Ces petites voix dans ma tête
Le 10 mars 2015
Un petit bonbon acidulé au cœur fondant d’humour noir.
- Réalisateur : Marjane Satrapi
- Acteurs : Ryan Reynolds, Gemma Arterton, Anna Kendrick, Jacki Weaver, Ella Smith, Valerie Koch
- Genre : Comédie dramatique, Thriller, Comédie horrifique, Comédie policière
- Nationalité : Américain, Allemand
- Distributeur : Le Pacte
- Durée : 1h43mn
- Date télé : 15 septembre 2020 20:53
- Chaîne : Canal+ Cinéma
- Date de sortie : 11 mars 2015
- Festival : Gérardmer 2015
Résumé : Jerry vit à Milton, petite ville américaine bien tranquille où il travaille dans une usine de baignoires. Célibataire, il n’est pas solitaire pour autant dans la mesure où il s’entend très bien avec son chat, M. Moustache, et son chien, Bosco. Jerry voit régulièrement sa psy, aussi charmante que compréhensive, à qui il révèle un jour qu’il apprécie de plus en plus Fiona - la délicieuse Anglaise qui travaille à la comptabilité de l’usine. Bref, tout se passe bien dans sa vie plutôt ordinaire - du moins tant qu’il n’oublie pas de prendre ses médicaments...
Critique : Lauréat de deux prix lors de la 22e édition du Festival de Gérardmer (prix du public et prix du jury ex-æquo avec Ex-Machina de Alex Garland), The Voices émerge comme une œuvre à part dans la filmographie de Marjane Satrapi. Après l’édifiant Persepolis, long métrage d’animation noir et blanc qui avait su colporter un message pertinent sur la révolution iranienne (Prix du jury à Cannes en 2007), la romance avec Poulet aux prunes (autre adaptation d’un de ses propres romans graphiques) et enfin La Bande de Jotas, la réalisatrice et auteure décide de s’ouvrir à une nouvelle piste artistique. Ainsi, celle qui n’avait encore jamais mis les doigts dans l’engrenage du cinéma de genre s’essaie à traiter de la pathologie mentale d’un meurtrier de façon très originale, le tout enrobé d’une bonne couche d’humour noir.
Autour d’un script confié à Michael R. Perry (Paranormal Activity 2), on retrouve le très à l’aise Ryan Reynolds dans un rôle inattendu pour interpréter Jerry, trentenaire solitaire benêt, dont les troubles mentaux le promènent dans un univers illusoire insouciant (axé sur les grands sourires et les couleurs chatoyantes), source de fantasmes dans lesquels ses animaux domestiques lui donnent la réplique. Les interventions loufoques de Bosco le chien et du plus sournois Mr Moustache peuvent facilement s’assimiler à la bonne et mauvaise conscience de Jerry. Cet héritage du cartoon fonctionne merveilleusement à l’écran, provoquant à intervalle régulier des séquences absurdes assez fameuses dont les dialogues parsemés de vulgarités bien senties seront propices aux sourires.
Si le film débute comme une comédie romantique standard, où le beau et maladroit Ryan Reynolds tente de se rapprocher de la belle et intouchable Gemma Arterton (indiscutablement l’atout charme du film avec la lumineuse Anna Kendrick), les rendez-vous chez sa psy resituent pourtant bien la vraie nature du personnage. Car Jerry est atteint de schizophrénie aiguë et devient une menace pour tout ceux qui prendront le risque de l’approcher d’un peu trop près s’il ne prend pas régulièrement ses petites pilules. Refusant le traitement pour ne pas devoir succomber à la triste réalité, le gaillard nous fait découvrir son côté obscur, car très vite rattrapé par ses pulsions meurtrières.
Les scènes cocasses s’enchaînent jusqu’à faire de nous les témoins d’un taillage de bavette entre Jerry et la tête tranchée de sa victime. De retour à son domicile, les morts absurdes se multiplient. Le film préfère d’ailleurs se cantonner à un visuel sanglant pas loin de se montrer propret plutôt qu’à un gore trash malaisé qui aurait certainement permis de renforcer encore davantage l’impact du second degré en l’amenant vers des cimes un peu plus délirantes. Mais ce qui constitue à n’en pas douter le point le plus intéressant du long métrage reste sa formidable disposition à présenter le décalage entre deux mondes, l’un totalement fantasmé et l’autre bien réel qui va réagir avec horreur aux errances lunaires d’un Reynolds à contre-emploi. Par ailleurs, il est bien dommage qu’avec ce traitement si original de la figure du tueur en série, le dernier acte soit contraint de retomber dans une formule consensuelle et s’achève en épilogue d’une série policière lambda. Il n’empêche qu’au final, même si la copie rendue par Marjane Satrapi montre parfois ses limites, sa première incursion dans le genre s’avère généralement concluante. Nul doute que beaucoup prendront plaisir à savourer The Voices comme un petit bonbon acidulé au cœur fondant d’humour noir.
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Marla 13 mars 2015
The Voices - Marjane Satrapi - critique
Je trouve The Voices très réussi. J’ai eu la chance de voir Marjane Satrapi en Master Class, et voici ce qu’elle dit du film : http://marlasmovies.blogspot.fr/2015/03/master-class-de-marjane-satrapi-au-mk2.html