Les cités d’or
Le 20 juin 2021
Peur sur la ville : Ben Affleck filme le crime avec tact et conviction. Si The Town n’est pas un renouveau du genre, il réussit son pari de film policier rythmé, mené par un acteur-réalisateur narcissique, mais efficace.
- Réalisateur : Ben Affleck
- Acteurs : Ben Affleck , Jeremy Renner, Chris Cooper, Rebecca Hall, Pete Postlethwaite, Blake Lively, Jon Hamm
- Genre : Drame, Policier / Polar / Film noir / Thriller / Film de gangsters, Thriller
- Nationalité : Américain
- Distributeur : Warner Bros. France
- Durée : 2h03mn
- Date télé : 16 mai 2024 20:55
- Chaîne : RTL9
- Date de sortie : 15 septembre 2010
Résumé : Doug MacRay est un criminel impénitent, le leader de facto d’une impitoyable bande de braqueurs de banque qui s’ennorgueillit de voler à leur gré sans se faire prendre. Sans attaches particulières, Doug ne craint jamais la perte d’un être cher. Mais tout va changer le jour où, lors du dernier casse de la bande, ils prennent en otage la directrice de la banque, Claire Keesey. Bien qu’ils l’aient relâchée indemne, Claire est nerveuse car elle sait que les voleurs connaissent son nom...et savent où elle habite. Mais elle baisse la garde le jour où elle rencontre un homme discret et plutôt charmant du nom de Doug....ne réalisant pas qu’il est celui qui, quelques jours plus tôt, l’avait terrorisée. L’attraction instantanée entre eux va se transformer graduellement en une romance passionnée qui menacera de les entraîner tous deux sur un chemin dangereux et potentiellement mortel.
Critique : Honneur, vengeance, poursuites et redditions ; le quartier de Charlestown, au cœur géographique et affectif de Boston, vit encore sous la loi du western. Mettez une plaque du FBI à la place de l’étoile du shérif, remplacez les chevaux par de gros véhicules tout terrain, et vous planterez le décor d’un énième Il était une fois en..., où se trame l’éternelle bataille des gentils et des méchants. Mais au-delà de ce panneau général, la démarche cinématographique de Ben Affleck s’autorise un angle particulier, qui donne à The Town son identité. Ce n’est pas seulement par le thème que l’on est plus proche du style ample de Michael Mann que du cinéma policier classique ; Affleck filme la ville - à vrai dire plutôt la « cité », au sens péjoratif que le mot a pris en français - non comme un organisme ou une masse grouillante, mais comme un espace se reproduisant à l’infini, sans horizon délimité. Le seul plan filmé hors de la ville (censé marquer une sorte d’apothéose), dramatiquement et visuellement absurde, confirme en miroir que c’est au sein même des murs urbains que se joue la vraie vie. De là découle la perpétuation naturelle du cycle de la violence et du crime, avec ce paradoxe que ce franchissement permanent des limites légales ne semble pas avoir de cause sociale ou morale. La proposition est forte et audacieuse, à tel point qu’elle paraît échapper quelque peu à l’intention du cinéaste, obligé de se rattraper dans un carton du générique final soulignant l’extrême bonté et la rigueur morale de la plupart des gens habitant à Charlestown...
- © Warner Bros. France
Nul doute que Ben Affleck ait également réalisé ce film par pur plaisir : on s’y bagarre et on s’y course avec une efficacité classique, mais démontrée et soignée, tout particulièrement au niveau du son. Quelques mouvements de caméra vertigineux et un rythme de montage soutenu donnent à l’ensemble des airs de virtuosité qui prouvent une fois de plus que le G.I. parfois le plus énervant du cinéma américain, l’aîné Affleck, devrait passer davantage de temps derrière plutôt que devant la caméra. La grande déception de The Town, en revanche, tient à son scénario, truffé de nœuds dramatiques éculés et de pistes déceptives. Si la confrontation FBI-braqueurs de banque pouvait laisser présager (au moins dans l’âme) un nouveau Heat, la minceur psychologique des personnages fait pâle figure dans cette inévitable comparaison avec le film de Michael Mann. Peut-être obnubilé par sa double casquette d’acteur et de metteur en scène, Ben Affleck éclipse, et c’est bien dommage, le reste de son casting et de ses protagonistes. Le plus « impardonnable » reste sans doute le sous-emploi de Jon Hamm, dont les talents ne sont pourtant plus à prouver depuis la série Mad Men, et qui est ici contraint de s’ennuyer dans son costume d’agent zélé et hargneux, doté d’une caractérisation psychologique quasi-nulle. Après ce galop d’essai dans l’ensemble plutôt fructueux, on a donc envie de revoir Ben à la tâche ; et pourquoi pas, de passer cette fois-ci le cap d’une réelle maturité.
- © Warner Bros. France
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Norman06 28 septembre 2010
The Town - Ben Affleck - critique
Bon polar, au scénario limpide et d’un rythme soutenu, qui rappelle l’âge d’or des studios de la Warner. Ben Affleck confirme qu’il est un réalisateur de talent et Rebecca Hall offre une prestation de classe en otage victime d’un syndrome de Stockholm à retardement...