Un pigeon perché sur une branche - la critique du film

Dernier long-métrage de Roy Andersson, Un pigeon perché sur une branche se révèle être un petite perle d’humour noir qui dépeint en une trentaine de scènes les comportements humains entre pathétique et absurde avec un trait lucide, souvent ironique, mais jamais méprisant.

L’argument : Sam et Jonathan, deux marchands ambulants de farces et attrapes, nous entraînent dans une promenade kaléidoscopique à travers la destiné humaine. C’est un voyage qui révèle l’humour et la tragédie cachés en nous, la grandeur de la vie, ainsi que l’extrême fragilité de l’humanité.

Notre avis : Après Chansons du deuxième étage, sorti en salles en 2000, et Nous, les vivants, sorti en 2007, grâce auxquels Roy Andersson établit son style fait de plans fixes et son ton scénaristique mâtiné d’humour légèrement grinçant, Un pigeon perché sur une branche philosophait sur l’existence – titre complet du film – constitue le troisième et dernier volet de la Trilogie des vivants. Ce sont des tableaux vivants qui font pénétrer le spectateur dans l’univers du film, autant de courtes scènes où les personnages se croisent, disparaissent pour laisser le cadre à d’autres personnages, puis réapparaissent avec une certaine théâtralité s’opposant à la trivialité et au caractère quotidien des événements auxquels ils sont confrontés. © Les Films du Losange
L’univers du film marque d’emblée par son étrangeté, son image en camaïeux de gris verdâtres, ses couleurs désaturées, ses visages blafards et surtout ses silences. Une apparence irréelle pour mettre en scène les situations les plus triviales, une mise à distance qui permet au spectateur d’examiner les personnages avec un regard critique. En effet qui de plus indiqué que l’étranger, ici le spectateur, pour remarquer les failles et les bizarreries de ces personnages, dont les comportements nous sont finalement bien familiers ? © Les Films du Losange
Dans un équilibre où l’absurdité des situations prend une tournure poétique, où l’humour noir émerge de l’ironie des situations, Roy Andersson propose un film qui mène le spectateur à s’interroger sur ce qui fait l’humanité. Les scènes dans le laboratoire et dans le musée d’histoire naturelle mettent d’ailleurs en avant cette recherche, ce questionnement personnel du réalisateur, dans une mise en abyme des plus troublantes. Le regard du réalisateur sur ces hommes et ces femmes dont il fait le bref portrait, loin d’être condescendant ou de se limiter à une vision pessimiste des relations humaines, témoigne d’une profonde compréhension et d’une empathie envers ces personnages. Un pigeon perché sur une branche est assurément une œuvre sensible, provocante par de nombreux aspects, mais qui démontre l’engagement, l’ingéniosité et la maîtrise de la mise en scène d’un réalisateur au style cinématographique unique.

© Les Films du Losange