Theeb - la naissance d’un chef - la critique du film

Notre avis : premier long-métrage du jeune réalisateur jordanien, né au Royaume-Uni, Naji Abu Nowar dresse le portrait d’un enfant brutalement confronté à des réalités d’adultes, scellant ainsi la fin de son enfance.
Présenté dans la sélection Orrizonti (horizons) au Festival de Venise 2014, il a sans aucun doute séduit les spectateurs par la magnificence des paysages de la vallée de Wadi Rum en Jordanie, celle-là même où ont été tournés Lawrence d’Arabie et quelques films hollywoodiens. Une mise en scène efficace achève de nous transporter dans une ambiance paradisiaque. Cerné de montagnes, plongé au cœur d’un canyon d’où ne s’échappe pas même un coin de ciel, le décor plonge le spectateur dans un enfermement propice à la dramaturgie du récit, avec en point d’orgue la conquête du puits, à la fois lieu de vie et de mort.

Copyright Laït Al-Majali

Le générique s’ouvre sur un poème magnifique, forme d’ode à la vie à destination du jeune Theeb, que le prénom signifiant loup en langage bédouin, prédestine à une vie de grandeur et de courage dont la première épreuve lui est envoyée dès son plus âge : se retrouver seul face à son pire ennemi dans un milieu hostile et devoir lui faire confiance pour survivre.

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En dépit d’une absence de dialogues vite pesante, on s’attache à suivre le mode de vie de ce jeune garçon, déjà sage et déterminé, sa relation avec les siens et sa curiosité vis à vis de cet étranger blond qui le fascine et l’effraie à la fois. Une scène de fusillade improbable marquera le sommet de l’intensité de l’intrigue. A l’image de nos personnages, nous voilà prisonniers d’un terrain aride, sans eau ni nourriture qui a pour conséquence de créer une solidarité non choisie mais obligatoire entre les bédouins et de nous offrir une belle plage d’ennui. Calqué sur l’avancée du pas du chameau, le film, tout juste animé par les échanges sporadiques entre les deux antagonistes, s’écoule à un rythme désespérément lent auquel bien des esprits occidentaux, peu habitués à une nonchalance si extrême, auront bien du mal à se conformer. La scène de fin, paresseuse et à la morale facile, nous laisse un goût d’inachevé.

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Malgré un beau dépaysement assuré et une réelle qualité d’interprétation d’acteurs non professionnels, à commencer par l’angélique Theeb, il semblerait bien que le réalisateur se soit perdu dans l’immensité d’un désert que l’on avait imaginé porteur de rêves.