Not so De(e)pp...
Le 12 mars 2021
Un pseudo-film d’anticipation raté signé du chef opérateur de Christopher Nolan.
- Réalisateur : Wally Pfister
- Acteurs : Johnny Depp, Cillian Murphy , Paul Bettany, Rebecca Hall, Kate Mara
- Genre : Science-fiction
- Nationalité : Américain
- Distributeur : Société nouvelle de distribution (SND)
- Durée : 1h53mn
- Date télé : 12 mars 2021 20:50
- Chaîne : RTL 9
- Titre original : Transcendence
- Date de sortie : 25 juin 2014
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Résumé : Dans un futur proche, un groupe de scientifiques tente de concevoir le premier ordinateur doté d’une conscience et capable de réfléchir de manière autonome. Ils doivent faire face aux attaques de terroristes anti-technologies qui voient dans ce projet une menace pour l’espèce humaine. Lorsque le scientifique à la tête du projet est assassiné, sa femme se sert de l’avancée de ses travaux pour « transcender » l’esprit de son mari dans le premier super ordinateur de l’histoire. Pouvant désormais contrôler tous les réseaux liés à internet, il devient ainsi quasi omnipotent. Mais comment l’arrêter s’il perdait ce qui lui reste d’humanité ?
Après ses aventures « sparoïques » à bord du Black Pearl et sa métamorphose en indien bizarroïde à la coiffe toquée dans Lone Ranger, Johnny Depp a choisi de disparaître en se dématérialisant purement et simplement. Comme ça, histoire de changer d’air et de ramasser gros. Une incursion dans la SF qui part bien vite en eau de boudin pour un résultat vraiment décevant. Autant le dire de suite : c’est lisse et on s’ennuie ferme. Aspérités, où êtes vous ?
- © Tobis Film
Critique : Réalisé par Wally Pfister, directeur de la photo attitré de Christopher Nolan depuis Memento, Transcendance avait de nombreux arguments pour séduire avec son casting de stars et son sujet dans l’air du temps. Mais l’apprenti réalisateur (il s’agit de son premier film), sans doute trop longtemps caché dans l’ombre du maître, semble bien timoré quand il s’agit de passer aux choses sérieuses. Si le film parvient à intriguer dans un premier temps avec une histoire autour du développement d’une intelligence artificielle supérieure capable de guérir tous les maux de la terre et tout le tralala qui va avec (il n’est pas nécessairement déplaisant de se retrouver en terrain connu), il peine vraiment à entrer dans le vif du sujet. Et alors que la figure du scientifique incarnée par Johnny Depp devient enfin intéressante lorsqu’il renaît de l’autre côté de l’écran, le réalisateur semble passer complètement à côté du sujet, nous livrant un ramassis de réflexions « philosophiques » de bas étage au lieu de se concentrer sur le seul point vraiment important : la remise en cause de l’humanité de son personnage. Le film oscille alors entre plusieurs formes et manque de liant, ce qui a pour effet immédiat de faire stagner l’action. Pis même, on en est presque privés, le film semblant privilégier la recherche « cérébrale » autour des infinies possibilités de l’IA aux scènes d’action pure. On en viendrait presque à regretter les bourrinages d’Elysium qui avaient au moins le mérite d’être divertissantes. En ce qui concerne les notions de reproductibilité et de contrôle par une intelligence supérieure, on sent surtout des relents mal digérés de Matrix et Blade Runner, sauf qu’il n’y a pas un gramme de fun ni un vrai univers à se mettre sous la dent. Les décors sont certes fort bien conçus, mais leur aspect par trop aseptisé manque de cette folie créatrice qui donne une âme à un environnement, ce qui contribue à renforcer la gêne que l’on ressent déjà vis-à-vis de personnages dont le sort nous indiffère complètement. Même la superbe Rebecca Hall, si naturelle et si touchante à l’accoutumée, est un mur. Et que dire de Depp, vraiment pas dans son élément. Un comble pour un type censé être libre comme l’air. Pour la puissance d’évocation de l’inévitable love story contrariée, on repassera. Mieux vaut courir voir l’exceptionnel Her de Spike Jonze, qui touchait avec une infinie délicatesse à l’essence même d’une possible relation homme-machine.
- © Tobis Film
Plausible dans sa première moitié, Transcendance devient franchement abracadabrant dès lors que Johnny Depp commence à avoir de réels désirs mégalomaniaques. La régénération cellulaire se voit devenir une véritable arme de contrôle sur des « doubles » bien réels tout droits sortis des Âmes vagabondes devenus pour l’occasion des sortes de zombies invincibles rompus à la volonté du maître. Petit problème de taille : le maître n’est pas un vrai méchant à l’image de l’habituel scientifique fou des Marvel ou de Hollow man pour qui la violence est un mal nécessaire vers l’accomplissement de son destin, et ses desseins manquent de clarté. Veut-il vraiment gouverner un monde à son image ? Est-il encore en faveur d’un certain libre arbitre de l’homme ? Est-il capable de compassion ? Veut-il tout simplement sauver la terre d’un désastre écologique imminent ? Cette transcendance, si elle ne semble pas avoir de limites puisqu’on peut vaincre la mort par la simple sauvegarde des données « chimiques » obtenues grâce aux impulsions électriques du cerveau-, pose aussi la question de l’altération de la personnalité. Sans l’excédent humain et les notions de choix et d’erreur, débarrassée du corps, la pensée se développerait sans doute plus vite, mais nous perdrions ce qui fait de nous un être humain unique et donc non reproductible. Au final, outre son manque d’ambition en terme de réalisation (les scènes d’affrontements sont vraiment cheap et les effets spéciaux somme toute assez peu galvanisants), sa sempiternelle parabole écolo et sa nécessaire évocation (qui s’avère bidon) de la menace terroriste, Transcendance semble seulement effleurer la surface des choses. Wally Pfister se perd dans les multiples ramifications de son discours sans penser un instant au plaisir simple du spectateur en quête d’émerveillement (ou de sidération) devant l’inconnu. Bref, vous l’aurez compris, la transcendance, la vraie, est à chercher ailleurs, et ne se trouvera pas du côté de l’écran, du moins pas cette fois-ci.
- © Tobis Film
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