Pyjama party
Le 17 juin 2015
Présenté en avant-première au Champs-Elysées Film Festival, Une Mère de Christine Carrière montre l’impuissance d’une femme face à la violence de son fils. Paresseux, le film ne tombe pas vraiment à pic après les succès de Mommy et La Tête Haute...
- Réalisateur : Christine Carrière
- Acteurs : Mathilde Seigner, Kacey Mottet-Klein
- Genre : Drame
- Nationalité : Français
- Durée : 1h40mn
- Titre original : Une Mère
- Âge : Avertissement : des scènes, des propos ou des images peuvent heurter la sensibilité des spectateurs
- Date de sortie : 24 juin 2015
- Festival : Champs-Elysées Film Festival
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20 ans après Rosine, la réalisatrice Christine Carrière dirige à nouveau Mathilde Seignier et continue d’arpenter les sentiers sinueux de l’amour maternel. Mathilde Seigner y porte le même prénom, Marie, mais cette fois, elle est confrontée à un fils difficile et indiscipliné.
L’argument : Marie vit seule avec son fils de 16 ans. Elle se bat pour rester debout, pour le sortir des mauvais coups dans lesquels il s’enfonce. Trop usée et contrariée pour vivre sa vie de femme, Marie est coincée entre son ex toujours amoureux et son adolescent irrécupérable. Entre eux, les mots passent de plus en plus mal, l’amour s’exprime de moins en moins bien. La violence et le rejet envahissent tout. Il est mauvais fils, elle sera mauvaise mère. De là à penser qu’il n’y a pas d’amour… © Daniel Angeli
Notre avis : La vie de Marie est à la dérive, elle n’a pas vraiment de copain, son emploi est loin d’être gratifiant, et elle ne s’autorise aucune échappée hors de sa maison. Pour tout bagage, elle a Guillaume, son fils, qui est à la fois un repère et un point de rupture. Prise au dépourvu devant ses accès de violence qu’elle ne peut canaliser, elle s’accroche à lui et lui reproche sa propre solitude.
Ainsi, le projet de Christine Carrière n’est pas d’élever le personnage de Mathilde Seigner en mère courage mais de jouer sur son ambivalence, oscillant entre sa vulnérabilité et son désir de manipulation.
La thématique maternelle dans l’adversité évoque irrémédiablement Mommy de Xavier Dolan et La Tête Haute, d’Emmanuelle Bercot, des prédécesseurs encombrants au niveau des quels Une Mère peine à s’élever.
Le démarrage est laborieux. Marie est assise dans un bus qui, vraisemblablement, la reconduit chez elle après une journée éreintante. L’entrée in medias res semble invoquer l’esprit des Dardenne. Une Mère aurait très bien pu, à l’instar de L’Enfant et du Gamin au vélo, être le titre d’un de leurs longs-métrages. Mais la ressemblance s’arrête là. A contrario des personnages profonds et fragiles dépeints par les réalisateurs belges, Une Mère introduit Marie d’une manière plate et indolente. Le film s’ouvre sur le visage de Mathilde Seigner que la caméra scrute avec insistance. Tout porte à croire que l’on veut nous dévoiler quelque chose sur l’abattement de cette mère qui ne sait plus où aller, et qui, même dans le bus qui la ramène tous les jours chez elle, paraît perdue.
La réalisatrice semble déjà avoir baissé les bras et nous aussi. Le film est constuit sur un simulacre de violence : les disputes entre la mère et son fils s’égrainent mollement. Les confrontations, qui se veulent choquantes, anéantissent la portée dramatique du film tant elles sont didactiques et explicites. Les seconds rôles ne sont pas mieux écrits. Le petit copain de Marie est vite évincé du conflit : il n’existe qu’en contrepoint à la violence qui régit cette famille dysfonctionnelle. Ni tout à fait père de substitution pour Guillaume ni véritable amant pour Marie, il devient assez vite un prétexte narratif et ne parvient pas à trouver sa place dans le récit. On aurait pu imaginer, par exemple, une scène de confrontation entre lui et l’adolescent en perdition. Mais non la réalisatrice préfère accumuler les moments de violence verbale entre Marie et Guillaume.
© Daniel Angeli
La seule bonne idée du film tient à un retournement de situation qui redonne un peu d’envergure au personnage principal qui jusque là traînait chez elle en pyjama, ne sachant où aller, attendant dans le couloir que son fils se calme. La mère victime se mue en une femme manipulatrice. A la suite d’un accident, son fils lui demande de l’aide pour la première fois. Elle est alors obligée de se confronter à ses responsabilités. Au lieu de cela, elle décide de l’abandonner à la culpabilité en refusant de l’aider. Mais, au moment même où la mère revêt les habits d’une castratrice, on la perd de vue. La réalisatrice prend le parti de quitter son point de vue pour préférer celui de Guillaume. Christine Carrière contourne ainsi la difficulté, refusant de se confronter à la profondeur psychologique de son personnage féminin. Au lieu de cela, elle montre combien il est difficile pour un adolescent de 16 ans de se débrouiller seul, sans argent et sans toit. On l’aura deviné. On comprend mieux alors ce besoin sans cesse renouvelé par la réalisatrice/scénariste de tout expliquer au spectateur au moyen de dialogues univoques dépourvus de double discours. Le film s’écoule de scène en scène de manière unilatérale sans que jamais un plan ou une phrase ne viennent nous détourner ce qui est dit, formulé, répété à coups de marteau. Il est difficile d’être une bonne mère. Oui mais encore ?
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