Twenty feet from stardom - la critique du film

Hommage aux artistes de l’ombre, Twenty feet from stardom interroge avec douceur le rapport fictif qu’entretiennent réussite et talent.

L’argument : Nous sommes des millions à connaître leurs voix, mais personne ne connaît leurs noms. Twenty Feet from Stardom raconte l’histoire secrète des choristes qui se cachent derrière les plus grands hits de la musique populaire. C’est une célébration de ces voix de l’ombre, de ces performances d’exception qui, au-delà de la lumière des projecteurs, du fond de la scène, apportent tellement à ces chansons que nous connaissons tous. Le film suit une demi-douzaine de ces chanteurs de talent à travers l’histoire de la musique. Chacun a sa propre expérience à partager, en marge de la gloire et des stars mondiales. Ils représentent des styles musicaux variés, illustrent des époques différentes, mais tous font partie de la grande famille des voix qui nous font vibrer. Leur tour est venu d’entrer dans la lumière...

Notre avis : Primé meilleur documentaire aux festivals de Seattle, San Francisco et RiverRun, Twenty feet from stardom rend hommage aux femmes de l’ombre des plus grands hits de musiciens de talent. Les Rolling Stones, Bruce Springsteen, Frank Sinatra ou Tamla Motown... Tous ces artistes émérites ont un jour travaillé avec des choristes tombés dans l’oubli. Derrière ces noms mythiques se cachent certaines Lisa Fisher, Tata Vega, Judith Hill et autres Merry Clayton. Avides de lumière, ces chanteuses toujours reléguées au second plan revendiquent aujourd’hui devant la caméra de Morgan Neville leur droit à la gloire.

« She says, hey babe, take a walk on the wild side. Said, hey babe, take a walk on the wild side. And the coloured girls go... » fredonnait Lou Reed de sa voix suave avant de céder le micro aux jeunes femmes en question. « Doo, doo, doo... » lui répondaient-elles en gazouillant. « Doo, doo, doo... » Twenty feet from stardom nous introduit ces demoiselles à l’origine de choeurs mémorables. Si certains titres et ballades sont devenus mythiques au fil du temps, le monde quant à lui s’est empressé d’en oublier certaines interprètes. En nous présentant ces chanteuses presque anonymes, Morgan Neville met en perspective les notions de talent et de mérite.
Fugace, le succès est un amant extravagant et versatile. Lisa Fischer en a fait l’expérience. Choriste pour Sting, Mick Jagger et Luther Vandross, cette éblouissante chanteuse a goûté aux joies de la réussite publique en accédant à la notoriété et en gagnant notamment un Grammy pour son album solo, avant de retomber dans l’anonymat. Son tempérament de feu et sa voix incroyable n’auront pas suffit à la maintenir plus d’un temps sous les projecteurs.

Morgan Neville nous invite dans les coulisses du quotidien de ces femmes pugnaces qui ont vécu la majeure partie de leur existence à la périphérie de la gloire. A grand renfort de témoignages de première main, le film expose avec franchise les chagrins et combats de ces artistes, souvent issues de communautés noires. Blues, rock, soul et R’nb, le genre importe peu ; le coeur semble être toujours au rendez-vous. Parenthèse lumineuse, le documentaire invite à un moment de recueillement musical. Combat vers la reconnaissance et pèlerinage vers l’avant-scène, Twenty feet from stardom révèle au grand jour la lutte de celles qui ont toujours fait les frais du sort. Morgan Neville, profondément respectueux, leur déclare sa flamme et les fait passer, l’espace d’une heure trente, de l’ombre à la lumière.