Le 2 avril 2020
Le premier long métrage en tant que réalisateur de Tommy Lee Jones est un excellent drame westernien aux accents de tragédie antique, bien servi par le scénario de Guillermo Arriaga et un climat d’irréalité à l’orée du fantastique.
- Réalisateur : Tommy Lee Jones
- Acteurs : Tommy Lee Jones, Barry Pepper, Julio Cedillo, January Jones, Dwight Yoakam
- Genre : Drame, Western
- Nationalité : Américain
- Distributeur : EuropaCorp Distribution
- Editeur vidéo : Fox Pathé Europa, EuropaCorp
- Durée : 2h00mn
- Box-office : 621 415 entrées France
- Titre original : The Three Burials of Melquiades Estrada
- Date de sortie : 23 novembre 2005
- Festival : Festival de Cannes 2005, Sélection officielle Cannes 2005
Résumé : Le corps de Melquiades Estrada, paysan mexicain, est retrouvé en plein désert, où il a été rapidement enterré après son assassinat. Par qui ? Pete Perkins, contremaître de la région et meilleur ami de Melquiades, va mener lui-même l’enquête que les autorités locales refusent d’assumer.
Critique : Ce coup d’essai en tant que réalisateur de l’acteur Tommy Lee Jones (Le Fugitif, Men in Black) est un coup de maître. Reprenant les codes du western (tournage au Texas, cow-boys à la gâchette facile), il revisite un genre qui a la réputation d’être moribond depuis les années 70. Sans la démystification entreprise naguère par Penn (Little Big Man), il allie l’humanité d’Eastwood (Impitoyable) à la noirceur de Peckinpah, auquel l’apparente rudesse de la narration fait songer. Pourtant, c’est une œuvre personnelle et maîtrisée qui nous est présentée ici, l’auteur rejoignant la galerie prestigieuse des comédiens cinéastes (Redford, Newman, Beatty, Duvall, Penn…). On a d’abord affaire à un récit très bien écrit et finement dialogué. Le scénario de Guillermo Arriaga (habituel collaborateur de Alejandro González Iñárritu) relate une inhabituelle histoire de vengeance qui s’avère être une belle leçon de vie. Pete Perkins (Tommy Lee Jones) décide de venger son meilleur ami, un Mexicain clandestin abattu par erreur près de son domicile frontalier. Les autorités locales refusant d’assumer la responsabilité de Norton, un jeune douanier violent et xénophobe, Perkins va enlever ce dernier, l’obliger à déterrer Melquiades et entreprendre avec lui un étrange voyage. Voulant offrir à son ami une sépulture digne de lui, Pete va par la même occasion affiner le système des valeurs de Norton (pardon, honneur, responsabilité). Cette « mortelle randonnée », assortie d’un suspense policier, puisque les deux hommes sont poursuivis par les autorités, emprunte alors les sentiers du road movie westernien. Les plus belles rencontres (comme ce vieillard abandonné qui demande à mourir) révèlent peu à peu l’évolution des personnages, l’amertume de Perkins cachant une générosité sans faille, et Perkins passant de la lâcheté et la violence à la compassion. Le film est découpé en chapitres, dont les titres apparaissent sur l’écran, et des flash-back inattendus ressuscitent Melquiades. Le brio de la mise en scène apparaît ainsi dans cette linéarité cabossée, d’autant plus que la scène du meurtre est filmée deux fois, du point de vue du tueur puis de celui de la victime. La présence du cadavre en décomposition, outre qu’elle suscite un enjeu dramatique (tiendra-t-il jusqu’au terme du voyage ?) crée un climat d’irréalité : nous sommes à l’orée du fantastique, et l’ombre d’une certaine littérature latino-américaine (Gabriel García Márquez) plane alors sur le récit. La perfection technique de l’œuvre doit être également soulignée : la photo de Chris Menges rend admirablement la luminosité du désert dans un format scope justifié, et le montage lie avec habileté les périodes et les espaces. Trois enterrements obtint le prix du scénario et le prix d’interprétation masculine au Festival de Cannes 2005. Une double récompense certes méritée mais qui semblait minimiser le rôle de Tommy Lee Jones en tant que metteur en scène. Neuf ans plus tard, il réalisait The Homesman, son second long métrage, d’un bon niveau mais moins percutant.
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groupie 23 novembre 2005
Trois enterrements - Tommy Lee Jones - critique
illuminé
Pour son premier film, Tommy Lee Jones nous entraîne dans une histoire d’amitité, de promesse à tenir, de vengeance - mais est-ce vraiment une vengeance ? plutôt une leçon d’humanité.... On pense aux premiers films réalisés par Clint Eastwood, et même aux grands réalisateurs de westerns (Ford, Peckinpah...), ce qui n’est pas une mince référence !
Chaque personnage secondaire est parfaitement dessiné et participe à l’esquisse d’une ville frontière du Texas, presque le bout du monde pour les Américains.
Et ce qui ne gâte rien, les paysages sont splendides (allez le voir dans une grande salle !) et la musique colle parfaitement au film.
Vous aurez compris que ce film m’a enchantée ! Si vous avez soif de grands espaces et de soleil, foncez le voir !
OBELIX91 16 décembre 2005
Trois enterrements - Tommy Lee Jones - critique
Un film comme les américains savent les faire, en dehors de la grosse cavalerie Hollywoodienne, quand ils veulent bien regarder en face leur pays. Les acteurs sont formidables, non seulement Tommee Lee Jones mais aussi Barry Pepper, le grand oublié du concert de louanges. Le film dresse un état consternant de la moralité de la police (les shérifs sont élus et ne veulent pas de vagues) américaine qui ne souhaite pas vraiment savoir qui a tué un jeune méxicain entré illégallement au Texas. Le film est centré sur certaines valeurs, comme le respect de la parole donnée et aborde le sujet de la rédemption. Il est impeccablement découpé, on ne s’ennuie pas une seconde, les paysages sont superbes et la musique bien choisie.