The spectacular now - la critique

Grossière Romcom adulescente, The spectacular now patauge dans les eaux troubles de la vanité et la complaisance.

L’argument : Sutter est un adolescent brillant, drôle, charmant... et très porté sur la boisson. Son quotidien est chamboulé par sa rencontre avec la timide Aimee, une jeune femme totalement différente de lui.

Notre avis : Parangon du long-métrage indépendant à l’américaine, The spectacular now empile valeureusement les poncifs les plus sots et ingénus du teen-movie. Sur une pyramide branlante de bons sentiments et autres âneries affabulatoires, le film de James Ponsoldt construit de toutes pièces une réalité distordue à laquelle il semble croire dur comme fer. En flattant les désirs de grandeur et d’héroïsme ordinaire de notre espèce, le cinéaste conjugue un sentimentalisme commun à des situations vécues par l’ensemble de la middle-class dans une oeuvre d’autant plus fade qu’elle se revendique concrète. Vox populi, vox dei ; le film a fait sensation au dernier festival Sundance.

Il est de bon ton aujourd’hui de feindre la révolte. Ainsi, les scénaristes du mièvre 500 jours ensemble et le producteur Shawn Lévy (à qui l’on doit La panthère rose, La nuit au musée et plus récemment Les stagiaires), au fait des stratégies commerciales, ont engendré cette tartuferie populiste qu’est The spectacular now. Sous couvert de mettre en scène les controverses existentielles et examens de consciences d’adolescents du vingt-et-unième siècle avec plus pragmatisme qu’un énième American Pie ou Projet X, le long-métrage nous rapporte le quotidien de Sutter, étudiant de 17 ans. Abandonné par son père, alcoolique par la force des choses, le jeune homme possède malgré tout les traits de caractère d’un imbécile heureux, apprécié de la gente féminine et jalousé par ses semblables.
Pourtant lassé d’être responsable du fanion de l’enthousiasme estudiantin, Sutter en vient à remettre en cause le bien-fondé de sa maxime de prédilection : carpe diem. Cette réflexion permettra à The spectacular now d’ajouter une dimension moraliste à son faible propos, en soulignant que le fait de vivre les choses à l’instant présent ne doit pas constituer un obstacle au futur que l’on se construit. Point d’orgue à cette lapalissade, la rencontre du jeune homme avec Aimee jeune fille ravissante et discrète, ignorée par ses semblables en raison de ses penchants « geek » (caractérisés par son seul intérêt pour les mangas !). Fasciné par sa pureté virginale, Sutter va s’enticher d’elle et braver ses pulsions lâches et mortifères.

En employant ces procédés démagogiques et bas-de-gamme, James Ponsoldt essaie de se délivrer de ses chimères à travers cette fantaisie mal dégrossie. Smashed, son précédent long-métrage abordant les mêmes thèmes, avait au moins la modestie de la franchise. Quant à The spectacular now, il n’a de spectaculaire que le titre.