Un jour en septembre - la critique

Un travail documentaire impressionnant mais qui aurait tiré bénéfice d’une approche cinématographique plus discrète.

L’argument : Septembre 1976, Jeux Olympiques de Munich. Tandis que le monde entier a les yeux rivés sur la compétition, huit terroristes palestiniens prennent en otage dix athlètes israéliens et exigent la libération de plus de deux cents prisonniers politiques.

Notre avis : Cette semaine sortent simultanément sur nos écrans deux films traitant des événements qui ensanglantèrent les J.O. de Munich de 1972. Deux œuvres différentes, certes, mais au final assez complémentaires : Un jour en septembre, revenant sur le déroulement de la tragédie elle-même, et Munich sur les suites de l’histoire (soit la liquidation méthodique par Israël des auteurs présumés de la tuerie). Un événement qui valait bien deux films tant il a été riche en symboles, aussi bien pour l’Allemagne que pour Israël. En effet, après les Jeux Olympiques de Berlin en 1936, marqués par la propagande nazie, l’Allemagne voulait cette année-là montrer au monde son nouveau visage démocratique en organisant des jeux pacifiques (à ce titre, aucun policier armé n’a été mobilisé pour assurer la sécurité de la manifestation). Du côté israélien, revenir la tête haute en Allemagne après avoir subi les persécutions était, bien entendu, source d’une immense fierté, mais marquait également la volonté de faire la paix avec l’ancien ennemi. Tous les éléments étaient donc réunis pour prouver au monde entier que les peuples pouvaient, par le biais du sport, coexister en paix. Mais c’était sans compter sur un groupe de terroristes palestiniens déterminés à se servir d’un événement retransmis par les chaînes de télévision du monde entier pour faire connaître leur combat.
Un jour en septembre revient donc sur cete terrible affaire avec beaucoup de précision. Si le travail sur les archives est impressionnant, le grand mérite du documentaire est de donner la parole à tous les acteurs de ce drame, qu’ils soient israéliens, palestiniens ou allemands. Certains témoignages (qui ont été très difficile à obtenir) sont étonnants, tels celui de l’un des terroristes encore en vie (et dont la vie est en danger), de l’ancien chef du Mossad (services secrets israéliens), du ministre de l’intérieur allemand (qui a toujours refusé de s’exprimer publiquement sur Munich) ou encore celui du chef de la police de l’époque. Si certains hauts responsables ne désiraient pas revenir sur les incidents de Munich, c’est parce que, derrière la prise d’otages, se cachent des zones d’ombres que le documentaire s’efforce d’éclaircir - et que nous vous laissons découvrir.
Petit bémol tout de même quant à la forme du film que le réalisateur qualifie de thriller documentaire. En effet, pour accroître la tension dramatique, Kevin MacDonald a choisi une mise en scène too much. A force de montage saccadé et de musique larmoyante, il fait tant monter le suspense que l’on a l’impression par moments d’être dans un film d’action. Les événement étant déjà en eux-mêmes bouleversants, un peu plus de sobriété n’aurait pas nui à l’ensemble.