Le 26 décembre 2013
- Voir le dossier : Bilan 2013
La crème de la crème des séries télé 2013 rien que pour vous !
Bien que la neige ne se décide pas encore à tomber au grand dam de tous les nostalgiques d’un Noël blanc, le moral semble au beau fixe en cette période de fêtes. Et qui sait, peut-être que le patriarche lapon à la barbe duveteuse a caché dans sa hotte de jolis coffrets à l’effigie de vos séries préférées enrubannés de couleurs éclatantes ? Une aubaine car cette année encore, les incontournables reines de la petite lucarne ont démontré à quel point leur capacité à innover, bricoler, surprendre et émotionner n’avaient rien à envier à beaucoup de leurs cousins pelliculaires. C’est donc avec un étonnement tout relatif mais sans bouder notre admiration pour autant que l’on retrouve avec délice un David Fincher aux manettes des deux premiers épisodes d’House of Cards (comme l’avait fait Scorsese pour brosser le portrait des personnages de Boardwalk Empire), donnant à la série une véritable identité visuelle. On annonce déjà Cuaron (Believe), Winding Refn (Barbarella) et Shyamalan (Wayward Pines) pour le lancement de « leur » série en 2014. De quoi envoyer du lourd... En attendant, on vous laisse le loisir de découvrir les pépites 2013 d’une rédaction de plus en plus sériesphage !
Formellement impressionnantes et de plus en plus abouties d’un point de vue scénaristique-bien qu’entraînant chez le spectateur une chronophagite aiguë-, les séries font désormais partie de notre paysage quotidien, si bien qu’on en vient même à croiser un portrait de Walter White au marché de Noël et des figurines Game of Thrones dans les rayonnages de la FNAC ! Mais attention, si les considérations générales sur le niveau atteint par la progéniture de la petite lucarne ont de quoi réjouir, le ravissement se cantonne à quelques titres qui nagent en eaux troubles au milieu d’un océan de séries sans sel ni saveur. Il faut donc choisir avec parcimonie parmi les centaines de séries qui envahissent les ondes et la toile (on rappelle que le téléchargement illégal constitue actuellement le principal vivier des amateurs...), d’où ce top ô combien suggestif et lacunaire qui n’a d’autre but que d’aider le spectateur à faire les bons choix.
Voici nos favoris de la place 10 à 6 :
10 // TOP OF THE LAKE
Le paradis perdu par Tristan Gauthier
Vingt ans après sa Palme d’or cannoise pour La leçon de piano, la réalisatrice néo-zélandaise Jane Campion revient sur le devant de la scène avec Top of the Lake, mini-série dans laquelle elle prouve une nouvelle fois sa capacité à brosser avec une sensibilité toute féminine une galerie de personnages éminemment complexes et surtout profondément humains dans toute l’étendue de leur imperfection. Âgée de 12 ans et enceinte de cinq mois, Tui disparaît après avoir été retrouvée dans les eaux gelées d’un lac du coin. Chargée de l’enquête, Robin Griffin, revenue pour l’occasion dans le lieu où elle a grandi, devra affronter tour à tour Matt Mitcham, père de Tui et baron de la drogue local et GJ., une gourou à la tête d’un camp pour femmes. De plus en plus happée par l’enquête, Robin est rattrapée par ses vieux démons. Comme à son habitude, Jane Campion prend son temps pour installer un climat et des personnages au cœur d’un lieu insolite formant un microcosme régi par ses propres règles. Sans jamais tomber dans le manichéisme primaire ou le propos féministe de seconde zone, elle traite de l’amour sous toutes ses formes, avec ses dérives et ses violences, mais aussi de sexe, de reconstruction et d’émancipation, autant de thèmes fétiches qu’elle entremêle avec une grande intelligence. L’intrigue dépasse vite la simple enquête de police pour se frotter aux aspérités d’un monde qui n’a en réalité rien du pseudo jardin d’Éden imaginé par une GJ elle-même désabusée campée par la grande Holly Hunter. Toute entière traversée par un retour symbolique aux sources et un rapport intrinsèque à la terre, Top of The Lake suit l’évolution des différents personnages alors que la disparition de Tui sert de toile de fond à la révélation de secrets enfouis. Paysages sublimes, finesse de l’écriture, quête identitaire à valeur universelle et mise à nu des protagonistes, les sept épisodes diffusés il y a peu sur Arte ne manqueront pas de vous ébranler.
9 // AMERICAN HORROR STORY SAISON 3
Les litanies de Satan par Emma Martin
Précis de démonologie à l’usage de néophytes, la troisième saison d’American horror story se vautre lascivement dans les boueux marais de la Nouvelle-Orléans. Après avoir emmuré le spectateur dans le vivier d’une colonie de spectres et l’avoir enchaîné dans le caveau d’un hospice de fous, la série se propose de l’introduire dans une guilde de sorcières du vingt-et-unième siècle. Coven griffonne en lettres de sang une interprétation nouvelle de légendes ancestrales au sujet de nécromanciennes, thaumaturges et pythonisses. Trois cent ans après le procès des sorcières de Salem, les succubes en voie d’extinction se terrent dans un établissement où la chef de clan entend mener sa loi. La diabolique Jessica Lange, égarée dans sa quête de beauté et de jeunesse éternelle, s’y montre encore plus névrosée que de coutume et son talent irradie d’une sombre aura cabalistique. Entre magie noire, zoophilie et inceste, American horror story : Coven plonge avec délectation les aiguilles acérées de l’angoisse dans les membres d’une poupée vaudou à notre image. Sinistre et narquoisement malsaine, cette nouvelle saison au générique obscène invite à un sabbat morbide autour d’un bûcher des vanités.
Voir la critique complète de la saison 2
8 // REDFERN NOW
L’appel des origines par Estelle Charles
Sydney, 2013. Six épisodes, six familles, six intrigues et un quartier, celui de Redfern. Créé par Jimmy Mc Govern (scénariste britannique d’Accused), Redfern now est un projet écrit, produit et réalisé par la communauté aborigène à destination de toute l’Australie. Un réel défi dont le but n’est autre que de mettre en lumière le quotidien méconnu de Redfern, quartier aborigène populaire de la capitale, et de lui donner la parole. Dans un pays où le fantôme du racisme continue de planer au-dessus des consciences, rouvrir de vieilles plaies peut paraître osé. Mais loin de régler ses comptes avec le passé, Redfern now découpe avec justesse une série de tranches de vie parfaitement bouclées. Car dans la série, les personnages se croisent sans se rejoindre quand leurs histoires elles, se répondent. Évitant de verser dans le misérabilisme social, la série surprend, touche au cœur et fait même sourire, sans oublier de creuser en posant de vraies questions sur l’abandon social, les dérives policières et la persistance d’un système encore trop discriminatoire. Aussi, quand Joel, jeune collégien du quartier se fait renvoyer de sa prestigieuse école pour avoir refusé de chanter ’’l’Advance Australia Fair’’ (dont les paroles ont des vieux relents colonialistes), l’indignation nous tenaille presque autant que son père, qui, lancé dans un délire de rébellion identitaire, ne cesse d’affirmer son affiliation aborigène. Amusée, sa femme lui rétorque qu’il ne sait même pas allumer un feu. Pas facile de trouver sa place dans un pays scindé entre deux cultures.... Redfern now, c’est aussi une photographie sublime et un style propre, esthétisé, sur-composé, presque sophistiqué. L’Australie comme on l’a rarement vu. Juste et précis. A découvrir.
7 // MAD MEN SAISON 6
La couleur des sentiments par Camille Lugan
Après une saison 5 en demi-teinte, la série qui a la première fait briller AMC continue de dérouler sa chronique inexorable de l’Amérique des années 1960. Comme Les Sopranos avant elle, Mad Men est l’une des rares séries où la conscience du temps qui passe – et qui vieillit les hommes et les femmes – imprime profondément le rythme du récit et la logique des épisodes. Si la saison s’ouvre quasi-ironiquement sur des images idylliques d’Hawaï où Don Draper et sa femme Megan se prélassent le temps d’un « voyage d’affaires » bien agréable, les assassinats de figures publiques, les troubles politiques et les catastrophes domestiques n’ont jamais résonné de manière si anxiogène dans l’univers de Madison Avenue. Matthew Weiner, le créateur, est parvenu à retisser le lien discret entre l’intime et l’historique, qui fait la force de la série depuis ses débuts, mais s’était peu à peu étiolé au fil des années. Don Draper a toujours été hanté par une forme de nostalgie qui creuse inexorablement son présent, et l’empêche de vivre autrement que dans une jouissance de l’instant ; pour la première fois, c’est la question de l’avenir et de la transmission qui semble l’habiter – et autour de lui, l’univers de l’agence semble contaminé par cette soudaine acuité. Si la saison est inégale, elle compte aussi quelques-unes des scènes les plus émouvantes et les plus sombres de toute la série, comme si, de la fresque ample, Weiner avait choisi de déplacer l’objet de sa maestria dans la peinture minutieuse du sentiment.
6 // THE WALKING DEAD SAISON 3
Les chroniques de la mort par Frédéric Mignard
Les rôdeurs rappliquent pour un troisième volet, souvent exceptionnel, qui tend toutefois à ralentir le rythme dans sa seconde moitié. Carnage sanglant et immersion dans les tréfonds de l’âme humaine garantis ! Alors que la saison 2 se terminait en apothéose avec une noirceur rarement égalée à l’écran ne laissant aucun spectateur indemne, cette troisième saison de la désormais mythique série d’AMC offre son lot de gore XXX assorti d’une sauvagerie de tous les instants. Un retour à une forme de vie primitive où les personnages, archétypes de la normalité, vont voir leurs rapports se modifier au fur et à mesure qu’ils tentent de survivre. Le Gouverneur, personnage adulé par les lecteurs de la BD, être trouble aux secrets douloureux, entre le gourou et le leader, vient raviver une thématique qui était déjà latente à la fin de la saison 2... Peut-on survivre en étant individualiste ou faut-il trouver sa place au sein d’un groupe ? Auquel cas comment intégrer la communauté quand la confiance dans l’autre a été rongée par des expériences de meurtres et de trahisons ? Le gentil flic Rick, taraudé par ses propres démons intérieurs, déambule tel un cadavre et se voit obligé de faire des choix radicaux pour préserver sa communauté et trouve chez le gouverneur un alter ego diabolique. Scénario bâti de façon magistrale, rebondissements vertigineux et réalisation intense et nerveuse multipliant les plans marquant rendent la saison macabrement addictive, comme si nous étions touchés par la beauté du mal. Malgré une petite baisse de régime dans sa seconde moitié, cette saison 3 creuse encore davantage l’évolution de la psychologie de ses personnages et s’impose comme une allégorie politique d’anticipation de haute tenue mue par une irrésistible volonté de triturer les mots « civilisation » et « civilisé ». Comme des zombies affamés, on en ressort une fois de plus totalement accro !
– Le top des séries 2013 de 5 à 1
– Les nouvelles séries de 2013 qui nous ont marquées
– Séries TV : les déceptions de 2013
La rétrospective de l’année cinéma
Janvier & février 2013
Mars & avril 2013
Mai & Juin 2013
Juillet & août 2013
Septembre & octobre 2013
Novembre & décembre 2013
Galerie Photos
aVoir-aLire.com, dont le contenu est produit bénévolement par une association culturelle à but non lucratif, respecte les droits d’auteur et s’est toujours engagé à être rigoureux sur ce point, dans le respect du travail des artistes que nous cherchons à valoriser. Les photos sont utilisées à des fins illustratives et non dans un but d’exploitation commerciale. Après plusieurs décennies d’existence, des dizaines de milliers d’articles, et une évolution de notre équipe de rédacteurs, mais aussi des droits sur certains clichés repris sur notre plateforme, nous comptons sur la bienveillance et vigilance de chaque lecteur - anonyme, distributeur, attaché de presse, artiste, photographe. Ayez la gentillesse de contacter Frédéric Michel, rédacteur en chef, si certaines photographies ne sont pas ou ne sont plus utilisables, si les crédits doivent être modifiés ou ajoutés. Nous nous engageons à retirer toutes photos litigieuses. Merci pour votre compréhension.