Twentynine Palms

Critique : Twentynine Palms raconte l’immersion d’un couple dans les vastes étendues arides entourant la ville du même nom. Le réalisateur a choisi de centrer son récit sur l’angoisse qui émane du lieu et de faire passer les personnages au second plan. Le résultat, hybride, tient autant du film de genre que du projet expérimental. Malheureusement, les personnages, coincés dans un espace narratif restreint, perdent en réalité et font retomber la tension.

David, un photographe américain, part en repérage près du désert de Joshua Tree, accompagnée de son amie russe, Katia. Il voyage dans un superbe 4x4 rouge, véritable bunker qui l’isole du monde extérieur. La communication entre les amoureux est compliquée par l’absence de langue commune : lui parle anglais, elle ne connaît que le français. Ils laissent donc leur corps s’exprimer sans rien pouvoir réellement expliciter. Arrivés à destination, passé l’émerveillement des premiers instants, l’immensité de l’espace s’ouvrant sous leur regard devient peu à peu hostile et les confronte l’un à l’autre.

Fasciné par cette région californienne, Bruno Dumont a voulu rendre hommage à son mystère, et par là même au cinéma américain, en lui donnant une place de choix dans son film. Il a neutralisé son récit afin de permettre aux sensations de s’exprimer. Les problèmes de communication du couple renvoient au désarroi ressenti face au paysage. De là devait naître une sensation de peur, d’écrasement. Pourtant, le réalisateur n’a pas su choisir, oscillant entre un film de villégiature, un drame psychologique et un film d’horreur. À force de maîtriser le scénario, l’ensemble perd de sa cohérence et devient une suite de fantasmes. La sensation de peur, loin de s’installer, s’évapore ; la tension ne peut grandir car la fragilité des liens entre les plans rend les personnages trop inaccessibles.

Bruno Dumont, pris dans ses questionnements sur les perturbations de l’esprit humain, n’a pas laissé l’univers américain venir à lui. Il l’a traité sur un mode trop égocentrique, perdant le sens de son projet. L’ensemble manque de sincérité et de spontanéité. À l’instar de ses comédiens qui se débattent pour exister, le film perd pied dans une intellectualisation qui lasse l’intérêt du spectateur.