The bad...and the Ugly
Le 27 mai 2014
Le réalisateur Anurag Kashyap porte un regard douloureux et sans concession sur une Inde contemporaine rongée par le vice. Le résultat ? Une œuvre tout bonnement épatante, teintée d’une noirceur sans précédent !
- Réalisateur : Anurag Kashyap
- Acteurs : Rahul Bhat, Ronit Roy, Tejaswini Kolhapure
- Genre : Drame, Policier / Polar / Film noir / Thriller / Film de gangsters, Thriller
- Nationalité : Indien
- Durée : 2h02mn
- Date de sortie : 28 mai 2014
- Festival : Festival du film Policier de Beaune, Festival de Cannes 2013
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Le réalisateur Anurag Kashyap porte un regard douloureux et sans concession sur une Inde contemporaine rongée par le vice. Le résultat ? Une œuvre tout bonnement épatante, teintée d’une noirceur sans précédent !
L’argument : Rahul et Shalini, les parents de Kali, 10 ans, sont divorcés. La fillette vit désormais avec sa mère et son beau-père, Shoumik, responsable d’une brigade de la police de Bombai. Un samedi, alors que Kali passe la journée avec son père Rahul, elle disparaît…
Notre avis : Oubliez tout de suite vos idées reçues sur Bollywood et ses soi-disant comédies musicales fleur bleue enjouées, Ugly (remarqué à Beaune cette année, il a également reçu le lotus du jury au dernier festival du film asiatique de Deauville) le dernier effort du réalisateur indien Anurag Kashyap (Gangs of Wasseypur) apparaît comme l’antithèse de ce paradis dansant. Ce film indépendant s’attarde à dépeindre un enfer désarçonné, sondant la noirceur de l’âme humaine jusque dans l’abîme et oblige par un coup de force cinématographique le spectateur à se plier à une réalité contemporaine qui inspire le dégoût. Kashyap va se montrer d’une habileté stupéfiante en prenant appui sur une narration déstructurée pour livrer une leçon de thriller sinueux.
Le film s’ouvre sur une tentative de suicide avec en fond sonore, une musique agressive à la limite de l’inaudible. Nous ressentons alors le mal être d’une jeune femme épuisée par la vie. Elle place un revolver dans sa bouche, la mort n’est plus qu’à un pas... L’irrémédiable sera toutefois évité de justesse grâce à l’irruption de sa fille Kali, la dernière raison qu’il lui reste de vivre. Une entrée en matière pessimiste qui va pourtant servir de socle à tout ce qui va suivre. Le film s’organise autour du rapt de cette même fillette dont les parents sont séparés. L’enlèvement survient en pleine journée dans un Bombay à l’atmosphère suffocante alors que la jeune fille attend patiemment son père Rahul dans une voiture. Le paternel et son ami se lancent alors dans une course poursuite infernale avec un suspect potentiel qui finira malheureusement sous les roues d’un camion avant de pouvoir avouer quoi que ce soit. Kali reste introuvable, l’affaire continue dans les bureaux de la police locale.
Le réalisateur ne va pas hésiter à égratigner l’image des forces de l’ordre de son pays. Lors de la déposition de Rahul, une scène totalement en décalage avec la situation montre les flics s’intéresser beaucoup plus à l’utilisation de téléphones portables qu’à l’enlèvement proprement dit. Ils jouent également beaucoup sur l’abus de leur autorité tout au long du film. Le beau-père de Kali, Shoumik, responsable de la brigade de police de Bombai est représenté comme un véritable tyran aussi bien dans son travail qu’au sein de la cellule familiale d’ailleurs. Au fil des minutes nous découvrirons que tous les acteurs du récit sont étroitement liés d’une façon ou d’une autre que ce soit par des antécédents, liens de parenté ou simples fréquentations. La trame éclatée va se clarifier très ingénieusement grâce à une mise en scène remarquable faite de va-et-vient entre passé et présent.
C’est avec beaucoup de stupeur et de fascination que nous serons conduit à prendre en pleine figure la véritable personnalité de chacun des protagonistes. Rancœurs tenaces, trahisons, égoïsme, cupidité, personne n’est épargné par le vice. On baigne dans l’amoralité totale au point que les intérêts personnels de chacun semblent finalement passer par dessus l’enquête et la tragique disparition de Kali. L’épilogue de cette triste histoire se révélera du reste extrêmement dur à encaisser. Toutes Les bassesses du tréfonds de l’âme humaine n’auront jamais été brossées avec autant d’élégance et de talent que dans Ugly, thriller choc et œuvre noire au titre plus qu’opportun. Inutile de préciser que nous tenons là un petit bijou du cinéma indépendant indien.
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