Into the wild
Le 13 décembre 2011
Visuellement superbe, le premier long-métrage d’Alistair Banks Griffin évoque de grands noms du cinéma tout en restant centré sur lui-même, quitte à être un peu trop hermétique par endroit.
- Réalisateur : Alistair Banks Griffith
- Acteurs : Brady Corbet, Karen Young, David Call, Ross Francis, Ritchie Montgomery
- Genre : Drame
- Nationalité : Américain
- Durée : 1h18mn
- Date de sortie : 14 décembre 2011
- Plus d'informations : Le site officiel du film
- Festival : Festival de Cannes 2010
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Visuellement superbe, le premier long-métrage d’Alistair Banks Griffin évoque de grands noms du cinéma tout en restant centré sur lui-même, quitte à être un peu trop hermétique par endroit.
L’argument : A la frontière entre la Louisiane et le Mississippi, deux frères entreprennent un voyage difficile pour honorer la dernière volonté de leur mère.
Notre avis : Le premier long-métrage d’Alistair Banks Griffin, présenté à la Quinzaine des Réalisateurs en 2010, était précédé d’une réputation flatteuse, regorgeant de comparaisons avec d’illustres auteurs dont Gus Van Sant, David Lynch et Terrence Malick, excusez du peu. Mais, nous l’avons déjà vu par le passé, bénéficier de telles références est à double tranchant car cela peut tuer le plaisir du spectateur dans l’œuf en altérant sa réception du film. Que l’on se rassure, sans être un chef-d’œuvre absolu, Two gates of sleep réussit le tour de force d’évoquer effectivement ces grands noms du cinéma sans être asphyxier par eux, mais en se créant au contraire une respiration et un rythme qui lui sont propre.
La grande réussite du film est avant tout esthétique. Dès le premier plan, on décèle un vrai talent de mise en scène, un sens du cadre aigu et un soin particulier pour la photo sans que cela soit trop ostentatoire. La suite confirme nos impressions, notamment ces lents travellings contemplatifs sur cette nature menaçante qui entoure et submerge le trio d’acteurs. Mais nous, spectateurs, sommes aussi submerger tant la représentation de ce milieu hostile déborde du film, grâce en grande partie à un travail phénoménal sur le son qui n’est pas sans évoquer (mince encore une référence !) celui d’Apichatpong Weerasethakul et la musicalité de sa jungle thaïlandaise. Les branches, les feuilles, les insectes, tout cet environnement exacerbe nos sens, fait écho et accentue la tragédie qui s’opère sous nos yeux. Les grondements sourds du tonnerre et cet orage qui ne veut pas éclater semblent représenter une entité supérieure, un ciel bas et lourd, qui écrase les personnages. Ces deux frères portent un fardeau, leur mère, symbolisé dans la deuxième partie du film par le transport laborieux et périlleux de son lourd cercueil dans une rivière qui s’apparente au Styx empli de haine de la mythologie grecque, une haine qui contaminera d’ailleurs la fragile fratrie.
Certains trouveront sans doute le propos du film un peu simpliste. En gros, à vivre en autarcie selon ses règles, on finit par creuser sa propre tombe. Mais il y a quelque chose d’indéniablement fascinant et de profondément mystérieux dans ce repli un peu autiste sur le noyau familial, ce mutisme virginal par opposition à la souillure du langage que représenterait une quelconque interaction avec la société. La scène clé est bien sûr ce dialogue de sourd au sujet de l’enterrement de la mère, filmé en plan fixe entre les frères et le médecin de la ville qui reste hors champ, à peine voit-on son reflet en arrière-plan. La communication entre les deux parties est impossible alors qu’il s’agit du seul véritable « dialogue » du film. Il n’y a pas d’issue, pas d’échappatoire, ils se condamnent eux-mêmes, s’excluent de la société pour se fondre dans une nature qui les dévore. La tragédie ultime.
Alors si effectivement tout cela peur sonner creux à certains moments, si, il faut le reconnaître, Brady Corbet en rajoute un peu dans le côté étrange de son personnage et si, au bout du compte, le film frise l’exercice de style, et bien on peut tout de même dire, pour paraphraser Serge Daney : l’exercice a été profitable, Monsieur.
Le test DVD : ICI
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