Une famille indienne
Le 1er mai 2015
Un film coup de poing sur la société indienne d’aujourd’hui et la lutte des castes.
- Réalisateur : Kanu Behl
- Acteurs : Shashank Arora, Shivani Raghuvanshi, Ranvir Shorey
- Genre : Drame, Policier / Polar / Film noir / Thriller / Film de gangsters
- Nationalité : Indien
- Durée : 2h07mn
- Titre original : Titli
- Date de sortie : 6 mai 2015
- Plus d'informations : La page Facebook du film
- Festival : Festival de Cannes 2014
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Le cinéma indien présente un nouveau film qui témoigne de l’émergence d’une Nouvelle vague, loin des images fantaisistes de la production Bollywood. La place de la femme est ici remise en cause dans un long-métrage qui n’hésite pas à dénoncer la société indienne patriarcale.
Argument : Dans la banlieue de Delhi, Titli, benjamin d’une fratrie de braqueurs de voitures, poursuit d’autres rêves que de participer aux magouilles familiales. Ses plans sont contrecarrés par ses frères, qui le marient contre son gré. Mais Titli va trouver en Neelu, sa jeune épouse, une alliée inattendue pour se libérer du poids familial…
Notre avis : Il se passe quelque chose en Inde. A l’image de la société, le cinéma indien est en pleine mutation, et une nouvelle vague émerge avec des réalisateurs comme Dibakar Banerjee et Anurag Kashyap et son excellent Gangs of Wassepur. La sélection de ce premier film de Kanu Behl en tant que réalisateur et scénariste au Festival de Cannes 2014, dans la section Un certain regard, est la preuve que le septième art en Inde traverse une période très excitante et est en train de se réinventer.
{{© Rapid Eye Movies}}Récit d’une métamorphose, le film montre comment un jeune garçon innocent et opprimé au sein d’une famille et d’une société patriarcales se transforme à son tour en oppresseur. Le long-métrage suit le parcours du jeune Titli qui tente par tous les moyens d’échapper au cercle vicieux familial formé par son père et ses deux frères aînés, dont l’un essaye de l’entraîner dans ses trafics. Au-delà d’une simple histoire familiale, le film dresse le portrait de la société indienne d’aujourd’hui, société où les castes les plus pauvres expriment enfin leur frustration face à une classe émergente qui évolue et s’enrichit dans les grandes villes comme Delhi. Ces deux mondes qui cohabitent difficilement se rencontrent de manière brutale dans Titli.
Il s’agit ici de montrer les désillusions de la jeunesse indienne en abordant différents thèmes, notamment le mariage forcé, la pauvreté, la violence et les fantômes qui hantent encore certaines familles, dans lesquelles le poids des ancêtres joue un rôle capital.
{{© UFO Distribution}}Le réalisateur a pris le parti de rompre avec la fantaisie de Bollywood pour livrer un portrait brut et sans concession de l’Inde moderne. Alors que les films bollywoodiens sont majoritairement tournés en studio, Titli multiplie les plans en extérieur et ne cherche pas à enjoliver quoique ce soit. Le public occidental vivra ainsi 2h07 de dépaysement absolu, entre la ville de Delhi, ses routes, ses quartiers huppés et ses bidonvilles. Mais ce réalisme total est-il vraiment une bonne idée finalement ?
{{© MFA+ FilmDistribution e.K.}}La violence qui habite chaque relation dans le film est tellement excessive et palpable que l’on ne peut que se demander si notre regard occidental ne juge pas cette société indienne qui se découvre. Se détacher d’un jugement préalable semble bien difficile ici. Alors que les Bollywood et leurs images d’Épinal sont très critiqués, les films indiens qui poussent le réalisme à son paroxysme pourraient bien desservir la cause des cinéastes de la nouvelle vague, qui ne veulent plus aucun enjolivement et livrent la réalité brute. Certes, il ne s’agit pas de montrer une belle image de l’Inde. Alors que le public français a tendance à critiquer, voire à rire, de la falsification volontaire véhiculée par les Bollywood, il risque paradoxalement d’avoir des difficultés à croire à l’histoire de Titli. A force de vouloir jouer sur le réalisme, le réalisateur ne serait-il pas tombé dans le surréalisme ?
{{© UFO Distribution}}Fort heureusement, la galerie de personnages rattrape les quelques maladresses, en s’appuyant sur des acteurs débutants. La jeune Shivani Raghuvanshi surprend dans le rôle d’une femme forte qui prend peu à peu le dessus sur un mari que ses parents lui ont imposé. Film anti-patriarcal, Titli témoigne ainsi de la prise de pouvoir des femmes en Inde. Toutes les femmes dépeintes sont fortes et compensent l’attitude violente et excessive des hommes.
{{© MFA+ FilmDistribution e.K.}}Récit d’une métamorphose, le film évoque les transformations d’une société en pleine mutation, dont le septième art devrait rapidement se faire l’écho en osant aborder des sujets tabous et en évoquant sans détour ce que les cinéastes considèrent comme des gageures dans un pays qu’ils aiment et défendent. Titli ne devrait être que le début d’une longue série de films indiens dont l’intérêt, les motivations et la qualité vont aller crescendo. On en redemande !
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