Le 26 décembre 2013
- Voir le dossier : Bilan 2013
Et voici le Top 5.
Et voici le Top 5.
5 // THE SLAP
Une claque de perdue, des traces retrouvées par Estelle Charles
En Australie, le quotidien d’une famille à la dérive prend l’eau à l’ombre d’un barbecue, percuté par une simple claque. En un instant, c’est tout l’équilibre de la fête qui sombre. Adapté du roman de Christian Tolkias, la série brille par son épure dramatique : une claque déclenche la vague de l’action et huit épisodes plus tard, ses conséquences déferlent toujours ! Résolument chronique, The slap a cette qualité rare, celle de savoir doser. Si le drame collectif de la claque noyaute le récit, c’est bel et bien les multiples drames intimistes des personnages qui donnent de la chair aux épisodes. Mieux encore, la claque agit comme un catalyseur. Petites névroses, vieux travers et crises existentielles, ce petit geste révèle d’autres traces... Entre la mère sur-protectrice, le macho brutal, le mari absent et l’épouse débordée, chacun tente de garder le cap. Dans la fuite, dans le mensonge ou dans l’affrontement. D’une finesse absolue, cette mini-série de huit épisodes prend le spectateur au jeu du ricochet. A chaque épisode, un nouveau lieu, un nouvel angle, un nouveau personnage. Et toujours la même pierre originelle : cette claque partie trop vite. Alimentée par une tension permanente, The Slap scrute la nature humaine à fleur de peau. Caméra portée, approche réaliste, naturel du jeu des acteurs, on se sent comme un poisson dans l’eau dans cet univers austral, touché par ces héros et héroïnes qui nous ressemblent. Une famille lumineuse de justesse. Émouvant.
4 // UTOPIA
Une beauté virale par Estelle Charles
Dans un monde gangrené par un complot international, cinq héros d’âges et d’horizons différents se retrouvent embarqués dans une épopée diablement envoûtante. Poursuivis par une organisation meurtrière secrète appelée le ’’Network’’, Ian, Becky, Grant et Wilson réalisent qu’ils ont un point commun : leur addiction à une bande dessinée légendaire, ’’Utopia’’.... ’’Where is Jessica Hyde ?’’ Telle est la question lancinante éternellement posée dans le pilote de la série. Comme un appel mystique, comme un danger imminent, comme un mystère.... Utopia, c’est avant tout le charme d’un univers. Esthétisée à souhait, l’image de la série tranche par sa beauté. Visages plongés entre lumière et obscurité, couleur saturée et raccordée dans le plan, brouillard dévorant et éclairage artificiel, chaque épisode est à lui seul un conte terrifiant : ’’regarder Utopia doit être comme manger des bonbons, doux, plein de couleurs....mais filer la nausée’’. Sous ses airs de fantastique lynchien, la série cache une tonalité réaliste. Un mélange des genres surprenant qui ne pouvait se faire qu’Outre-Manche, sous le ciel gris de nos "Misfits" préférés, qui eux aussi nous surprenaient quatre ans plus tôt. Violente mais toujours justifiée, la série prend le pari de laisser le spectateur dans le doute. Et ça marche. Dans Utopia, tout nous échappe ou presque : le passé des héros comme celui de leurs bourreaux, les racines de la traque, le contenu du livre tant convoité. Savamment distillés au cœur de l’intrigue, les indices tombent au compte goutte. Comme cet étrange vaccin.... A partir de là, le puzzle s’enclenche et les angles de vues se démultiplient. Si l’aspect thriller peine à se manifester lors du premier épisode, la suite de la saison accélère le rythme et réussit à appâter le spectateur à coups d’énigmes poupées russes et grâce à son ambiance si singulière. A l’image, un sac jaune, un van violet et le visage robotique de Jessica Hyde. Hypnotisant.
3 // HOUSE OF CARDS
As de pique par Camille Lugan
Washington, ton univers impitoyable. Adaptée d’une mini-série anglaise du début des années 1990, House of Cards suit le parcours machiavélique d’un sénateur américain qui, débouté de son ambition de devenir Secrétaire d’Etat des Etats-Unis suite à l’élection du nouveau président-qu’il a pourtant contribué à élire-, met sur pied une série de stratagèmes pour continuer à avancer ses pions sur l’échiquier politique… et éliminer au passage quelques fous inutiles. Diffusée d’un seul trait sur Netflix, le réseau-roi de vidéo à la demande aux Etats-Unis et plus récemment sur Canal+, House of Cards mise sur le haut-de-gamme aussi bien à l’écriture (Beau Willimon) qu’à la réalisation (David Fincher aux commandes des deux premiers épisodes, et dont la patte visuelle imprègne fondamentalement la série) et se dote d’un casting d’exception (Kevin Spacey et Robin Wright Penn en couple paradoxal et calculateur). L’univers de la série est glacial tant sur le fond que sur la forme – immenses espaces vitrés où glissent petits et grands carriéristes, mouvements de caméra amples et chorégraphiés, discours face caméra d’un Kevin Spacey cynique et maître de lui-même-. Au cœur de la matière narrative, un discours sur l’ordre politique et le pouvoir, cet obscur objet du désir dont le personnage principal nous fait comprendre qu’il se place « au-dessus de tout », y compris de l’argent. Série de la virtuosité scénaristique, faisant redescendre Shakespeare dans le secret glacé des bureaux du Congrès américain, House of Cards se « lit » d’une traite comme un roman bien ordonné alors que l’on en vient parfois à suffoquer. Une course à la démesure, dont Netflix compte bien sonner le deuxième round dès février 2014.
2 // GAME OF THRONES SAISON 3
"Le pouvoir est l’apanage des puissants" par Nicolas Lochon
Avec son budget de plus de soixante millions de dollars par saison, Game Of Thrones, véritable rouleau compresseur ô combien bancable aurait pu sombrer dans la facilité comme n’importe quelle série clinquante et nantie espérant attirer l’audience par une débauche d’effets spéciaux. Mais les scénaristes ont su capter à merveille la vraie nature de l’œuvre colossale d’un George R. R. Martin toujours soucieux de fléchir les fondamentaux de la narration pour briser les carcans du classicisme. Encore plus sombre que les précédentes, cette troisième saison, machiavélique à souhait, cristallise, via le nécessaire jeu des alliances, le fragile équilibre politique des Sept Royaumes alors que la guerre pour la succession au trône de fer continue de faire rage. De son côté, Daenerys Targaryen, héritière légitime de la couronne et mère des dragons, continue son périlleux périple tandis que Jon Snow lutte pour sa survie au delà du mur qui sépare la prétendue civilisation du territoire des sauvageons renégats hanté par les White Walkers, corps sans vie déambulant au cœur du blizzard. Depuis ses débuts, la série a pris suffisamment de chemins épineux pour prouver son caractère sans concession et belliciste marqué par une violence viscérale, une sexualité crue et par dessus tout une véritable régularité en terme de conscience politique. Plus complexe encore que les précédentes, cette troisième saison offre un spectacle total, noir et désabusé, où la course au pouvoir n’a d’égal que la folie et la barbarie des hommes. Le grand architecte de cet univers de tous les dangers semble avancer ses pions dans une partie d’échec où chacun sera tôt ou tard sacrifié pour céder aux caprices de puissants eux-mêmes frappés par le sort, comme si le mal rôdant de l’autre côté du mur n’était rien en comparaison de la gangrène qui ronge les Sept Couronnes. Là où nombre de séries sombrent dans une mode itérative du suspens, Game Of Thrones possède une propension à utiliser son sens du "twist" pour le rendre intrinsèque à ses thèmes de prédilection. Si ces mots vous semblent abstraits en amont du visionnage, attendez de découvrir un certain épisode au cliffhanger démentiel, autant parce qu’il choquera que parce qu’il est en fait d’une logique implacable, et tout sera limpide : Le Trône de Fer est autant intelligent que ludique et artistique. Une grande série, portée par des esthètes promettant leur création à des jours moins sombres que ceux qu’elle décrit !
1 // BREAKING BAD SAISON 5 (PARTIE 2)
Walter White vous tire son chapeau ! par Tristan Gauthier
Suite et fin des aventures de Walter White, professeur de chimie passé « pro » dans la fabrication et le commerce de méthamphétamine suite à l’annonce de son cancer et de son jeune acolyte Jesse Pinkman, cette dernière ligne droite à la limite de la perfection s’est vue enfin récompensée par l’Emmy Award de la meilleure série dramatique, coiffant au poteau les dragons de Game of Thrones. Véritable descente aux enfers après un début de saison (les 8 premiers épisodes produits en 2012) au cliffhanger démentiel, la série renoue avec l’insoutenable suspens du final de la saison 4 et maintient le spectateur oppressé dans une ambivalence permanente vis à vis d’un personnage principal en roue libre devenu profondément détestable. Le tandem Pinkman / White va à vau l’eau alors que l’étau se resserre autour d’un Walt de plus en plus primitif poussé dans ses derniers retranchements, répondant à un impératif de survie à l’image d’un animal blessé. Encore une fois exceptionnel, Bryan Cranston insuffle à son personnage cette froideur de plus en plus glaciale alors qu’il glisse inexorablement vers les limbes. Laissant davantage d’espace à Hank (le génial Dean Norris)-symbole du flic idéaliste obligé de sacrifier à ses idéaux pour obtenir justice-sans pour autant reléguer Jesse Pinkman au second plan, les scénaristes ont su redoubler d’ingéniosité pour mener l’intrigue vers sa conclusion naturelle en respectant le subtil équilibre entre immobilité et action qui a fait les beaux jours de la série. Malgré quelques grosses ficelles qui sentent le réchauffé des saisons précédentes et une mise en place un peu longue avant d’atteindre un climax quasi permanent, cette saison reste dans son ensemble la plus réussie de la série, se lestant de toutes les fioritures n’étant pas absolument indispensables à l’intrigue. Visuellement spectaculaire et d’une incroyable fluidité, Breaking Bad s’offre un ultime baroud d’honneur en convoquant ses genres fétiches (ambiance film noir, duel au soleil façon western, polar, film de gangster) et monte crescendo jusqu’à son ultime et renversant coup d’éclat. Petit chef-d’œuvre amoralement moral d’une précision chirurgicale que l’on savoure avec un plaisir coupable, Breaking Bad a d’ores et déjà sa place au chaud au panthéon des séries cultes. Il ne nous reste plus qu’à attendre le spin off de la série mettant en scène l’inénarrable avocat Saul Goodman. Ça promet !
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