Le 30 juillet 2024
Après sa très belle prestation dans Gare du Nord, Nicole Garcia repasse derrière la caméra et nous propose un film sensible, lumineux, captivant.
- Réalisateur : Nicole Garcia
- Acteurs : Déborah François, Dominique Sanda, Éric Ruf, Louise Bourgoin, Jean-Pierre Martins, Benjamin Lavernhe, Michel Bompoil, Pierre Rochefort, Olivier Loustau, Guillaume Poix, Alexandre Charlet
- Genre : Drame, Film pour ou sur la famille
- Nationalité : Français
- Distributeur : Diaphana Distribution
- Durée : 1h35mn
- Date de sortie : 5 février 2014
Résumé : Baptiste est un solitaire. Instituteur dans le sud de la France, il ne reste jamais plus d’un trimestre dans le même poste. À la veille d’un week-end, il hérite malgré lui de Mathias, un de ses élèves, oublié à la sortie de l’école par un père négligent. Mathias emmène Baptiste jusqu’à sa mère, Sandra. C’est une belle femme, qui après pas mal d’aventures, travaille sur une plage près de Montpellier. En une journée un charme opère entre eux trois, comme l’ébauche d’une famille pour ceux qui n’en ont pas...
Critique : Plus de vingt ans après son premier long métrage Un week-end sur deux, Nicole Garcia renoue, après plusieurs films à gros budget, avec un cinéma d’auteur beaucoup plus intimiste. Elle s’est entourée d’une équipe de jeunes acteurs ayant fait leurs premières classes au théâtre. Fini les travellings dispendieux pour un retour à un tournage vagabond, caméra à l’épaule qui, en collant au plus près des personnages, traduit parfaitement le caractère hésitant, fragile et tendu des situations. Le résultat : Un beau dimanche, film où Nicole Garcia, toujours avec beaucoup de sensibilité, retrouve une certaine liberté.
Le scénario d’Un beau dimanche, coécrit avec son fidèle complice Jacques Fieschi, est une histoire toute simple, linéaire, qui se déroule sur trois jours. On nous invite à y entrer avec délicatesse et bonheur.
- © les Films Pelléas
Baptiste (Pierre Rochefort), professeur des écoles remplaçant dans le sud de la France, va de ville en village, de classe en classe, enseigner avec conviction conjugaisons, divisions et autres figures géométriques. Baptiste aime ses élèves mais tient à les maintenir à distance. Nomade, solitaire étrange, faussement serein, ne voulant s’attacher nulle part ni avec personne. Nous le voyons ainsi rouler nonchalamment en scooter et fumer seul des joints dans sa chambre meublée plutôt sinistre. Pierre Rochefort a-t-il un jeu hésitant dans ce rôle ? Est-il le personnage hésitant que Nicole Garcia a souhaité mettre en scène ? Nous hésitons, nous, à trancher.
La veille du week-end de la Pentecôte un élève, Mathias, attend son père qui l’a oublié à l’école... Brinquebalé entre son père et sa mère, le gamin va finalement être le « catalyseur » de la rencontre entre sa mère Sandra (Louise Bourgoin) et Baptiste.
Louise Bourgoin, que nous avons vue récemment en odieuse mère supérieure dans La Religieuse, après d’autres rôles plus légers, joue avec crédibilité dans ce « beau dimanche » Sandra, une saisonnière de la restauration au bord d’une plage populaire. Belle fille paumée, traquée par des individus qui lui réclament 50 000 euros...
- © les Films Pelléas
L’abandon de Mathias permet donc la rencontre de ces deux êtres qui se révèlent, chacun dans son registre, des ratés de la vie, des fracassés en fuite avec eux-mêmes et avec les autres. Ils vont rapidement découvrir leurs sentiments amoureux l’un pour l’autre. Ils s’aiment parce qu’ils sont « tristes »... Baptiste décide alors de ne plus fuir et trouve la force, grâce à Sandra et Mathias, d’affronter son passé. En fait tout se passe comme si les personnages de ce trio étaient depuis longtemps en quête les uns des autres.
Le film devient captivant lorsque ledit trio part en voiture ce fameux dimanche pour se retrouver dans la propriété de la famille de Baptiste. Une famille rassemblée là pour un dimanche certainement comme les autres, à ses yeux. Des gens de la haute bourgeoisie, qui s’adonnent aux loisirs et aux conversations futiles, aux plaisirs du tennis et de la piscine. On s’ennuie et on se fatigue en famille. Baptiste, le fils rebelle, qu’ils n’ont pas vu depuis longtemps, arrive au milieu de sa tribu d’origine, flanqué de cette fille (sans doute « une passade »...) et de son fils.
Apparaît alors la mère de cette dynastie, Liliane – éblouissante Dominique Sanda – et l’atmosphère du film prend alors des tonalités proches de Tchekhov ou Bergman. Deux mondes, celui de la précarité et celui de l’argent et de l’héritage, s’affrontent. Au bungalow de Sandra, la sœur de Baptiste oppose sans arrogance les « dix chambres » de la propriété familiale.
- © les Films Pelléas
Nicole Garcia évite subtilement les clichés. Pas question de juger ces gens dont la vie se confond à l’univers de l’argent, de la Bourse et autres affaires financières. À chacun sa logique sociale, et puis, à leur façon, ils peuvent même nous émouvoir dans leur recherche désespérée de l’argent. Baptiste est revenu certes – mais uniquement pour venir chercher les fameux 50 000 euros… La mère martèle impérieusement que la place de Baptiste est parmi eux. Les frères assurent péremptoirement qu’il n’a pas le droit de laisser sa part d’héritage… Les tensions entre mère, frères, sœurs et Baptiste sont bien là dans le film, mais parfaitement retenues. Plusieurs scènes, magnifiquement maîtrisées – notamment celle du déjeuner-règlement de comptes – doivent beaucoup à la présence de Dominique Sanda qui irradie le film.
Baptiste repartira de la maison familiale en cette fin de dimanche. Apaisé, libéré, autrement libre.
À partir d’un sujet douloureux, Nicole Garcia nous offre un film décidément ravigotant.
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idalida 7 février 2014
Un beau dimanche - Nicole Garcia - critique
Scénario convenu où l’on devine ..NON le secret, mais le dénouement dés la rencontre entre cet homme suspendu et cette femme en interim dans sa vie. Beaucoup de lieux communs esthétisés qui n’ont aucune épaisseur. que dire de la performance de Miss Louise, enveloppe plastique attractive mais si lisse et inhabitée, sans authenticité pour ce rôle qu’elle traverse sans lui donner la moindre émotion. d’ailleurs Miss Bourgoin serait avisée de suivre des cours de diction, le ton haut perché est vite insupportable
Pierre lui donne à ressentir son personnage avec plus d’emotion mais parfaitement sans SURPRISE
Nicole Garcia est sentimentale mais ne touche pas à travers ce film nombriliste ...et clivant
nani 23 septembre 2020
Un beau dimanche - Nicole Garcia - critique
contrairement à Idalida, ce n’est pas Luise Bourgoin qui m’a gênée mais Pierre Rochefort dont la personnalité est inexistante dans ce film , la camera est sans cesse sur lui et montre ....rien, pas de paroles , de la tristesse oui mais c’est insuffisant, visage inexpressif, toujours le même.
le début est un peu incompréhensible , j’ai failli lacher.