Sean Penn sur le devant de la scène
Le 1er octobre 2012
Un road movie contemplatif où la poésie se mêle à l’excentricité. Une bouffée d’air frais !


- Réalisateur : Paolo Sorrentino
- Acteurs : Sean Penn, Frances McDormand, Harry Dean Stanton, Judd Hirsch, Eve Hewson, Kerry Condon, Olwen Fouéré
- Genre : Drame, Romance, Road movie
- Nationalité : Français, Irlandais, Italien
- Distributeur : ARP Sélection
- Durée : 1h58mn
- Date de sortie : 24 août 2011
- Plus d'informations : Le site du distributeur
- Festival : Festival de Cannes 2011

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Résumé : Cheyenne est une ancienne star du rock. À cinquante ans, il a conservé un look gothique, et vit de ses rentes à Dublin. La mort de son père, avec lequel il avait coupé les ponts, le ramène à New York. Il découvre que son père avait une obsession : venger une humiliation dont il avait été victime. Cheyenne décide de poursuivre cette quête et entame, à son rythme, un voyage à travers l’Amérique.
Critique : Récompensé à Cannes en 2008 pour l’acerbe Il Divo, Paolo Sorrentino surprend à nouveau en présentant cette fois-ci un road movie poétique à l’humour doux-amer. Première tentative outre-atlantique du réalisateur transalpin, This Must Be the Place imprègne les spectateurs d’une atmosphère mélancolique et pourtant euphorisante.
Tragicomédie d’une émouvante sincérité, le film puise sa justesse dans l’excellente performance de ses interprètes. À l’écran, Sean Penn compose avec brio le rôle de Cheyenne, rock star vieillissante qui se noie dans son mal-être et l’ennui d’un quotidien sans éclat. Malgré le soutien inconditionnel de son épouse (incarnée par Frances McDormand), Cheyenne s’enlise dans une dépression monotone dont
seul le voyage à la recherche du bourreau de son père pourra le tirer.
À travers le regard de ce personnage déphasé, victime du syndrome de Peter Pan, Sorrentino décrit dans This Must Be the Place toute l’absurdité du monde et de l’Amérique profonde. Cette société irréelle où le commerce de la musique peut se révéler fatal, où la plus grosse pistache du monde est un objet d’art et où l’on vous vend des armes d’un air jovial.
D’un esthétisme saisissant, le long métrage tire son réel point fort de la mise en scène de Sorrentino. Toujours précis, osés parfois, les cadres choisis par le cinéaste ajoutent encore à la superbe photographie du film qui oscille entre poésie, humour et fragilité. Les dialogues décalés et la chanson This Must Be the Place des Talking Heads font de ce film une douce balade contemplative.
Néanmoins la gaucherie du scénario et ses multiples maladresses aboutissent à un résultat qui ne convainc pas entièrement. Le dernier quart d’heure souligne la vacuité de l’intrigue et la fin étrangement conformiste entache le récit de cette odyssée.
L’humanisme de Sorrentino et l’étrange magie de ce long-métrage l’emportent malgré tout. Pas de surprises donc à ce que This Must Be the Place ait décroché le prix du jury Œcuménique lors de la session 2011 du festival cannois. Un bon moment.