.
Le son :
La dynamique en 5.1 Dolby Digital, VO ou VF est franchement satisfaisante. C’est grâce à des voix limpides et à une spatialisation assez fouillée sur chaque canaux que l’immersion sonore opère.
Galerie Photos
Votre avis
Pour participer à ce forum, vous devez vous enregistrer au préalable. Merci d’indiquer ci-dessous l’identifiant personnel qui vous a été fourni. Si vous n’êtes pas enregistré, vous devez vous inscrire.
aVoir-aLire.com, dont le contenu est produit bénévolement par une association culturelle à but non lucratif, respecte les droits d’auteur et s’est toujours engagé à être rigoureux sur ce point, dans le respect du travail des artistes que nous cherchons à valoriser. Les photos sont utilisées à des fins illustratives et non dans un but d’exploitation commerciale. Après plusieurs décennies d’existence, des dizaines de milliers d’articles, et une évolution de notre équipe de rédacteurs, mais aussi des droits sur certains clichés repris sur notre plateforme, nous comptons sur la bienveillance et vigilance de chaque lecteur - anonyme, distributeur, attaché de presse, artiste, photographe. Ayez la gentillesse de contacter Frédéric Michel, rédacteur en chef, si certaines photographies ne sont pas ou ne sont plus utilisables, si les crédits doivent être modifiés ou ajoutés. Nous nous engageons à retirer toutes photos litigieuses. Merci pour votre compréhension.