Tout est faux - la critique du film

Tour de force désargenté, Tout est faux fascine tant par son opiniâtreté que son désespoir. Dans le microcosme qu’est le notre, des milliards d’idées contradictoires se heurtent aveuglément les unes aux autres, noyées dans le marasme de nos certitudes. Existe-t-il une réalité ?

L’argument : Fred, un homme seul dans Paris, exécute chaque jour une tache monotone à son travail, il déambule ensuite dans la capitale s’imprégnant des éléments qui l’entourent. Il contemple la dynamique de l’environnement urbain, des meetings politiques des présidentielles 2012, des passants et de son amie Marie. Déboussolé face à un monde de plus en plus faux, Fred va se créer sa propre réalité...

Notre avis : Premier long-métrage de Jean-Marie Villeneuve, Tout est faux se fait le porte-voix d’une majorité silencieuse. Non pas celle qu’exhortent en vain politiciens cupides et technocrates bornés, mais celle rendue mutique par la grande fumisterie de la classe dirigeante. Auto-produit avec un budget dérisoire (2000 euros en tout et pour tout), Tout est faux se propose d’exister malgré les réticences du système.

Au centre du récit, Fred, personnage saturnien à l’existence aussi creuse que ses envies. Malmené par les mensonges fallacieux et promesses idoines aux élections présidentielles, il ne parvient pas même à formuler ses objections oralement. Avec douleur, Tout est faux interroge le fantasme collectif que nous avons accepté de nous voir imposé.
Si Jean-Marie Villeneuve n’a pour le moment pas les moyens financiers de ses ambitions, il témoigne de convictions si fortes que l’en on oublie les tares de son œuvre. Son goût de la démesure et sa pugnacité amère teintent le long-métrage d’un parfum de hargne. Il n’en reste pas moins que si tout est faux, le mensonge a ses attraits.

Après tout, si les chairs sont à vif, ne vaut-il pas mieux se répéter inlassablement que « Jusqu’ici, tout va bien... » ?