Rêve éveillé
Le 2 mars 2024
Un film captivant sur le désir de liberté et d’évasion se confrontant aux réalités et contraintes de la vie quotidienne au moment du passage à l’âge adulte.
- Réalisateur : Stéphane Lafleur
- Acteurs : Marc-André Grondin, Julianne Côté, Catherine St-Laurent, Pierre-Luc Lafontaine, Anne-Renée Duhaime
- Genre : Comédie dramatique, Noir et blanc
- Nationalité : Canadien, Québécois
- Distributeur : Les Acacias
- Durée : 1h33mn
- Date de sortie : 18 mars 2015
- Festival : Festival de Cannes 2014
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Résumé : Profitant de la maison familiale en l’absence de ses parents, Nicole passe paisiblement l’été de ses vingt-deux ans en compagnie de sa meilleure amie Véronique. Alors que leurs vacances s’annoncent sans surprise, le frère aîné de Nicole débarque avec son groupe de musique pour enregistrer un album. Leur présence envahissante vient rapidement ébranler la relation entre les deux amies. L’été prend alors une autre tournure, marqué par la canicule, l’insomnie grandissante de Nicole. Le début de l’âge adulte et son lot de possibles...
Critique : Présenté à la Quinzaine des Réalisateurs du Festival de Cannes 2014, ce troisième long-métrage de Stéphane Lafleur surprend par son atmosphère feutrée, parfois onirique, à l’humour léger, mais toujours servie par une mise en scène riche et soignée. C’est par un noir et blanc cotonneux que l’on pénètre dans le film. Une image douce et peu contrastée nous fait découvrir le visage du personnage principal, Nicole, à qui la comédienne Julianne Côté prête ses traits. L’indolence un peu maladroite du personnage encore indécis, faisant ses premiers pas dans la vie d’adulte, s’accorde avec le cadre du récit : un quartier résidentiel où la chaleur de l’été ne fait qu’accentuer la torpeur ambiante. Le cadre, aux lignes épurées, place Nicole en son centre comme pour signifier l’ambivalence de sa position privilégiée dont elle ne sait elle-même que faire.
- © Les Acacias
En contraste complet avec l’équilibre mis en place dans la composition des plans et l’économie des mouvements de caméra – les travellings et panoramiques peuvent se compter sur les doigts d’une main -, des touches d’humour presque surréalistes ponctuent le long-métrage en lui apportant une légèreté et une poésie rafraîchissantes. On les retrouve dans certaines séquences figuratives ainsi que dans la bande-son qui s’illumine d’arpèges à la harpe lorsque Nicole croit enfin accéder à la liberté rêvée, mais aussi à travers le personnage de Martin, jeune garçon à peine entré dans la puberté mais qui déclare sans répit sa flamme à Nicole avec la voix grave d’un homme grâce à la magie du doublage. Avec son long-métrage, Stéphane Lafleur rappelle au spectateur la plasticité du médium cinématographique que l’on aurait tendance à oublier dans un cinéma trop attaché à une représentation mimétique du réel.
- © Les Acacias
Un montage elliptique vient soutenir les tensions naissant entre les personnages. Jouant avec le caractère allusif du montage, le réalisateur – qui a assuré le montage des films Monsieur Lazhar (de Philippe Falardeau) et Le Démantèlement (de Sébastien Pilote) mais a laissé ici les rênes à Sophie Leblond – parvient à embarquer le spectateur dans le monde de ses personnages, lieu où la temporalité se fait flottante et incertaine. Dans la même veine, les séquences nocturnes, pendant lesquelles Nicole, en proie à l’insomnie, erre dans les rues de son quartier, sont empreintes d’une touche d’étrangeté qui fait se suspendre le temps.
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Autre point fort du film, le développement des personnages et les relations qu’ils entretiennent les uns avec les autres – l’évolution de l’amitié entre Nicole et son amie Véronique, interprétée par Catherine St-Laurent, ou encore la belle complicité qu’elle retrouve avec son frère, joué par Marc-André Grondin - restent toujours dans une nuance qui fait la richesse du long-métrage. Ajoutez à cela une bande-son qui intègre une musique originale jouée « en live » par les acteurs eux-mêmes, composée par Rémy Nadeau-Aubin et Organ Mood, une musique qui, à l’image de Nicole, se crée au fur et à mesure que l’on progresse dans le film. Tu dors Nicole est sans aucun doute un long-métrage réussi.
- © Les Acacias
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